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28/09/2009

la médaille de Saint Benoît

Photo032.jpgLorsque j'ai acheté cette médaille l'année passée, dans le monastère de Chevetogne en Belgique  pour l'offrir en cadeau, je ne me doutais pas de ce que, étrangement, elle allait me revenir cet été, accompagnée du livre de K.Pancol, "Les  yeux jaunes des crocodiles". Non, je ne vous en parlerai pas. Juste vous dirai que l'un des personnages, Joséphine, écrit un livre dont l'héroïne rêve de mettre en pratique la "règle de Saint Benoît"  selon laquelle il y aurait plusieurs degrés d'abnégation, plusieurs échelons de l'humilité.

Depuis que je l'ai reçue, la médaille brille à mon cou, sauf quand je prends la douche. J'ai trop peur qu'elle ne rouille, bien qu'elle soit en argent. Et je me demande si moi-même je suis en train de marcher vers cette humilité... Aurais-je commencé de le faire il y a quelques ans, en Nouvelle Zélande, cette année où j'ai mis ma vie entre parenthèses, j'ai déserté mon podium de prof pour apprendre à me servir de mes doigts ? Je crois, j'espère au moins avoir appris à réduire en moi l'orgueuil, à force de travailler à côté de ces chers collègues qui gardaient naturellement leur sourire, alors que moi, princesse des petits pois aux ongles vernies de rouge, je pleurais sur mes plantes. Obligée de porter un masque pendant huit heures, je me sentais comme amputée de mes mots. Quoi qu'il en soit, mes yeux abîmés, mes mains brûlées, m'empêcheront à jamais de mépriser le travail "physique".

Amélie de pacotille "prédestinée aux larmes", je me croyais punie par une force supérieure. Et il y avait des moments où je détestais Cioran qui affirmait péremptoirement qu'on "peut passer du bonheur au malheur, le chemin inverse n'est jamais possible".

 Je m'égare...Je vous assure néanmoins, Cioran et compagnie, ils n'auront pas ma peau. Au vent de mes pensées, je bâtis des songes sains protégés par l'amour. J'essaie de grimper une à une les marches de cet escalier, tout en me tenant bien droite. C'est rude, la frontière entre humilité et humiliation est tellement fragile...

Je ne saurais pas dire si cet état de grâce actuel, cette sérenité  je les dois à mes larmes, à mes prières des nuits éveillées, à mon entêtement à courtiser l'amour jusqu'à ce qu'il m'enveloppe de son éclat ou... à Saint Benoît...

Mais je ne suis pas prête à lâcher prise.

Jeff Buckley- Grace

 

envoyée par pittigghiuzzu

29/06/2009

la charité

13.1   Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.

13.2   Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien.

13.3   Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien.

13.4   La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n'est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s'enfle point d'orgueil,

13.5   elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal,

13.6   elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité;

13.7   elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.

13.8   La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra.

13.9   Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie,

13.10 mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra.

13.11 Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant.

13.12 Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu.

13.13 Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais la plus grande de ces choses, c'est la charité.

 

J'ai eu envie de publier ce  texte car c'est l'un de mes préférés. Et parce qu'aujourd'hui chez nous c'est la fête des saints Paul et Pierre.

Petru et Pavel en roumain.

Immanquablement je pense en ce jour à mes grands-parents, Petre et Petria, que j'ai aimés discrètement sans jamais le leur dire. On n'avait pas l'habitude à l'époque de trop user de ces mots.

Petre. Il s'enorgueillait pendant les vacances de voir  ses petits-enfants papilloner autour de lui, prêts à lui donner un coup de main ou à écouter, les yeux écarquillés, ses histoires de guerre. Après avoir travaillé dans une mine, à la retraite il s'est consacré à l'artisanat. J'aimais parfois, assise dans un coin de son petit atelier, observer ses mains façonner un objet. Peu à peu la planche perdait de sa rugosité, s'arrondissait, devenait un pied de chaise, une porte d'armoire ou le dessus d'une commode. Même la table ronde autour de laquelle on se réunissait le soir avait été polie par lui. Ses bras ressemblaient au tronc rugueux des glycines qui dégageaient un parfum divin de nature à attirer les gros bourdons noirs qui s'y posaient pour, inlassablement, s'enivrer de sucre.

 

Petria, sa femme, s'occupait de tout le reste. Ménage, jardin, basse-cour. Il y avait le chien, le chat, les poules, la vache, les fleurs dans la véranda, le bain du soir, les prières, les contes, toujours les mêmes. Ses légumes et ses fruits dont profitaient tout visiteur et même les passants. Elle connaissait tous les champignons, toutes les plantes et nous soignait avec des tisanes et des pommades dont elle était la seule à detenir le secret.

Elle a été la personne la plus charitable que j'aie jamais connue. Avec tout ce que ce mot recueille comme sens: altruisme, bienfaisance, humanité, miséricorde. Même les gitans du voisinage l'adoraient.  J'ai hérité ses yeux bleus. Mais il m'a fallu du temps pour me réconcilier  avec la générosité inconditionnelle, mise à mal par une société en plein bouleversement, par un vécu moins épargné par des expériences assez désagréables.

Après avoir vu le film "Filantropica", je ressentais une certaine malaise devant les mendiants, je ne pouvais plus chasser de mon esprit le monde obscur d'une vraie mafia et le visage de cet escroc intelligent "textier" officiel de la mendicité bucarestoise, dont la réplique favorite était:

" La main tendue qui ne raconte une histoire, ne reçoit rien. "

Oui, il m'a fallu du temps, il m'a fallu entendre dire un jour monhommelointain " je donne beaucoup aux pauvres, je garde peu d'argent" pour me réveiller à l'amour du prochain. Pour ne plus juger. Désormais, je donne si j'ai envie, tant et quand j'ai envie. Parfois une petite pièce, parfois un gros billet. J'essaie d'offrir aussi un sourire, un mot, un geste, un pain, une pomme, une fleur.

Avec l'espoir naïf que, depuis son éternité, ma grand-mère me voit et m'adresse, encore une fois, son sourire bleu.

 

 

 

16:35 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : amour, foi, bible, charité

19/06/2009

" une sorte d 'église"

Comme je l'ai déjà dit chez Ma M., j'ai toujours imaginé l'entrée en amour comme si l'on entrait dans une église. Non, pas peureux, avec un sourire niais, pas avec la tête voilée, les épaules voûtées et la démarche hésitante.
Mais fier et confiant. Car l'amour est un état d'esprit. Une construction qui responsabilise, qui nous met à l'épreuve, qui force parfois nos limites.

Etre "fou amoureux" c'est comme la drogue. On devient euphorique, on se sent le meilleur, le plus fort. Mais l'effet s'évanouit si vite...

Aimer, par contre, c'est, pour moi, comme la foi. Inébranlable. Une motivation incessante pour évoluer. Dans un parfait état de quiétude, d'équilibre, de dévouement, de partage, de non-solitude.

Même pas peur dans l'église de l'amour.

 

Merci à P.o.L. de m'avoir fait découvrir Daran, l'inspirateur de ces mots, et dont elle trouve l'univers poétique beau comme celui de...

Vous devinez ?

Je voulais pour nous deux bien mieux qu'une croyance
Alors je t'ai trouvé une sorte d'église
Dont les murs ne sont pas couverts de faïence, ni de marbre
Les vitraux je les brise, les piliers sont des arbres
L'autel est un rocher tapissé de lichen
On y parle, ni pardon, ni péché
On n'y fait pas l'commerce de douleurs et de peines
On n'y adore ni Dieu ni Diable
Mais la beauté des corps et le sort qui a mis ton amour dans mes veines

Je nous veux sans frontières, sans limites et sans lois
Je veux te respirer, te vivre et vivre en toi
Et croire qu'avant nous tout ça n'existait pas

Nous deux, nous méritons bien plus haut qu'une voûte
Alors je t'ai trouvé une plaine sans routes
Et sans autre limite que les points cardinaux
Et sans traces que celles de nos chevaux qui absorbent l'espace
Au sommet d'une colline j'allume une flamme
Pour qu'on sache qu'un homme une femme
Fêterons sous la Lune la nuit de l'origine
Sacrifice au bohneur de leurs âmes, au futur de leurs fils
Ici les Dieux s'adorent sans aucun artifice

Je nous veux sans frontières, sans limites et sans lois
Je veux te respirer, te vivre et vivre en toi
Et croire qu'avant nous tout ça n'existait pas


 

 

 

20:14 Publié dans amour | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : amour, foi, daran, vidéo

07/06/2009

e-mail d'amour

Réveillé comme d'habitude à 5 heures du matin, il se dirigea vers la cuisine pour se préparer le café. Il avait le temps de réviser un peu ses dossiers et d'écrire à Dana. Il savait avec quel plaisir elle attendait ses mails qui, dès le petit matin, enluminaient ses journées et lui donnaient de l'élan dans son combat quotidien où sa fraîcheur, sa douceur et son innocence lui tenaient lieu de baguette magique. Un clic, et elle était emportée par la magie de sa présence soudaine. Le petit miracle de l'amour se poursuivait. D'abord, elle dévorait le texte. Vite, arriver au bout, tout savoir. Puis, elle le relisait plus posément, elle le dégustait, s'arrêtait sur un mot, sur une phrase...

La tasse fumante à la main, il s'installa devant le bureau, ouvrit l'ordinateur et glissa dans les rêves de Dana les mots suivants:

" Mon Amélie à moi,

lorsque j'ai commencé à te parler, il y a quelques années déjà, j'étais en quelque sorte blasé, ennuyé, j'avais mes principes et le sentiment de tout connaître, je pensais que la vie était synonyme de la connaissance et je m'inclinais devant l'intellect, je me rapportais à l'existence exclusivement par l'intellect. J'étais capable de théoriser à l'infini sur n'importe quel sujet, j'avais énormément lu et ma mémoire avait tout retenu comme une maison trop encombrée de vieux meubles. J'étais souvent déprimé, triste, mécontent...Je fus ébloui de rencontrer une femme-enfant, une femme que la vie n'a pas eu le pouvoir de maculer, de fatiguer, de décourager comme moi qui pensais  avoir tout vécu. Je réalise, à présent, que j'étais dans une impasse existentielle et que j'avais une approche fautive, j'avais construit un point de vue erroné et j'étais l'esclave de la tendance obsessive de tout vouloir expliquer, démontrer, appréhender, tout en essayant de cloisonner ce phénomène complexe qu'est la vie et qui est, au fait, incognoscible dans sa réalité. Tu ne m'as rien expliqué, rien essayé de me démontrer, moi, au contraire, j'étais toujours prêt à te parler de mes doutes, de mes principes, de mes angoisses, n'importe qui aurait pris la fuite, mais pas toi. Tu étais là, avec le parfum de ton existence, à me réchauffer le coeur. Toujours tu as su être toi-même, authentique et unique, sans essayer d'imposer une certaine image. J'ai compris, en vivant à tes côtés, le sens de la simplicité, de la modestie, de la sérénité, de la joie d'exister, de la divinité perçue comme une manifestation de l'amour.  Je voulais juste te remercier aujourd'hui pour cet amour avec lequel tu m'as reçu dans ta vie comme l'on reçoit un enfant qui vient de faire un mauvais rêve et que l'on réveille avec un câlin et un tendre baiser déposé sur son front.

A ce soir. J'ai tellement hâte de te revoir. Je t'aime. "

Il se leva, enfila sa veste et sortit. Une fois dehors, il leva les yeux vers le ciel, comme d'habitude. Des nuages menaçants s'amoncelaient, présageant un orage terrifiant. Les éclairs se suivaient, illuminaient l'horizon d'une lumière si blanche qu'on pouvait à peine la regarder. Les arbres, les buissons prenaient des formes bizarres. Les roulements de tonnerre étaient à la mesure de ce déferlement, l'univers semblait se disloquer. Puis, comme une délivrance, la pluie se mit à tomber tiède, drue, en noyant les rues et les passants courageux.

Il pensa de nouveau à Dana. C'est par de tels orages qu'elle prenait un plaisir fou à lire, nichée sous la couette,, bercée par une musique planante.

Il se dirigea vers la voiture. La journée s'annonçait légère, juste quelques interventions assez banales, mais, comme il devait rejoindre Dana ce soir-là, il était impatient de finir le plus vite possible.

A 2 heures, il sortit de l'hôpital, s'arrêta à la superette du coin pour acheter une bouteille de Porto, ensuite passa dans un club-vidéo pour louer le DVD promis.

La pluie tombait encore, mais d'une manière douce, régulière. Il sourit en pensée, en imaginant avec quel plaisir elle se blotissait contre lui pendant qu'ils regardaient un film, coupés du monde et de tout ennui. Deux petits verres  remplis de Porto et quelques bougies parfumées étaient suffisants pour parfaire le décor.

Il pressa le pas dans l'escalier. Son sourire, sa voix et ses cheveux à caresser, ses mains sur  lui manquaient trop. Il brûlait de la retrouver et de la presser contre son âme...

 

Voilà Chriss, j'ai répondu, à ma manière, à ton tag.

Voici le questionnaire auquel il fallait  répondre:

 

Alors, mes "tagués" sont:

Jeanne, immuable, MamanCélib, Charl' et Bougrenette (car elle adore cela ! ) Les autres peuvent se considérer tagués aussi, car je suis très curieuse d'apprendre ce qui leur fait le plus plaisir.

Bises à tous et à toutes.

Si Amélie Poulain aime briser la croûte d'une crème brûlée avec la pointe de la petite cuillère, faire des ricochets sur le canal Saint Martin et plonger la main dans un sac de grains, nous avons tous et toutes des petits plaisirs qui n'appartiennent qu'à nous et nous redonnent du baume au coeur.
Quels sont, comme Amélie, les trois petits plaisirs qui vous redonnent le baume au coeur?
( taguer ensuite 5 personnes en indiquant celle qui vous a envoyé ce tag)

 

18/05/2009

touched by your light

Une journaliste roumaine parlait sur son blog des mots  des autres qui ont pensé pour nous, senti pour nous, libéré pour nous des amours ou des désespoirs mieux, peut-être, sûrement, que nous ne pouvons pas le faire. Quel étonnant bonheur, par exemple,  que cette déclaration  :

"I your eyes, I see the doorway to a thousand churches "

Et de me dire qu'il y a  au moins deux hommes  à me faire sentir la force de cet amour aux pouvoirs rédemptrices qui me révigore comme l'Eucharistie revigore le chrétien. L'un c'est, évidemment, Peter Gabriel. L'autre, lointain, fait pousser des herbes dans le désert et rassérènne ma solitude. Je l'avoue, je n'ai pas eu le courage de le reconnaître. Mais il viendra me chercher, me semer, me cueillir.  Son amour est "un temple". J'enlèverai mes bottes au seuil de la porte. Je ferai une prière avant d'y entrer. L'amour a désormais ses yeux et , sur ses épaules, je vais enfin reposer mes mains. Les larmes se meurent avec cet arc-en-ciel qu'il fait jaillir de mon être et je n'ai plus peur de ce terrible bonheur qu'il amène.

"para entrar en el cielo, no es preciso morir..."

Vous pouvez aussi relayer, si le coeur vous en dit, par des mots, des vers inscrits dans votre mémoire poétique.

20:31 Publié dans amour | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : amour, foi, peter gabriel, vidéo

05/04/2009

J'y crois. Encore et Toujours

Je suis superstitieuse. Pas au point de faire demi-tour lorsque je croise un chat noir, mais je lui envoie pourtant une pensée négative. J'évite de partir en voyage le mardi, bien que j'aie pris l'avion un mardi 13. Pour conjurer le sort peut-être, pour me prouver que c'est juste des croyances d'un passé révolu. Chez nous, à la campagne surtout, on ne lave pas le linge le samedi, on enduit les portes d'ail la nuit de la Saint-Andreï pour que les vampires ne puissent pas entrer, on ne travaille pas le dimanche en disant que "même l'herbe ne pousse pas. "

Mais d'ici jusqu'à nous envisager comme des gens du Moyen Age vivant dans l'ignorance c'est une grave erreur et un manque de respect affligeant. De quel droit nous appelle-t-on des "pigs-croyants", "des grenouilles de bénitier faisant des génuflexions devant les autels"? C'est de l'humour? Désolée, plutôt du sarcasme. Il y a une limite à tout. Et cette limite est imposée par l'humanité qu'on devrait porter en soi et par le respect pour autrui.

Je prends la liberté de me taire lorsqu'on m'accuse moi, injustement. Surtout si l'adversaire ne mérite pas que je sorte l'épée. Mais cela me hérisse qu'on se moque de mon peuple tellement éprouvé dans son histoire et, plus récemment, par la peste rouge. Où étaient-ils, tous ces donneurs de leçons lorsque, pendant le communisme on nous interdisait le sapin de Noël et les oeufs de Pâques, on démolissait nos églises, on emprisonnait les intellectuels de marque de mon pays pour la faute d'avoir lu Cioran et pour le crime de croire en Dieu? Ah bon, il n'y avait pas Internet à l'époque! C'est tellement facile de se rebeller confortablement assis dans son fauteuil.

Comment peut-on prôner la tolérance et prendre en dérision les gens pour leur foi? Je ne me permettrais jamais de le faire. Lorsque j'habitais en Nouvelle Zélande, je cotôyais des gens de toutes les religions. Ils respectaient mon jeûne, je respectais leur ramadan ou leurs "fasting days". Ils préparaient même des plats pour moi pendant le Carême. J'ai rarement reçu autant d'humanité que parmi ces gens exilés dans un pays pas trop accueillant, malgré les sourires affichés à chaque pas.

On peut, bien sûr, avoir son opinion et l'exprimer d'une manière décente. Sans arrogance et sans mépris. Mais qu'on se mette systématiquement à se moquer, c'est decevant. Cela me rappelle les fidèles au parti communiste qui obligeaient les profs à donner des cours "d'éducation athéiste".

Dans son "Journal du bonheur", Nicolae Steinhardt identifie trois solutions pour  s'évader d'un univers concentrionnaire: celle de Soljenitine (la mort consentie, assumée, anticipée, provoquée), celle de Zinoviev (le buffon du roi Lear, le loup de la Fontaine, l'enfant candide du conte d'Andersen), et enfin, celle de Churchill ( le courage doublé d'une euphorie sans limites ). Le secret de ceux qui n'acceptent pas le vide totalitaire c'est qu'ils aiment la vie au détriment de la mort. Et la mort ce n'est que Lui qui l'a vaincue. Voilà donc, une quatrième solution, mystique, celle de la foi.

 Je ne vous parlerai pas de ma foi. C'est trop intime. Je vous dirai seulement que je suis foncièrement et discrètement croyante. De même que mes collègues, un florilège de femmes superbes, intelligentes et émancipées. Et si jamais vous me rendez visite, je vous emmènerai voir des monastères parsemés autour de ma petite ville. Les Roumains, placés au carrefour des chemins de la géographie et de l'histoire, n'ont pas eu la vocation des cathédrales. C'est l'une des raisons, je crois, pour laquelle on n'est pas pris de vertige devant leurs murailles comme devant les tours gothiques. A défaut d'ériger des colosses qui caressent les nues, ils s'en sont remis aux sommets des montagnes.

C'est dans cette foi et dans cet environnement béni que je puise mon équilibre, ma douceur et mon harmonie.

Je me suis interrogé à plusieurs reprises sur l'utilité de ce blog apparu par caprice, par mimétisme.  Je ne suis pas Française, je n'ai pas le don de l'écriture, on m'a même reproché de n'avoir aucun sens de l'humour. J'ai aujourd'hui trouvé la réponse.

J'écris parce que vous avez besoin de moi. Je suis votre différence.