28/09/2009
la médaille de Saint Benoît
Lorsque j'ai acheté cette médaille l'année passée, dans le monastère de Chevetogne en Belgique pour l'offrir en cadeau, je ne me doutais pas de ce que, étrangement, elle allait me revenir cet été, accompagnée du livre de K.Pancol, "Les yeux jaunes des crocodiles". Non, je ne vous en parlerai pas. Juste vous dirai que l'un des personnages, Joséphine, écrit un livre dont l'héroïne rêve de mettre en pratique la "règle de Saint Benoît" selon laquelle il y aurait plusieurs degrés d'abnégation, plusieurs échelons de l'humilité.
Depuis que je l'ai reçue, la médaille brille à mon cou, sauf quand je prends la douche. J'ai trop peur qu'elle ne rouille, bien qu'elle soit en argent. Et je me demande si moi-même je suis en train de marcher vers cette humilité... Aurais-je commencé de le faire il y a quelques ans, en Nouvelle Zélande, cette année où j'ai mis ma vie entre parenthèses, j'ai déserté mon podium de prof pour apprendre à me servir de mes doigts ? Je crois, j'espère au moins avoir appris à réduire en moi l'orgueuil, à force de travailler à côté de ces chers collègues qui gardaient naturellement leur sourire, alors que moi, princesse des petits pois aux ongles vernies de rouge, je pleurais sur mes plantes. Obligée de porter un masque pendant huit heures, je me sentais comme amputée de mes mots. Quoi qu'il en soit, mes yeux abîmés, mes mains brûlées, m'empêcheront à jamais de mépriser le travail "physique".
Amélie de pacotille "prédestinée aux larmes", je me croyais punie par une force supérieure. Et il y avait des moments où je détestais Cioran qui affirmait péremptoirement qu'on "peut passer du bonheur au malheur, le chemin inverse n'est jamais possible".
Je m'égare...Je vous assure néanmoins, Cioran et compagnie, ils n'auront pas ma peau. Au vent de mes pensées, je bâtis des songes sains protégés par l'amour. J'essaie de grimper une à une les marches de cet escalier, tout en me tenant bien droite. C'est rude, la frontière entre humilité et humiliation est tellement fragile...
Je ne saurais pas dire si cet état de grâce actuel, cette sérenité je les dois à mes larmes, à mes prières des nuits éveillées, à mon entêtement à courtiser l'amour jusqu'à ce qu'il m'enveloppe de son éclat ou... à Saint Benoît...
Mais je ne suis pas prête à lâcher prise.
Jeff Buckley- Grace
envoyée par pittigghiuzzu
10:26 Publié dans lectures | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : religion, foi, k.pancol, lectures, on ne l'apprend pas dans les livres d'histoire
27/09/2009
lettre au Beau-Vaillant
J'avais promis à un ami de traduire les paroles de cette chanson, je profite du rhume qui me retient au lit pour le faire. C'est un groupe roumain et il est fort possible que vous n'aimiez pas, mais je devais tenir ma promesse : ) Par contre, n'hésitez pas à me faire des remarques sur la traduction, je serais contente de l'améliorer avec votre aide. Bisous.
J'ai cru qu'un beau jour ta massue frapperait à ma porte et que je pourrais enfin sortir et te prendre dans mes bras. J'aurais voulu revoir ton cheval blanc. Tu m'avais promis qu'un jour j'allais le chevaucher...Et quand j'ai cru qu'enfin le moment était venu...Tu nous as laissé errer parmi les clignotants des voitures...Tu m'avais dit qu'on devait grandir et lutter avec tous les dragons du monde...Mais plus personne n'a envie de lutter, Beau-Vaillant...Les hommes n'ont plus le temps d'être braves...certains disent que la vie est un combat, mais je rencontre rarement quelqu'un qui soit sûr d'avoir gagné ou d'avoir perdu...Tu m'avais promis de m'apprendre l'honneur, Beau-Vaillant...mais les gens n'emploient plus ce mot...même pas dans les pubs...rarement dans un film quelqu'un affirme que l'honneur c'est pour les cons...T'es parti et tu m'as laissé en proie à mes doutes...
Chaque soir, le plupart d'entre nous rentrent au même endroit, Beau-Vaillant...de petites maisons...mais je suis sûr d'avoir flâné dans ton château étant petit...Tu m'avais dit que je ne pourrais pas y demeurer longtemps car le dragon allait venir et tu devais l'affronter...et tous les gens font les même gestes...Ceux qui sont seuls rentrent chez eux, jettent les clés sur une table, ouvrent le frigo pour en sortir une bouteille, boivent quelques gorgées et regardent dans le vide...Puis, comme réveilés d'un cauchemar, ils vont dans le sallon, s'assoient sur le canapé et allument la télé...Des milliers de personnes font les mêmes gestes chaque soir, en même temps, dans leurs petites maisons, Beau-Vaillant...
On aurait pu être les seuls au monde, Beau-Vaillant...tu m'avais promis de ne jamais dormir deux nuits de suite sous le même toit...qu'on survolerait les montagnes avec nos chevaux blancs et qu'on voyagerait avec les étoiles...et dès qu'on apercevrait une petite lumière, on serait descendus pour y passer la nuit...J'avais imaginé qu'on ne pourrait pas chevaucher, mais j'espérais pouvoir voyager...Il y a de petites lumières partout Beau-Vaillant, fallait même pas chercher longtemps...Mais tu n'es plus là...Tu m'avais dit qu'on devrait faire le tour du monde et semer le BIEN autour de nous, mais tu ne m'as pas expliqué, c'est quoi le bien ? Tu sais au moins comme ils se bagarrent le gens à cause de ce "bien" ? Tu m'embêtes , Beau-Vaillant, t'es un irrésponsable...tu m'as laissé au bord du chemin...Je veux faire ce que tu faisais, vivre comme tu vivais et l'apprendre aux autres...Ce sont mes amis qui auraient dû m'aider, pas toi, Beau-Vaillant...
On aurait dû cheminer ensemble...et j'aurais dû savoir les trouver, les bien choisir, pas vrai, Beau-Vaillant ? eh bien, sache que je suis seul...et tu n'es pas là...Je suis seul, entouré par des gens en costard gris, que je rencontre chaque mercredi au centre commercial et qui ne se souviennent plus de toi...Ils se rappellent seulement la Princesse et ils se moquent de toi, de moi...
Tu aurais dû être ici, espèce de lâche...pour nous apprendre à lutter, à nous défendre...pour nous raconter l'honneur et l'amitié...pour nous parler du sacrifice...Tu aurais dû rester ici pour te défendre car je suis incapable de le faire...tu t'es barré comme un lâche, Beau-Vaillant et ne m'as rien appris...Tu aurais dû au moins me dire comment tu as fait pour n'aimer qu'ELLE...Une seule fille, toute ta vie...Me dire au moins cela, car je sais qu'elle t'as tellement aidé...Je te déteste, Beau-Vaillant, au nom de tous les ordinateurs du monde...
Je tape ton nom et il s'affiche sur des milliers de pages...Mais tu n'es nulle part...Même le dragon est disparu...Ainsi j'aurais été sûr de ton existence...T'es parti, Beau-Vaillant, en emportant le Bien et le Mal...Je te déteste, Beau-Vaillant, je te déteste...
11:21 Publié dans amour | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : amour, vidéo, vama
24/09/2009
la puce machin truc
Pendant nos cours, on est censés éduquer les élèves roumains à "l'identité nationale et au sentiment européen" (!), à l'histoire de l'immigration en France, au monde du travail, à la dégradation de l'environnement, à l'amour et à l'amitié : )
Pour faire passer le message d'une manière plus agréable, je leur fait parfois visionner des films en rapport avec les thèmes respectifs, des films qu'ils ne regarderaient guère ailleurs, dans cette "langue belle à qui sait la défendre/elle offre des trésors de richesses infinies/Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre". Je fais confiance à leur capacité de réception, je les ai déjà vu s'attendrir, s'esclaffer de rire ou écraser une larme selon les circonstances.
Je pensais donc les délecter demain avec "Entre les Murs", Palme d'Or 2008, ça devait le faire !
Mais en le revoyant ce soir, j'ai commencé à avoir des doutes. C'est vrai qu'il y a des répliques qui peuvent susciter des débats intéressants, même si on n'a pas d'immigration chez nous, de discrimination non plus ( j'espère que vous me faites confiance à moi et pas à Madona ) peut-être les vivront-ils par procuration en entendant des répliques genre " Sale Antillais de merde", " Sale pédé" , "Espèce de raciste" , " Je le calcule pas ce Marochien" ... ( tiens, si l'on voulait s'en servir pour apprendre les registres de langue, le verlan, l'argot, les sabirs variés, le jargon c'est l'outil idéal ! ). Ou bien " Je suis Française, mais pas fière de l'être".
Néanmoins, je vous le demande, devrais-je troquer les " fack you, men" qui pullullent dans les séries préférées de mes chères têtes blondes contre les "ferme ta gueule, espèce d'enculé" ?
P.S.- Je suis d'accord avec Khoumba, le prof il charrie trop ; )
22:03 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : l'imparfait du subjonctif c'est pour les snobs
19/09/2009
je suis une greluche : )
Comment je le sais ? C'est grâce à une blogueuse de la "une " de H&F qui l'affirme, d'une manière péremptoire, dans une réponse à une sorte de tag : "Marc Lévy c'est pour les greluches". Et la galérie de s'incliner horripilée: "Beurk, beurk". Et elle ne sait pas tout. Je lis tout ce qui est à la "mode", Pennac, Beigbéder, Nothomb, Pancol, Gavalda, Extebarria (vous allez me dire qu'il faut pas tout mélanger), j'adore Noël et son scintillement, je mange des crêpes en Bretagne et des moules-frites à la braderie de Lille. Et en Bretagne.
Il en est de Marc-Lévy comme des ex-communistes dans mon pays : personne ne vote pour eux, mais ils gagnent à chaque fois!
Je préfère nager à contre-courant et consacrer mon anti-conformisme et mon énergie à des causes qui valent vraiment une lutte sans faille et sans répit. Et cela me hérisse que l'on classe les gens en catégories selon leurs lectures, leurs croyances, leur pays d'origine voire la couleur de leur blog. Je n'y vois qu'autosuffisance et fatuité. Mais, comme dirait Carl Aderhold " Faut s'adapter au goût du jour. Deviner les nouvelles tendances, les devancer même. Tiens, dans les années soixante-dix, on l'aurait appelé Va te faire voir chez les Grecs. On aimait le trivial, le simple, le direct. Le genre troisième mi-temps de rugby. Dans les années quatre-vingt- ou quatre-vingt-dix, on faisait dans l'humour. Le Dîner des Cons aurait été parfait. Aujourd'hui, il faut une petite touche d'intello, sans ça Canal prend pas. "
Pour revenir à Marc-Lévy, je lui voue une énorme reconnaissance, car c'est son BACHERT qui me ramène le plus de visiteurs. Avec des variations:
" le bachert, mon autre moitié"
" tu es mon bachert " : )
" trouvé ton bachert" (méfie-toi, c'est un clône, c'est moi qui ai le vrai)
Il y a donc la catégorie des recherches, disons, sérieuses, littéraires, " symbole de la vague", " dan puric", "eminescu".
La catégorie qui m'a consacrée :
"seletpoivre"
"collection sel et poivre" (shame on me, je n'ai qu'une collection de petites cloches, mais je suis prof, alors forcément )
" le meilleur sel" (celui de Guérande peut-être ? Ou la fleur de sel ? )
" sel et poivre fantôme" (désolée si je hante certains de mes visiteurs)
" sel et poivre câlin" (c'est tout moi ça)
" vendre des sel parfumés sur les marchés" (et en chantant! )
" effet du poivre" (je n'en sais rien, épicer des vies trop lisses peut-être ou alors ce qu'un autre visiteur décrie "le poivre brûle mes mains")
Dans la catégorie "amour/tendresse/désamour" :
" je t'aime comme le sel" (merciiiiiiii, c'est la plus intense déclaration qu'on m'ait jamais faite, mais là encore faut se méfier, tout le monde ne connaît pas l'histoire de la pauvre fille d'empereur releguée à la cuisine pour avoir osé dire cela à son père)
"être jolie pour la nuit" (on va attendre le prochain 21 juin alors pour une nuit blanche avec Charles)
" écarte tes cuisses mon amour " (vous avouerez qu'on aurait du mal à résister à une telle prière païenne)
"réveil en tendresse" (et avec le petit déjeuner au lit si possible)
"cécité sentimentale" (je me rends à l'évidence, le coeur est tellement con parfois, il ne fonctionne que par pulsions)
"poème d'amour pour convaincre une femme" (convaincre de ??? si tu penses, cher visiteur, que les mots suffisent...)
" Et notre histoire a-t-elle été irriguée de joie, d'émerveillement, de gratitude? Je ne me rappelle plus."
Une recherche étrange, une phrase entière de l'une de mes notes. Si ce n'est pas une belle rencontre des grands esprits...
Cher visiteur ou visiteuse, si j'étais prêtre je te dirais " tu l'as enfin exorcisé(e)"! Comme je ne le suis pas, je vais faire mon intello et citer une phrase de Kundera:
"Si j'étais médecin, j'établirais, sur son cas, ce diagnostic : "Le malade souffre d'une insuffisance de nostalgie" (L'Ignorance)." (je ne sais pas comment écrire les guillemets à l'intérieur de la citation ; ) )
Si quelqu'un connaît un remède...
Camera Obscura- Books Written For Girls
envoyée par thetaintster
13:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : déconnade, statistiques détaillées
17/09/2009
fall...in love
silences émus.
souvenirs tenaces.
parfums salés.
maudite insouciance.
champs diaprés.
crépuscules flamboyants.
traces argentées.
Et Elle :
envoyée par MaîtreMenator
23:07 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : amour, vidéo, il y avait un baiser dans son regard
16/09/2009
rire (4)
Aujourd'hui, pendant que l'on était obligés de censés relever les verbes au subjonctif présent d'une chanson de Zazie ( je vous l'accorde, ce n'est peut-être pas le gôut des jeunes ados roumains ) , ça papotait dans un coin de la classe.
- Alex !
- Désolé, Madame, mais c'était en rapport avec le français.
- ? ? ?
- Je vous assure. J'avais demandé si c'était Olympique Marseille ou AC Milan qui a gagné.
Après avoir montré sur la carte " Marseille" et épelé "Karim Benzema " ( c'est le premier qui m'est venu à l'esprit), il s'est calmé et on a pu revenir à nos...chansons.
Mais il ne sait pas ce que je lui concocte pour la prochaine fois ; )
Axel Bauer & Zazie- A Ma Place
envoyée par Altugmusic
19:24 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : on se marre bien avec les têtes blondes
14/09/2009
"Ma voyante me l'avait prédit !"
Ce soir une note déjantée car je viens de finir un livre offert par le Petit Prince et la Diva( "Mort aux cons"- Carl Aderhold), dans le désir peut-être de me rendre plus supportable la rentrée avec ses embûches. Une lecture apaisante, véritable dérivatif destiné à nous faire subir avec un détachement supérieur les contingences : la voisine qui met en marche son lave- linge à 7 heures du matin, l'autre qui joue de la clarinette en pleine sieste de dimanche, le gars qui t'engueule d'avoir pris "sa" place sur le parking public ou la collègue qui te fabrique un emploi du temps en lambeaux.
Un livre écrit avec un cynisme empreint d'humour grincheux, de remarques rock'n'roll par un type qui déteste les clichés, qui préfère le Gros Minet au joli Titi et qui s'ingénie à expérimenter l'effet thérapeutique d'une lame ou d'un revolver sur le sujet de ses questionnements et de son combat ardu : le con.
"Un concept très actuel.D'un nihilisme radical avec une petite touche de sarcasme gouailler. "
Après avoir établi quelques catégories : le con vecteur, le con citoyen, le con tracté, le con casseur, le con sensuel ou le con voyeur, par souci de précision il instaure des degrés dans leur niveau de connerie, " entre celui dont c'est héréditaire (le con génital), celui qui reste égal à lui-même quelle que soit la situation (le con stable), celui qui bat tous les records (le con sidérant ou le con primé) et enfin celui qui est guéri (le con vaincu).
Mais là, il formule de forts doutes...
Je vous livre un passage de son manifeste, un avant-goût prometteur de lecture peut-être:
" Après toutes ces années de lutte, pas même clandestine mais anonyme, il m'a paru nécessaire de passer à une nouvelle étape: faire connaître mon combat auprès de l'opinion publique. Passé le premier moment de stupeur, les gens ne manqueront pas de s'interroger sur la nature et le sens de mon action. J'espère ainsi que mon manifeste provoquera un choc salutaire et aidera à une véritable prise de conscience. N'étant pas violent par nature, je ne souhaite pas que d'autres prennent le relais de la lutte armée, mais plutôt que se crée un mouvement politique de masse, anti-cons.
Il y a aussi une autre raison, plus pragmatique, à la publication de ce manifeste. Ma longue expérience en la matière me fait dire que, contrairement à une idée répandue, les cons ne sont pas réformables. Les campagnes de prévention ou les actions pédagogiques n'ont pas de prise sur eux. Une seule chose peut les amener non pas à changer, mais du moins à se tenir tranquilles: la peur. Je veux qu'ils sachent que je les surveille et que le temps de l'impunité est révolu. J'ai bien conscience qu'en agissant ainsi je prends un risque: il ne faudrait pas qu'un con averti en veuille deux, ce qui rendrait ma tâche encore plus difficile."
Et un petit conseil avec votre permission: si vous portez un uniforme, si vous êtes un DRH ou un prof aigri, un fonctionnaire hautain ou une femme qui n'arrête d'asséner à son amant des clichés sur les traumatismes de l'enfance et les rapports avec les parents qui entraveraient sa chance au bonheur, un partisan de la réforme à tout prix, méfiez-vous.
On ne sait jamais quelle idée saugrenue peut sévir dans la tête d'un rattrapeur de torts qui, dans un moment d'élan caritatif, se chargera de vous faire zigouiller.
21:17 Publié dans lectures | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : les choses s'annonçaient moins simples que prévues, humour, livre, carl aderhold
13/09/2009
j'ai gagné!
http://anecdotesdhieretdaujourdhui.hautetfort.com/archive...
Ma Jeanne nous a provoqués il y a quelques jours de nous lancer dans " le jeu du 10.000ème commentaire" sur son blog.
Et me voilà l'heureuse gagnante d'un colis suprise, avec, en plus, un commentaire indigne dans lequel j'accusais Didou de tricherie. Je pensais ne pas m'en sortir indemne , par contre, le prix me revient accompagné d'un bonus : les félicitations de ses lecteurs, sans rancune, sans jalousies. Dire si la vie est juste.
Mais, comme Jeanne le dit " c'est le jeu , on a pris du bon temps et j'imagine que cela aura permis de petits liens entre vous " .
Des rencontres virtuelles. Et parfois des amitiés solides, qui ne se briseront pas sur le réel.
Merci ma Jeanne, je t'embrasse fort, en espérant de le faire un jour "pour de vrai".
Et je m'en vais trimballer mon coeur endimanché dans les ruelles de ma petite ville, avec, aux pieds, mes ballerins dorés de "princesse des Carpathes".
P.S.- Didou, si tu me donnes ton adresse, je t'enverrai un prix de consolation : )
12:11 Publié dans Rencontres | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : jeanne aux mains d'argent, jeu, blog, amitié
11/09/2009
onze
A quoi veut-on échapper lorsqu'on se jette dans le vide à travers une fenêtre située au enième étage d'un immeuble immensément haut ? Que fuit-on à ce moment-là, qui soit plus terrible que la mort que l'on va affronter, parce qu'on sait que l'on va mourir, on a la certitude absolue qu'il n'y a aucune chance que l'on soit vivant après le contact avec le sol, quelques centaines de mètres plus bas. Quel enfer ces malheureux ont-ils vu, quel terrifiant spectacle, quelle abomination qui les ait persuadés que ce grand saut serait une fin plus douce? A quoi voulaient-ils échapper? Au spectacle devenu insupportable de la douleur de leurs semblables ? A la vision des corps mutilés, des chairs à vif, des membres déchiquetés, des visages baignés de sang, des yeux arrachés de leurs orbites, aux cris déchirants d'indicibles souffrances, à l'odeur des chairs calcinées, des cheveux brûlés, à la perspective que ce qu'ils voyaient, quoi qu'il en soit, ils ne pourraient plus jamais l'oublier, que leur vie ne valait plus rien encombrée de tels souvenirs?
Ont-ils vu les avions venir? A quelle distance de l'immeuble ont-ils commencé d'entendre la fureur de leurs réacteurs, de sentir dans leurs corps le vrombissement des moteurs? Et quelles images sont passées dans leurs yeux, quels souvenirs sont remontés du fond de leur mémoire au moment où ils ont compris que dans quelques secondes ces avions fous allaient percuter les murs, pulvériser les vitres de la fragile enveloppe où ils se croyaient à l'abri? A qui sont allées leurs dernières pensées, à quel être cher, quel enfant, quel mari, quel mère, quel frère? Quel Dieu ?
Comment la mort les a-t-elle cueillis? Combien de temps ont duré leurs souffrances, torches vibrantes, plaies béantes? Combien de temps faut-il à un corps pour se vider de son sang? Sent-on la vie s'enfuir avec lui, se sent-on mourir, se voit-on mourir? Quels mots, quels cris, quels regards? Quelles supplications, piétinées par d'autres morts en sursis, quels espoirs, quels désespoirs? Comment mesurer dans un tel moment les chances que l'on a de survivre quand la raison vacille? Comment s'accomoder de l'idée, si l'on est croyant, qu'un Dieu ait permis cela?
Comment s'accomoder de l'idée qu'il ait permis qu'un second avion soit venu se fracasser contre la seconde tour un instant plus tard? Et que ressent-on lorsqu'on sent trembler, vibrer ces immenses carcasses, incomparables symboles d'une puissance inégalée quelques minutes auparavant devenues en une fraction de seconde les lieux de tous les tourments? Qu'éprouve-t-on lorsqu'on sent que le sol se dérobe, que l'édifice vacille, que tout gronde autour? Lorsqu'on voit le plafond se lézarder, se rapprocher, s'effondrer enfin? Que vaut alors une vie ?
par mon ami JL, septembre 2001
Toutes ces images vues et revues encore aujourd'hui ne nous ont rien appris, hélas... Bien au contraire, elles ont ouvert un abîme de questions qui resteront à jamais sans réponse.
Tant d'événements récents me font mal, me font peur. Il fallait que j'écrive cela. Pourtant, vous méritez mieux. Zappez cette note et n'en parlons plus ! Quoique, j'aurais eu du mal à me taire.
20:09 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (9)
10/09/2009
à l'envers
Pour se retrouver à l'endroit.
Si seulement.
Je parlais l'autre jour avec une amie qui rentrait de la Pologne. Elle venait aussi de visiter Auschwitz.
L'année passée ce fut Berlin. C'est pourquoi elle m'a dit : "j'aurais dû commencer inversement".
Je l'ai comprise sans qu'elle me l'explique. Je l'ai lu dans ses yeux et son menton qui tremblait à force d'évoquer devant moi le souvenir des horreurs du camp. L'odeur de cette chambre où les objets confisqués y gisent encore.
Par coïncidence ? je venais d'achever le livre d'Elie Wiesel, " La Nuit, " acheté par hasard ? il y a quelques semaines sur l'étal d'un bouquiniste à Toulouse.
Et j'ai accusé. Les détrousseurs d'âme. Les briseurs de rêves. Les zélés. Et j'assume.
Surtout ceux qui, au-delà des souffrances physiques infligées, ont fait perdre la foi à un enfant de 15 ans qui plus jamais ne se verra vivant dans un miroir.
" La mort de Dieu dans cette âme d'enfant qui découvre d'un seul coup le mal absolu. "
Et j'ai beau fouiller dans les profondeurs de ma conscience, de mon savoir, je ne trouverais rien à lui dire pour le réconforter s'il était devant moi, là maintenant.
Si ce n'est ces mots puisés à la fin du film "American History X" (avec un Edward Norton en mode skinhead ) :
" La haine est un bagage et la vie est trop courte pour qu'on la bousille tout le temps. Ca ne le vaut pas.
Nous ne devons pas être ennemis, mais amis. Quoi que la passion puisse forger, nous ne devons pas détruire notre affection. Les cordes mystiques de la mémoire gonfleront lorsque de nouveau elles se joindront pour certainement devenir les meilleurs anges de notre nature."
11:37 Publié dans lectures | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : elie wiesel, lectures, nazisme, film, vidéo