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18/12/2011

"cette sensualité mélangée de douceur..."

Je ne l'ai appris que ce matin en cliquant sur un lien du Blogit. 

Miss Perfumado, la Reine Mornas est partie, dans son petit pays , "poor country full of love". 

Malade, mais indisciplinée, elle n'aurait pas voulu renoncer à la cigarette, aux graisses, au chocolat.

"Je n'ai pas de force, pas d'énergie". Humaine, authentique dans cet aveu, comme dans ses apparitions sur scène ou dans ses interviews. 

Elle imaginait que " e doce morrer no mar" et son désir a été exaucé...

Je l'écoutais en boucle il y a 5-6 ans. Je sais que tout le monde va en parler, moi-même je vais l'écouter encore pendant 2-3 jours. Ensuite je mettrai sûrement d'autres musiques pour accompagner mes activités. 

Mais elle restera  pour moi la légatrice de certaines prières païennes, de certaines  injonctions qui débanalisent tout :

" bésame, bésame mucho/ Como si fuera esta noche/ La ultima vez" 

" dixa'm more ta sonha/ Na sombra di oju maguadu" 

" Nha cretcheu levanta pàm bem/Levantà pa'm bem beja-bo/Pàm caricia-bo en bâ face"

 Celle grâce à laquelle des milliers de gens ont appris à lire et à écrire. Exploit qu'aucun ministre de l'éducation ne saurait réussir. Parce qu'elle était foncièrement solidaire avec les gens démunis. 

Avec elle, avec ses musiques, on se sentait comme dans une arche de Noë où l'on aurait embarqué tous les sentiments...Et si l'on fermait les yeux, le temps d'un concert, le temps d'une chanson, on pouvait même franchir, nu-pieds, la porte du paradis sur terre. 

"Et ainsi
Avec ma paix retrouvée
Je pourrais suivre la route de mon étoile
Qui s'est mise à briller"

 

 

 

 

 

06/11/2011

je porte des sacs de marque et des couleurs d'automne

D'accord, vous allez une fois de plus vous demander "quel rapport", c'est pourtant facile, ayant récemment visionné "Sans rancune" (à voir par ceux qui aiment jouir de la plume),je m'entraîne au zeugma, je m'y passionne même, alors j'ai tout mélangé dans ce titre, du vécu des derniers jours, l'automne, plus la recherche d'un internaute taraudé par la question "sacs portés dans Eat, pray, love ? ", cela m'a fait sourire, car je pensais justement hier, en salle des profs, aux sacs des mes collègues, il y avait des siglés  D&C, des MJ, des NW et des LV, si si. En snob pur jus, j'ai maté de près, histoire de discerner si c'était des vrais, eh bien, oui, toutes ces jolies femmes que la crise et le FMI n'ont pas agenouillées trimballent ,mine de rien, des sacs ultra chic même si la plupart ne gagnent pas plus de 300 euros. DSK et compagnie n'ont pas réussi à avoir leur peau, elles continuent de jouer de l'accessoire fun et féminin. Qu'il soit offert, acheté d'occasion, peu importe, je sens que c'est efficace pour le plaisir et le charme qui va avec ! Fébrile, j'ai fouillé dans mon placard, ouf, j'en ai aussi quelques-uns, je vais les assortir à cette saison qui de l'automne n'en a que le nom et, à la différence de l'ex-directeur (je n'ai pas encore fini avec icelui ), je vais enjouer mon moral et il ne va guère sonner faux comme ses propos.  

Ceci dit, je m'en vais faire mes devoirs et me préparer pour la nouvelle session de formation. Online, cette fois. La semaine prochaine, je serai clouée devant le PC ( 8 heures par jour) alors, de grâce, stay connected, si jamais je ne sais répondre aux questions du formateur, je vais faire usage de  l'option "appeler un ami" !

quelques photos pour toi, Tifenn, tu m'as offert le chemin de Cadoudal et un crépuscule irisé, je t'offre ma forêt qui s'effeuille sous nos pas et dans nos cheveux (attention, il y a un intrus, mais juste parce que c'est tout aussi apaisant et doux ! )

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16/10/2011

mes sources

Récemment, Tifenn parlait de ses sources, de ce qui la nourrit et la comble.

http://laviequonaime.blogspot.com/2011/10/les-sources.html

Elle s'interrogeait sur les nôtres, j'ai voulu répondre, mais j'allais dire comme tout le monde. Et c'est vrai. Elle, lui, les miens, les livres, la musique, la Breizh. L'amour, l'amitié, car je ne connais qu'une seule alchimie qui donne de l'éclat à une vie : les sentiments. Même si parfois ils sont nos couronnes d'épines...

Et aujourd'hui, en corrigeant des copies, j'ai réalisé que eux aussi. Les élèves. Quelque dissipés, quelque chiants qu'ils soient parfois, ils me ressourcent, surtout lorsqu'ils dévoilent une sensibilité guère meurtrie par ce monde de plus en plus endurci et violent. Un monde qui a plutôt tendance à cataloguer comme  mièvres des sentiments purs qui s'expriment sans fioritures, un peu comme les manières ancestrales, immuables, dont le but est très clair. 

Ils devaient donc  écrire une lettre. Raconter. Imaginer une rencontre de jour J. Une de celles qui s'imposent comme une évidence et qui met fin aux quêtes, aux errances.

Parfois des pépites. Des lucioles brillaient entre mes mains. Ils effeuillaient des rêves...

 

"Chère amie,

ma première pensée est de t'écrire et de te raconter le jour J., mon extraordinaire rencontre avec ce jeune immigré polonais...

C'était en février 1942 et j'avais à cette époque-là vingt-quatre-ans et j'étais belle comme une fleur, mais à quoi bon tout ça...

Je me promenais avec Simon et, à quelques mètres de nous, un Monsieur, avec son béret et son écharpe nous regardait en silence...j'ai eu le sentiment de l'avoir déjà vu, de l'avoir attendu, de l'avoir aidé. C'était un homme de 1,78 mètres de haut et son allure générale de monsieur Tout le Monde dévoyé, me donnait une forte impression de protection, de douceur, de courage, de sincérité.

Ce fut comme un miracle...

Ce fut comme un bonheur...

Comme un rayon de soleil qui éclairait et qui transmettait de la force et de la félicité...je sentais que la gaieté me revenait, que la solitude allait disparaître d'un seul coup...

C'était bien vrai. A partir de ce moment-là, nous sommes devenus tous les deux  un tout capable de tout.

 Peu importe à quel dieu l'on croit : c'est la foi, ce n'est pas le Dieu qui fait les miracles.

Et de ma part, reçois tout ce qu'il y a de tendre, d'affectueux et sache que je suis et serai toujours ton amie dévouée. "

"Mais qui a eu cette idée folle d'inventer un jour l'école ? " 

Merci  Charlemagne !

P.S. - Vous voyez, Mister Ruquier, 85% des Roumains n'apprennent pas le français pour faire la manche. Mais pour nous émerveiller avec leurs petits mots générateurs d'ondes qui percutent notre esprit, qui sauront s'insinuer dans notre mémoire poétique. Alors que les vôtres, éthérés, inconsistants, ne font frissonner que de dégoût, ne sont que de petits cailloux glissés dans les sandales, gênants, sûrement, mais qui n'empêchent pas d'avancer pour autant.

J'ose ? Oui, j'ose relayer la question de Tifenn :

" et les vôtres ? "

 

tifenn,richard morgière,"un petit homme de dos",lectures

 

 

09/10/2011

le scorpion des livres

A la télé une émission sur l'holocauste (terme assez controversé, d'ailleurs). Invités, des juifs et des tziganes.

9 novembre. Nuit de cristal.  Mort du Géneral De Gaulle. Chute du mur de Berlin.

Radios libres. Fusion nucléaire.

Aujourd'hui, aucune fusée ne fut lancée.

Heureusement, pas d'attaques islamistes, la terre n'a pas tremblé.

Mais j'ai pensé au bouquin d'un écrivain (et homme politique) roumain d'origine arménienne.

Il y raconte le sort terrible de ses ancêtres en s'auto-intitulant "le scorpion des livres", celui qui est censé réparer les erreurs du passé. Un "Livre des Murmures" puisque ses ancêtres étaient obligés par l'histoire de parler, la plupart du temps, à voix basse...

J'ignore si sa réussite s'éleva à la hauteur de son ambition, mais, en tant que lecteur, on ne s'en sort pas indemne et on referme le livre avec ce mélange de révolte, de chagrin, de pitié, de compassion, d'impuissance que l'on a pu ressentir après la lecture du "Rapport de Brodeck", de  "Dora Bruder", de "La nuit"...

"On m'a appris à différencier le bien du mal et poussé, évidemment, à choisir le bien sans que je comprenne très bien où était la ligne de démarcation. J'allais apprendre, par la suite, qu'il fallait choisir entre deux maux et que, le plus important, est le fait de pouvoir choisir. Ainsi fut souvent l'histoire des arméniens, entourés par tous ces ennemis qui ont convoité leurs terres : assyriens, babyloniens, perses, romains, arabes, tatares, kurdes, russes, de sorte que les arméniens ont eu le choix entre l'ennemi avec lequel s'allier et celui avec qui lutter. "

" Cependant, la guerre était finie. Dans les rues de Constantinople circulaient des patrules des armées étrangères. Sous la pression des alliés, les nouvelles autorités turques ont initié, en 1919, devant la Cour Martiale, le procès des accusés du massacre des arméniens. Pas avant que les accusés ne quittent le pays en cachette, peu avant le procès. Dans la nuit du 1er-2 novembre 1918, au bord du vaisseau "Lorelei" sous pavillon allemand, les leaders ittihadistes se sont dirigés vers Malte et ensuite vers différentes villes de l'Europe..."

 

"2 millions d'enfants, de femmes et d'hommes arméniens soumis, traités comme esclaves,  pourchassés, enfermés dans des camps de concentration, pendus, égorgés par les musulmans turques.

Enfants égorgés... fillettes et femmes violées, stérilisées.

Les églises incendiées et démolies. Tous les biens et patrimoines arméniens détruits...

Demain, à qui le tour ? "

(merci Chris)

08/10/2011

" Stay hungry, stay foolish ! "

En 2005, Steve Jobs raconte aux étudiants de la prestigieuse université américaine de Stanford les "trois histoires de sa vie".

http://www.challenges.fr/actualite/high-tech/20111006.CHA...

« C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois histoires.


« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »

 

La première concerne les incidences imprévues.

 J’ai abandonné mes études au Reed College au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ?
Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.
Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient.
Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed College dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.
Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.
On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.


« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »


Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec.

 J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans.
C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.
Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.
Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie.
Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.


« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »


Ma troisième histoire concerne la mort.

 A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la gla-ce le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement.
Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur.
Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.
J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien.
Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité.
Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.
Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.

 

Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait : « Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.


Soyez insatiables. Soyez fous.

Merci à tous.»

 

 

02/10/2011

licence poétique ?

Depuis quelques années déjà, des élèves, surtout des filles, finissent leurs lettres amicales par "je t'espère"... "j'espérerai ton coup de téléphone"... j'ai mis du temps pour comprendre que cela leur venait  des séries sud-américaines qu'elles regardent et où l'on parle espagnol.

Au début, je râlais, mais peu à peu j'ai commencé à affectionner cette formule et à devenir plus indulgente envers son utilisation récurrente.

" Je t'espère" au lieu de "je t'attends"... pourquoi pas ?

On ne vit plus en jachère, tiraillé entre le manque et l'absence, les yeux rivés sur un écran de portable ou d'ordinateur

On n'est plus "celui qui n'a plus personne et qui s'endort près de son téléphone"

On n'est plus le soldat qui compte les jours jusqu'à sa libération

On n'est plus le condamné dans l'attente du sursis

On n'est plus le nomade qui s'ennuie de son chemin

On n'est plus Pénélope obligée d'inventer des ruses pour décourager les prétendants

On n'est plus cette attachante Mme Butterfly animée par un amour profond que l'absence prolongée de Pinkerton n'a guère essouflé

On troque une terre en friche contre celle des espoirs fleuris

On devient l'enfant qui écrit au père Noël

La femme qui deviendra bientôt mère...

Selon Kundera, on pourrait nous ranger en quatre catégories selon le type de regard sous lequel on veut vivre. La quatrième, la plus rare, est celle des rêveurs. Ceux qui vivent sous les regards imaginaires des êtres absents.

Le rêve n'est pas un manque, mais un encouragement, un apaisement, une douceur. On s'y installe, on y habite  puisque souvent le rêve est la vie même lorsqu'elle se fait offrande, qu'elle nous sème, qu'elle nous cueille.

Les mots s'écrivent alors sur la peau

La joie se lit au coin des yeux

L'amour se dessine au gré des mouvements de nos corps

Je m'ennuie de toi ? Tu me manques ?

Non.

Je rêve de toi.

Je respire le parfum de ton existence que je sens de si loin.

Je t'espère...

 

 

 (vous l'aurez remarqué, mes comms ont de nouveau disparu, je suis lasse de persévérer avant que je ne trouve une solution...)

 

 

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17/09/2011

moments in time

L'autre jour, en sortant de mon immeuble, un collègue qui habite au rez-de-chaussée m'a proposé de m'y déposer. Il m'a ouvert la portière, a mis de la musique et m'a priée de l'attendre un peu.

Quelques minutes pendant lesquelles, à la faveur de la douceur de l'air matinal qui cette année n'a de l'automne que le nom, à la faveur de ces accords qui se déversaient droit dans mes cages à miel, j'ai adoré l'univers qui sait, malgré tout, ménager de temps en temps des moments chasse-chagrin. Je souriais bêtement en me rappelant les mots de "mon" F.Dard, " c'est quoi le bonheur terrestre sinon du soleil sur une érection ? " , mais aussi la terrible séquence de "Scent Of A Woman", ce tango qui porte les deux protagonistes dans un pas de deux sensuel, étrange, le même rythme, le même souffle, une tempe contre l'autre dans la plus pure approche charnelle...Qui n'a pas rêvé de rencontrer un jour le partenaire de danse idéal, celui avec lequel on puisse vivre cette utopie douce et tranquille de l'amour réciproque ? D'écrire son histoire avec les pieds, avec les mains, le corps entier, tout en rajoutant de la passion, un grain de folie lorsque le désir de vivre des sensations magiques s'intensifierait...?

Je n'ai rien dit à mon collègue, mais je l'ai remercié silencieusement d'écouter Itzhak Perlman, dans ce monde où, de plus en plus souvent, on n'entend que le bruit des armes et des algarades...

Plus tard, au bahut, je m'ingéniais à expliquer à des mômes de 11-12 ans la carte de France. Ils ont mélangé des voisins, les montagnes et les océans, mais, à ma grande surprise, la plupart ont su égréner des noms de villes : Paris, Bordeaux, Lille, Reims, Marseille, Nancy...

Eberluée, j'ai mis un peu de temps avant de comprendre qu'il s'agissait de noms d'équipes de foot.

-Puisque vous regardez des matchs ?

- Non, Madame, on joue en ligne à FIFA ! Au fait, Madame, pourquoi presque tous les joueurs de l'équipe de France sont noirs ? Il n'y a que Ribéry, Benzema et Samir Nasri qui sont blancs. 

 

itzhak perlman,histoires de mômes,amour(s)

 

Prise au dépourvu, totalement ignorante des noms des joueurs, j'ai essayé de leur parler colonies, mais  un petit  aux yeux de jais m'a de nouveau interrompue :

- Ils auraient dû nous coloniser nous, on est blancs et beaux !

Sacré môme ! A son âge je jouais encore à cache-cache et à la marelle.

Plongée dans mes bouquins, je ne me posais guère de questions sur le monde comme il devient.

Je ne pense pas qu'on puisse les accuser de racisme. Ils sont peut-être naïfs, mais leurs yeux sont ouverts déjà vers certaines réalités.

J'espère de tout mon coeur que, quoi qu'il arrive, ils sauront labourer cette terre ingrate et froide et y semer de l'espoir...They made my day !

 

 

13/09/2011

commentaires

Mes chers amis,

je vous réponds ici, car je viens de me rendre compte que mes réponses à vos commentaires sur les dernières notes ont disparu. En tout cas, moi je ne les vois pas. Avant que je n'invente des scénarios frisant la parano, j'attends que vous me disiez s'ils apparaissent quand même sur vos PC, histoire de m'éviter de radoter ; )

J'ai tout lu, vos explications ont apaisé mon courroux, mais, comme disait Pakita ( bienvenue ! ) , il y a un grand risque que tout le monde ne perçoive pas le second degré et que les gens s'installent ainsi, plus confortablement, dans les clichés et les préjugés.

Les recherches sur google des derniers jours ont devancé l'éternel "bachert" pour faire place à cela (je transcris avec l'orthographe d'origine ) :

" les roumains ont des poux"

" tu sais comment on dit poubelle en roumaine"

"Le sport national en Roumanie n'est pas le football mais la mendicité émission"

"comment on dit poubelle en roumain Bucharest"

"canal plus bucarest poubelle"

"guignols de l'info le sport national en roumanie"

"les guignols racisme foot"

 

etc...

 

Vous voyez donc que le sujet intéresse, intrigue.

Mais , comme je le disais dans ma réponse, on va en rester là. Tant qu'il y a des gens qui pensent comme vous, je ne crains rien pour ma fille, Française d'adoption. Quant à mes compatriotes, cela les aidera peut-être à se remettre un peu en question. D'ailleurs, vous savez que je suis la première à épingler des comportements et des attitudes surnoises.

Concernant le gazon, on va le refaire avec de l'argent public. Quelques écoles et hôpitaux de plus de fermés !

Dommage qu'à cause de tous ces combines U2 ait annulé leur concert. Je les attendais depuis si longtemps... pour chanter avec eux "love is a temple/love a higher law".

J'ai envie de me reposer un peu de cette actualité désenchantante ( je me demande si le mot existe ? ) et de revenir à l'eau de rose qui m'a consacrée ; )

A très bientôt.

 

 

11/09/2011

canal minus

Obligée de garder le lit  aujourd'hui, j'ai eu la mauvaise inspiration d'allumer la télé. Aux infos, des bribes de l'émission les Guignols...des dialogues censés être rigolos qui m'ont éveillée subitement, que dis-je, qui m'ont mis les nerfs en pelote.

J'assistais, impuissante, à la décadence morale des réalisateurs, à ces échanges, image fidèle de leur connerie et de leur mauvaise foi.

" -C'est pas sûr que le match va commencer.

- Pourquoi ?

- Tout simplement parce que quand l'arbitre va lancer la pièce dans l'air, c'est pas sûr qu'elle retombe par terre avec tous ces Roumains dans le coin. Avec mes excuses, mon petit Patrick, mais le sport national en Roumanie, c'est bien connu, c'est pas le football, c'est la mendicité.

- Tout à fait Thierry..."

" -Parlons plutôt de tactique. On doit jouer comment ce soir ?

-Tout ce que je sais, c'est qu'avec les Roumains il faut se méfier des contacts .

- Ah oui, ils jouent dur ?

- Non, ils ont des poux.

- Ah, mais vous êtes fou.

- Excusez-moi, mon petit Patrick, mais on aura beau dire, on aura beau faire, le Roumain n'est pas ami avec la douche. "

" Thierry, j'en ai une savoureuse. Tu sais comment dit-on "poubelle" en roumain ?

- ?

- Bucarest.

- Ah, ah, ah. "

Je me garde de faire d'autres commentaires par rapport à ce vomi sur mon pays et sur mes compatriotes. Mais je formule des pensées boris viannesques, san-antoniennes, béruriennes.

Patrick Poivre d'Arvor, le titre de ton bouquin "Petit homme" te sied à merveille !

J'aurais voulu vous parler d'amour, de la Bretagne, répondre à vos commentaires. Ce sera pour plus tard...

 

21:10 Publié dans humeurs | Lien permanent | Commentaires (21)

09/09/2011

cherche hymne désespérément

Il y a plus d'un an déjà que le gouvernement roumain et son meilleur allié, le FMI (tu sais, des gens qui se paient des chambres d'hôtel à 3000 euros, service y compris ! ) , ont diminué de 25% les salaires des budgetaires ( mais pas ceux des compagnies d'Etat, hein, on peut pas prendre le risque de fâcher la RATB, la SNCFR, la Poste ) tout en faisant passer la TVA de 19% à 24%. Tout cela sur fond de côte unique d'imposition, pauvres, riches, la clientèle politique doit préserver son pognon pour financer des magouilles..

"Désormais, la rigueur doit devenir un mode de vie" clamait le Président. Et les Roumains ankylosés, soumis, d'honorer leur maître de pensée, tels les chrétiens qui observent sans réchigner les commandements de Dieu.

Comme par miracle, malgré ces temps de disette, on a réussi à trouver de l'argent pour construire des patinoires !  et des stades avec des installations nocturnes dans des villlages dépeuplés, vu que la plupart des jeunes sont partis travailler à l'étranger.

Cette fièvre bâtisseuse à culminé avec la National Arena, stade inauguré avec pompe lors du match nul Roumanie-France. Nul sous tous rapports...

Coût du stade : 90 millions euros.

Coût du gazon maudit : 130 millions euros.

Je vous l'accorde, chers supporters, rien n'est trop cher pour vos idoles précieuses (entre nous, je trouve déjà  moyennageux d'avoir une idole, alors se prosterner devant un Dieu de stade...) qui touchent des salaires hallucinants...

Seulement voilà. Sous les yeux ébahis  des spectateurs, tel un vernis de mauvaise qualité étalé vite fait sur les ongles d'une ménagère qui veut se faire belle pour une soirée et qui se craquelle le lendemain, des morceaux de gazon se détachaient à chaque coup de pied. Seul avantage : cela a permis aux deux équipes de justifier leur échec.

Une fois de plus la perception de la Roumanie a été mise à mal et j'ai eu un pincement de coeur. Comme si notre image n'était pas suffisamment ternie à l'étranger par les rroms et les hackers !

Pour ceux qui connaissent le "fonctionnement" de la classe politique roumaine, impossible de ne pas penser à encore une histoire de magouilles et de détournement d'argent.

Impossible de ne pas penser aux temps de la dictature du "communisme à visage humain", où l'on accrochait des pommes aux branches lors du passage du Grand Chef. Où l'on plombait des trous à la va vite pour rapporter la fin des travaux à terme.

Pour donner encore plus de vraisemblance à ce retour en arrière, le grand artiste qui a interprété l'hymne national a modifié de son initiative les vers, afin d'éviter le prénom  de l'empereur "Traïan", le même que celui de notre président (mais porté sans gloire et sans panache). Il redoutait des huées dans le public...Il a donc répété trois fois la même strophe comme un disque tout égratigné.

Dans les années '80, la censure interdisait des pièces de Shakespeare, de Caragiale, car on y croyait deceler des références à Ceaușescu. Voilà que l'Artiste, ayant gardé les reflexes de son angoisse politique , s'autocensure.

Pour cette raison, plusieurs personnalités roumaines ont proposé de revenir à l'hymne d'avant 1989 : "Trois couleurs" . Le problème est que le jaune est désormais la couleur du PNL et le rouge celle du PSD !

A y réfléchir, pourquoi pas un hit de Inna, si prisée à l'étranger, hit dont beaucoup de Roumains (les footballeurs surtout) connaissent les paroles par coeur ?

 

 

09:30 Publié dans humeurs | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : football