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04/03/2012

moments of being

Un jour, j'avais 20 ans, j'ai perdu toutes mes photos lors d'un déménagement. Si j'ai pu récupérer par la suite des photos de l'enfance dans ma famille, celles de ma vie estudiantine se sont à jamais égarées. Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'il y a quelques semaines. J'ai souffert oui, à l'époque, car un grand pan de ma vie, de ma jeunesse insouciante et rêveuse avait soudainement pris la griseur d'un ciel d'éclipse en me plongeant dans une apnée temporelle d'un quart de siècle. 

Et puis, récemment, une copine d'avant, une copine du fond de l'âme, comme j'aime les nommer avec un terme emprunté à F.Dard, m'a fait signe. Sur ce FB tellement décrié par ceux qui pensent que ce n'est que la vitrine d'un vide et d'une solitude. Pour moi, c'est, en ce moment, la réunion de classe et le pot d'amitié. 

Car, grâce à ces échanges, j'ai récupéré non seulement des photos, mais aussi, et surtout, des bouts de moi qui étaient ensevelis dans le dédale de la mémoire. Je me suis rendu compte que, pendant tout ce temps où l'on s'était perdues de vue, j'étais néanmoins présente dans leurs conversations, dans leurs pensées. J'avais continué d'exister, oui, discrètement, bien que je fusse, moi-même, égoïstement, trop tire-bouchonnée autour de ma vie récente. 

Peu à peu, au gré de nos échanges, elles m'ont rendu, avec mon surnom d'autrefois, "Dani",  cette mémoire confisquée, ont fait exploser la carapace d'oubli tout en me délivrant à quelques surnois prédateurs de la joie de vivre qui rôdent parfois autour. 

Tels des éboulis emportés par une tempête subite, des souvenirs s'accumulaient, fusaient, en me mettant au diapason de leur humeur, en me ramenant vers cette époque où je n'étais guère radine de sourires, de confiance, où la colère et l'aigreur m'étaient quasiment inconnues.

"Tu te souviens ? Il faisait -22 degrés et tu es arrivée au foyer la tête nue ? " , "tu te souviens le pot de crème de marrons qu'on s'est partagé avec un seul cuiller ? " (il aurait fallu vivre au temps du communisme et de la disette  pour comprendre le soupir d'aise de L. lorsqu'il a lâché, les yeux clos "hmm, orgasme " ), " tu te souviens, de temps en temps tu m'offrais une manucure, et puis on allait flâner au Cismigiu, avant de rejoindre la chorale", " " je me souviens ta mousseuse chevelure blond cendré et tes yeux bleu glacier, tu ressemblais à B.Fossey, et puis le sourire et une certaine innocence, un je ne sais quoi dans le regard", " je me rappelle ta générosité légendaire, -celle du Verseau, grand humaniste !- qui m'époustoufflait du temps de nos études...", " tu te souviens, on a volé des roses, tu m'as prêté une robe..."

 Je ne me souvenais pas grand-chose, j'avoue. Ma copine M. possède, manifestement, une mémoire en granit-alors que la mienne est plutôt défaillante- et elle a plus d'une corde à son talent de conteuse. Mais je me souvenais, en revanche,  des yeux noisette à reflets mordorés , des yeux verts ou des yeux de jais, des chevelures flamboyantes, des démarches fières et allègres ou bien d'une présence éthérée, délicate, comme venue d'un autre siècle. 

Des parcelles de sensations, des éclats de mots, des frôlements, des échos cachés en nous comme une feuille séchée dans les pages d'un dictionnaire, feu de broutilles que le vent inextricable de l'amitié vient de ranimer. Je leur dois le goût de la flânerie, du rêve insensé, de l'enthousiasme, de la lecture, un petit faible pour le latin et une adoration sans faille pour l'univers féminin. Folie y comprise ! 

Mais je leur dois aussi de garder cette générosité dont elles m'affublent, et, de temps en temps, un coup de fou rire. Car des copines de cette trempe, ma foi, il faut être à la hauteur ! 



02/10/2011

licence poétique ?

Depuis quelques années déjà, des élèves, surtout des filles, finissent leurs lettres amicales par "je t'espère"... "j'espérerai ton coup de téléphone"... j'ai mis du temps pour comprendre que cela leur venait  des séries sud-américaines qu'elles regardent et où l'on parle espagnol.

Au début, je râlais, mais peu à peu j'ai commencé à affectionner cette formule et à devenir plus indulgente envers son utilisation récurrente.

" Je t'espère" au lieu de "je t'attends"... pourquoi pas ?

On ne vit plus en jachère, tiraillé entre le manque et l'absence, les yeux rivés sur un écran de portable ou d'ordinateur

On n'est plus "celui qui n'a plus personne et qui s'endort près de son téléphone"

On n'est plus le soldat qui compte les jours jusqu'à sa libération

On n'est plus le condamné dans l'attente du sursis

On n'est plus le nomade qui s'ennuie de son chemin

On n'est plus Pénélope obligée d'inventer des ruses pour décourager les prétendants

On n'est plus cette attachante Mme Butterfly animée par un amour profond que l'absence prolongée de Pinkerton n'a guère essouflé

On troque une terre en friche contre celle des espoirs fleuris

On devient l'enfant qui écrit au père Noël

La femme qui deviendra bientôt mère...

Selon Kundera, on pourrait nous ranger en quatre catégories selon le type de regard sous lequel on veut vivre. La quatrième, la plus rare, est celle des rêveurs. Ceux qui vivent sous les regards imaginaires des êtres absents.

Le rêve n'est pas un manque, mais un encouragement, un apaisement, une douceur. On s'y installe, on y habite  puisque souvent le rêve est la vie même lorsqu'elle se fait offrande, qu'elle nous sème, qu'elle nous cueille.

Les mots s'écrivent alors sur la peau

La joie se lit au coin des yeux

L'amour se dessine au gré des mouvements de nos corps

Je m'ennuie de toi ? Tu me manques ?

Non.

Je rêve de toi.

Je respire le parfum de ton existence que je sens de si loin.

Je t'espère...

 

 

 (vous l'aurez remarqué, mes comms ont de nouveau disparu, je suis lasse de persévérer avant que je ne trouve une solution...)

 

 

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15/09/2010

la reine de cadoudal

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" Les rencontres sont les seules aventures de notre vie. Bonnes ou mauvaises, elles nous modifient. Je dis qu'il y a rencontre lorsque la personne dont je croise la route produit sur moi une impression forte et durable. Certaines rencontres m'ont enrichi; d'autres m'ont appauvri,  mais peut-être à propos de ces dernières, n'était-ce qu'une autre forme d'enrichissement. " (Frédéric Dard)

" j'arrive. voiture grise *** " Tu t'égares un peu, mais finalement tu l'aperçois. Silhouette fine, démarche décidée, cheveux courts, yeux d'émeraude.

Elle t'accompagne vers sa maison, tu y pénètres timidement, et là, miracle. C'est la maison de tes rêves. Avec le mur framboise de la cuisine à l'américaine, quelques meubles, le téléscope au cas où l'envie la prendrait de parler aux étoiles, et la table. Imposante. Pour la convivialité, le partage. Et parce qu'elle aime bien te nourrir de la tête aux pieds.

Et puis... deuxième miracle ! T'es dedans, mais en même temps dehors. Un tour de main et la maison s'ouvre. Vers le jardin, vers la forêt, vers la mer que l'on pressent au bout de la route. Tu vois ?

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Elle t'explique, elle te parle à demi-tons, à quart de ton, elle chuchotte les mots. Comme si elle les caressait. Maintenant tu sais : la maison, la table, le pain qu'elle pétrit chaque soir pour le bonheur de ses hôtes et le nôtre, son PC, son iPhone, son laboratoire de l'âme, son plat de légumes vapeur : poivrons, tomates, patates. Des carottes aussi ? Je ne me rappelle plus.

Plus tard, elle t'amène en vadrouille sur le chemin de Cadoudal,  te montre la mer, les maisons des ostréiculteurs, la forêt. Tu fouilleras sur le net et apprendra que :

 "La Forest est un magnifique observatoire permettant de surveiller sans être vu. Cette région parfaitement sûre pour les chouans et leur chef est appelée l'ile du Bonheur. C'est là que Cadoudal se retrouve avec ses compagnons et les prêtres réfractaires. Au cours du remembrement de 1971, le site est menacé. Grâce à de multiples interventions, un ancien chemin bordé de talus et de pierres est débroussaillé. Il conduit le visiteur des ' caches de Cadoudal ' jusqu'aux falaises qui surplombent le bras de mer d'Étel."

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Mais rien ne vaut ses histoires ! Tu peux les lire ici : 
 
 
 
Tu poses des questions, tu crapahutes, tu grimpes et, amusée par tes enfantillages, elle te proclame "la reine de Cadoudal" .
Vous rentrez, c'est l'heure de la tisane. Elle te laisse choisir. Le sachet, le CD. T'es comme chez toi. C'est calme, c'est beau, c'est bon. Le gâteau au beurre et le thé rouge à la vanille. Tu sens ? Oui, tu sens.
 

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Un dernier signe de main, elle reste là, enveloppée par la nuit. Tu te retournes et regardes la route. Silencieuse. Mais quelque chose en toi palpite. Ca doit être ton âme.
 
P.S. - J'ai essayé de faire du Tifenn style. Le résultat devrait peut-être m'inciter à  la modestie, mais j'ai bien aimé.
 
 
 

06/09/2010

rencontres, y a d'la joie !

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On s'est donné rendez-vous sur le quai de cette ville jolie, coquette et tranquille, surtout en cette période de l'année.

Les jumeaux sont arrivés ensemble.  J'ai pris Louis par les mains ... et j'ai serré très fort Jeanne qui m'a murmuré "bonjour, ma Dana" avec une chaleur à embuer la rétine.

On s'est amusés de constater qu'on avait tous des mirettes bleues, ensuite j'ai pris le temps de regarder ces êtres que j'avais commencé à affectionner à travers leurs notes sur les blogs. Une complicité enchanteresse, prolongée par les mails et des lettres fignolées avec les doigts d'argent de Jeanne.

Plus tard, on a découvert la maison de Jeanne, on a fait la connaissance de son mari ( adorable ! ) et de leurs enfants auxquels j'ai dû aussi dispenser des mots qui, à mon insu, m'ont valu le titre de "reine des compliments"...

Je ne me souviens plus ce que j'ai raconté... ou alors j'ai du mal à exprimer toute cette émotion qui m'accablait...

Jeanne nous a fait goûter à tout ce qui m'avait mis l'eau à la bouche à la lecture de ses notes : verrines, fruits de mers, un plat à base de viande, délicieux et parfumé...

On était les hôtes choyés d'une famille d'une gaieté ivre et qui éveille la tendresse.

A mesure que, à la faveur d'un verre de punch, ma langue se liait, j'ai pris le plaisir de les écouter.

Louis, à l'élocution facile et dont l'intelligence n'a d'égal que sa gentillesse sans bornes. Un coeur enfantin, tendre et altruiste,  malgré cette fichue maladie qui le rattrape de temps en temps...

Jeanne aux doigts lestes, qui, presque chaque jour, nous livre des histoires qui font rire, jubiler, réfléchir, et qui, l'air de rien, bricole plein de petits miracles au quotidien.

Avec son goût pour le truculent, son don de faire surgir des images, sa façon d'envisager les choses de la vie, son incroyable empathie,  elle est, résolument, une femme du soleil. On le devine même à travers la  jovialité de sa tunique multicolore et de ses boucles d'oreilles assorties hand made.

 Tard, dans la nuit, dans le lit de la chambre d'amis, je pensais au sens du mot paradis : "jardin clotûré" ... Comme celui de cette maison, entourée par une grosse muraille qui les protège du bruit et des regards indiscrets. Une maison solide comme l'amour qui les relie et les fortifie...  

Le lendemain, après une balade en ville,  une autre surprise m'attendait. Dans le jardin public de la ville du bord de l'eau, devant le "lac aux tortues" , Virginie, la blonde cendrée à la voix suave, nous guettait , l'APN prêt à immortaliser l'arrivée des "starlettes". 

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Deux heures entre filles pour papoter à n'en plus finir et rire à gorge déployée. Le temps a filé trop vite et on a dû se séparer, avec des espoirs et des promesses de retrouvailles. J'ai senti, oui, sans exagérer, comme un lien sororal et on a, évidemment, évoqué, une autre soeur d'âme, lointaine mais si proche, notre Chriss...

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Le coeur remis d'aplomb, nous sommes partis, en fin d'après-midi,  à la rencontre d'une autre tisseuse d'histoires...

Pour entendre l'autre son de la cloche, c'est par ici... : )

 http://anecdotesdhieretdaujourdhui.hautetfort.com/archive...

http://www.lesrevesdusimorgh.net/wordpress/?p=4780

19/06/2010

post-it

Mes chers amis,

comme vous l'aurez déjà deviné, je suis partie en vadrouille. Je suis loin de chez moi, le nez au vent, la tête en friche.

J'ai donc délaissé les escarpins rouges, affûté mes ailes et mis des chaussures lestes de marche pour gambader à bride abattue vers les vacances, la chaleur, avide de renifler l'odeur tantôt âpre, tantôt doucereuse de la vie et d'en recenser des myriades de pensées et d'émotions.

Comme dirait ma marraine de blog, Sylvie Germain :

" du bon bonheur du terroir à consommer sur place".

Et sans radinerie surtout : )

Je ne manquerai néanmoins de vous envoyer de temps en temps des cartes postales. Surtout que je nourris l'espoir de croiser certains d'entre vous "en vrai" cet été, au gré de mes errances. Je vous ferai signe le moment venu...

Mon blog sera donc mis en légère hibernation pour quelques semaines, mais la porte sera toujours ouverte et vous pourrez entrer sans frapper...

Je vous remercie d'avoir été si présents et vous offre encore quelques mots de cette chère écrivaine :

" La gratitude, comme l'amitié, c'est avant tout une affaire d'amour, d'amour vêtu de modestie, de pudeur, de patience".

Je vous serre fort, à bientôt...

 

 

 

 

29/05/2010

esmeralda

Au cas où vous ne le sauriez pas, ksénia a l'habitude de donner des noms à ses plantes. C'est ce qu'elle vient de faire  aussi  pour ce  bégonia qu'on m'a gentiment offert sans savoir que je suis une serial flower killer  et j'ai pensé vous le montrer, car j'ai moi-même marre d'ouvrir le blog et de tomber sur le  manteau sel et poivre. 

 

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Je me rends compte  que j'ignore tout sur l'origine de ces belles fleurs, viendraient-elles, comme la fameuse bohémienne, de l'Espagne ? Auraient-elles , comme elle, comme moi, l'âme errante ? Quoi qu'il en soit, elle m'apprend la lenteur et je participe à l'explosion de ses bourgeons avec le même émerveillement que procure l'écoute de ses propres désirs en quête d'équilibre et d'épanouissement. De quoi donner envie de chanter comme le malheureux Frollo :
"Cet océan de passion
Qui déferle dans mes veines
Qui cause ma déraison
Ma déroute, ma déveine

Doucement j'y plongerai
Sans qu'une main me retienne
Lentement je m'y noierai
Sans qu'un remords ne me vienne "
Et pendant ce temps le printemps s'impose et son parfum discret nous enrobe de sensualité et peint des tableaux en vert et rouge. La colline s'étoffe, et moi je m'effeuille.
Du rouge vif, oui, sur les copies de mes élèves,  sur ma table :
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et à mes oreilles. Car  les premières cerises me ramènent toujours à l'enfance et je ne résiste pas à m'en faire une éphémère parure. Je sais, je devrais mûrir. Mais il paraît que chez certaines gens le thymus, la glande de l’enfance,  met plus de temps à disparaître.  Toute la vie.

Il  reste comme un endroit un peu mou dans la poitrine qui nous sauve de l’anémie de l’ âme et de la cécité sentimentale.

Non, je n'ai pas été taguée en rouge, mais je ne peux pas finir cette note sans vous recommander de toutes mes forces le visionnement de "Inglorious Basterds". Un film qui m'a émue et m'a secouée. Et d'où certaines vérités surgissent encore d'un certain humour. Des mots justes, simples, forts.

 Une magnifique Esmeralda des temps modernes incarnée par Mélanie Laurent joue à la vie à la mort...

http://www.youtube.com/watch?v=IBk0-43GIdY

Sans oublier le personnage censé être négatif, mais qui m'a fait succomber à son charme... Si c'est vrai que Tarantino est un fétichiste des pieds, C.Waltz réussit merveilleusement à le transmettre. La scène où il enlève la chaussure de Diane Kruger a éveillé mon instinct de joueuse et je me suis ruée vers mon placard histoire d'en sortir  une paire de souliers ( ?) rouges, avec, dans mes oreilles, la voix embrumée de C.W.  " If the shoe fits, you must wear it ".

C'est vrai, il manquait son genou pour recevoir mon pied. Mais n'est pas Cendrillon qui veut, hélas !

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11/04/2010

la maison du bonheur

Lorsqu'il y a quinze ans mes amis ont quitté leur appart pour s'installer dans une grande maison de plus de 200 m. carrés, JL m'en a envoyé quelques photos pour que je puisse les y situer. Au dos d'une des photos c'était écrit : "C'est la maison du bonheur. Je suis sûr que tu aimeras."

 

 Pour s'y rendre, en partant du centre-ville, on emprunte quelques ruelles, ensuite on traverse le canal des deux mers qui, surtout par les matins froids et brumeux, semble irréel. La jolie passerelle réservée aux piétons  est comme une frontière : avant de la franchir on est dans l'univers du travail, des contraintes,  du tourbillon des problèmes du quotidien, après l'avoir franchie on est "chez soi". L'esprit délimite ainsi l'espace en lieux hostiles et lieu accueillant, lieu où se consomme un bonheur sans cesse renouvelé.

Au détour d'une ruelle  au nom oriental, on aperçoit une maison peinte en jaune soufre qui lui donne un air florentin. Pour que l'illusion soit totale, mes amis y ont planté deux cyprès. Une fois le portillon passé, ou oublie la rue, les passants, la ville. Dans les beaux jours, des merles, des étourneaux, des rouges-gorges, des moineaux viennent chercher leur pitance dans le jardin. Ils s'envolent dérangés par notre présence, mais reviennent aussitôt  et se remettent à piailler frénétiquement.

Mais en ce jours de début d'allégresse printanière c'est surtout à leur jardin, à leurs plantes que je pense.

Dans un superbe vase bleu à poignées, une hellébore cueillie dans la Sierra de Guara. Une plante qui passait jadis pour guérir la folie, celle-là même dont le Lièvre de la Fontaine conseille à la tortue d'user pour se purger lorsque celle-ci annonce qu'elle compte bien battre à la course le véloce animal. Une plante peu frileuse qui ouvre ses fleurs en hiver. Après, c'est une splendide bougainvillée plantée dans un grand pot en céramique jaune qui prend le relais. D'après mon ami, aucune fleur n'a, comme celle-ci, la faculté d'accrocher la lumière. Hélas, elle craint le gel et le froid, alors ils sont obligés de la mettre à l'abri pour l'hiver dans une petite cave.

Lorsque le printemps annonce son installation "pour de bon", les week-ends et les fins d'après-midi sont consacrés au jardin pour rempoter les autres fleurs qui ont passé l'hiver  à la cave. J'en ignore le nom, mais la femme de mon ami les connaît sur le bout du doigt car elle est passionnée de jardinage. Quant à lui, il se contente des tâches sans noblesse : mélanger terre, fumier, tourbe et autres composts pour en ressortir les mains noirs et les reins brisés. Mais il peut pas refuser à sa charmante épouse de l'assister dans ses travaux, surtout que dans quelques semaines il aura le plaisir d'admirer le résultat de leurs efforts !

"Cultiver son jardin". Jamais ces mots n'ont eu autant de poids que lorsque je traînais dans cet endroit que mes amis chérissent et où ils mettent de la passion. Il leur permet aussi de renouer avec le rythme des saisons...

Avec un Opinel hors-classe, J., en jardinier habile, taille attentivement un biseau franc et net, bien propre, au bout d'une tige qu'elle va bouturer: du soin apporté à cette opération dépend l'avenir de ce qui n'est aujourd'hui qu'un vulgaire bâton engourdi par l'hiver, mais qui porte la promesse d'un géranium ou d'une autre plante. A sa doigté elle doit ajouter cette lame parfaitement affûtée, tranchante comme un rasoir. Le couteau comme prolongement de la main experte... Du majeur, elle creuse un trou de quelques centimètres dans le terreau d'un petit pot en terre cuite. Elle trempe la tige biseautée dans une mystérieuse poudre marron, "hormone de boutourage", et le tour est joué.

Pour moi qui ne suis pas experte, au contraire, les fleurs sont souvent en danger avec moi, tout cela relève un peu de la magie.

La première fois que je leur ai rendu visite, j'ai eu l' envie inexplicable de m'acheter un couteau. Je ne connaissais pas les Opinel au manche de hêtre vernis, et ma déception a été vraiment grande que de voir sa lame si brillante au jour où l'on achète ternir au premier usage car l'acier n'est pas inoxydable.

Des années plus tard, on m'en a offert un autre, un Laguiole aux formes assez féminines et que je trimballe souvent dans mon sac. De temps en temps j'essuie sa manche, je frotte sa lame à la laine d'acier pour éviter qu'elle ne rouille.

Ce sont aussi mes souvenirs que je préserve pour qu'eux non plus ne rouillent pas.

Il y a des souvenirs dont on ne veut jamais guérir...

 

 

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27/03/2010

From Toulouse via Francfort

Quelques jours loin de l'écran et dédiés presque exclussivement à ma Diva franco-roumaine.

                                                                                          Ca pétille :

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Ca regorge de pralines et d'autres délices :
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Ca donne du piquant :
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Ca glousse, ça pouffe, ça se lâche, ça se défoule :
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A très bientôt, je vous embrasse.
"Le réel. Ils le prenaient comme un matériau brut, une pierre à tailler et sculpter, une glaise à pétrir et modeler, un corps à mettre en mouvement , en scène - théâtre et danse et chant mêlés. Le réel leur était une infinie invitation au songe et à l'imaginaire, une perpétuelle incitation à l'aventure, au désir , au voyage. " (Sylvie Germain- Nuit d'Ambre )

25/03/2010

tendance chocolat

                                         

 

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Tu vois combien d'offres alléchantes ?
Je t'attends pour leur donner ta touche d'ultime finesse.
Pour assouvir les songes gorgés de promesses.
Pour m'emporter dans ce monde chaleureux, profond, vanillé.
Pour m'offrir ta sève comme une potion ambrée.
Pour faire plier mon corps au gré de tes envies.
Qui s'en mourront doucement au creux de mes entrailles.
Mon corps fait des bonds dans ma poitrine.
Viens...il est impatient d'épouser le drappé de tes lignes
Et s'énivrer de l'exquise douceur qui en émane...

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=vxWoD01IKJA&feature=re...

01/03/2010

c'est tag, docteur?

 

 Bonjour mes chers amis, merci de vous avoir inquiété, ici, ailleurs, désolée de ne pas avoir eu la force de répondre à vos commentaires, je le ferai plus tard, là je me prépare à aller au taf, je vais mieux en ce moment, ce n'est pas un rhume, c'est encore un de ces boulets que je vais probablement traîner jusqu'à la fin, mais ce n'est pas la peine de s'apesantir sur l'impossible, pour l'instant ça va, je "gère", j'essaie de dédramatiser, mon corps rebelle me sert encore bien, même si je refuse médocs, toubibs, vaccins, analyses, j'aime pas. Mais comme je maîtrise comme personne l'art de tomber malade pendant le week-end ou les vacances, le rétablissement se fait plus vite.

Enfin, bref, positivons, la maladie a cela de bon qu'elle permet de perdre vite fait les deux-trois kilos en plus, qu'elle nous ramène à l'essentiel surtout, pendant ces journées passées loin du brouhaha quotidien et plutôt clouée au lit, j'ai pris le temps d'écouter "mes" musiques, de rêver, de réflechir, de lire dans le moments de répit vos mots et penseés, c'est vrai, la vie est parfois chahutée par de petits troublions, mais il y a des événements qui viennent magnifier des journées autrement anodines. De plus, on est dorloté, choyé, on te prépare de petits plats légers, comme dans l'enfance,on te parle d'une petite voix suave : ), on t'appelle juste pour te demander "ça va mieux aujourd'hui ?" Et on soupire d'aise, on reprend du poil de la bête et on se démène pour s'en sortir.

Je pensais hier au tag de Chriss, ma fleur de l'îlet, "7 choses sur une île déserte", elle a si bien répondu, tout prévu, que je serais prête à l'y accompagner pour une semaine ou deux. Pas plus. A force d'avoir vécu sur une île, pas déserte,non, mais loin de mon amour, de ma famille, de mes amis, de mon chez moi, j'ai failli perdre mes repères et je sais que je ne serais plus jamais tentée de recommencer. Never say never ? Il faut l'avoir vécu pour s'en rendre compte.

Je vais vous decevoir peut-être, mais je suis une citadine incorrigible, volage et futile, j'ai besoin de sorties, d'un minimum de clinquant, je suis pétrie de désirs, assoiffée de rencontres, d'expériences, je raffole de ces coups de fils qui mettent du peps dans les journées, de ces complicités et ces accoitances essentielles, vitales. De mes moments avec mes copines, où l'on envoie tout valdinguer pour prendre du bon temps et s'éclater.

Avec qui je partagerais mon lit, ma vie sur une île déserte ?

Contre quel torse mince et musclé reposerait ma tête ?

Qui m'envelopperait d'un de ces regards qui me font scintiller de partout ?

A qui je lirais des passages de mes livres préférés et ferais écouter des morceaux coup de coeur ?

Qui me tiendrait la main lorsque je crapahuterais sur les rochers ?

A qui j'offrirais quelque fruit exotique déniché lors d'une balade ?

Avec qui je m'extasierais devant un paysage qui s'offrirait au détour d'une falaise escarpée ?

Avec qui j'écouterais le bruit des vagues et le frissonnement du vent dans les feuilles ?

Avec qui je regarderais les jours décliner et le soleil s'éteindre dans l'océan ?

Avec qui je referais le monde en sirotant une tasse de thé et en grignotant de petits gâteaux ?

Non, je suis terrifiée à l'idée de devoir un jour vivre dans l'isolement.

Je me nourris d'amour et d'amitié. Sans cela, je m'étiolerais, je déperirais.

Alors, de grâce, ne m'envoyez pas sur une île déserte. Quelque pathétique que cela puisse paraître, je perds le goût du tout si partage il n'y a point.

Passez plutôt, si vous avez le temps et l'envie, me voir ici, dans mon petit coin accueillant avec vue sur la colline.

 

En attendant, je vous offre, selon la tradition roumaine, ces petits pendantifs que l'on accroche au revers ou au poignet au début du mois de mars, pour nous préserver du froid, du mal et du mauvais oeil : )

 

Je vous embrasse.