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14/03/2007

Un printemps avec moi

Depuis presque deux années, mes saisons étaient mélangées  et j'avais un peu de mal à les vivre .

Je ne m'y retrouvais plus. Je les voyais venir , mais c'était comme si j'étais absente.

C'est pourquoi , cette promesse d'un printemps si proche que la nature me fait, me donne de l'élan et fait frissonner mon âme.

Il montre le bout de son nez au coeur d'un hiver qui n'en est pas un. Les jours s'étirent imperceptiblement  et la lumière s'égaie. Les fenêtres s'ouvrent  pour accueillir le vent parfumé et le soleil.

Je vais bientôt pouvoir flâner sur les collines, m'enivrer des odeurs de la terre et des arbres.

Les mimosas se couvrent de grappes jaunes... Les jacinthes sur mon bureau exhalent de délicats parfums.

Bientôt les premières jonquilles, bientôt l'odeur des lilas  et la neige des peupliers au- dessus de la ville.

Le soleil brille dehors même s'il fait encore frais. Il brille  dans mon coeur  aussi car il est quoi en fait , le printemps, sinon un état d'esprit ?

Voilà autant de raisons de se réjouir. Quoi qu'il arrive.

 

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Massive Attack - Silent Spring

13/03/2007

Mois de fiel

" Veille à ce que tu ne te fondes pas dans la personnalité d'autrui, homme ou femme" ( Scott Fitzgerald).

C'est le motto de ce roman de Pascal Bruckner, un livre avec une personnalité forte et dangereuse à la fois et où l'on risque de se perdre, pareillement à Didier, le personnage-victime qui se laisse ensorceler par les histoires créées pour lui par Franz, son bourreau.

Malgré qu'il dise à Didier : " Je ne te demande pas grand-chose : seulement d'être un auditoire attentif. Je ne m'adresse donc qu'à tes oreilles, toi, tu ne risques rien. " On constate qu'au fur et à mesure les choses prennent une autre tournure, que ce que Franz raconte sur sa relation avec Rebecca - dont on ne sera jamais si elle est ou non "vraie " - éveille en lui des échos, suscite des pensées et des ressentis que, normalement, il n'aurait pas eus et qui finissent pas l'anéantir.

Telle une araignée, cet infirme impitoyable tisse sa toile de mots empoisonnés.

Fatigué, tout comme Béatrice par la vie "vaine" et "profane" de la vielle Europe, par la monotonie de sa profession et de sa vie de couple  et convaincu que la vraie vie est ailleurs, dans les Indes par exemple, Didier s'était embarqué sur ce bateau fou qui échouera dans une prison d'Instanbul.

C'est cet état d'esprit que Franz exploite. A mesure qu'il fréquente la cabine de celui-ci, véritable "atelier de détraquement sentimental", les sentiments pour Béatrice se rouillent et s'éteignent. Loin d'être un catalyseur, les propos de Franz s'avèrent producteurs d'une errance définitive.

Il ne voit plus qu'une seule voie d'accès à la Vérité : Rebecca. Une Rebecca racontée, une Rebecca des mots, habillement confectionnée et qui inspire à la fois, une horreur et une attirance illimitées.

" Il me fait goûter à sa femme par ses mots", avoue Didier.

Ei il goûte, inlassablement, à ce corps qui induit en lui les fantasmes de la délivrance de son existence sordide, de sa médiocrité bourgeoise. Les fabuleux accouplements que Franz raconte (invente?), la description détaillée des intimités du corps de Rebecca, les scènes d'ondinisme relatées avec une horreur sacrée, tout cela suscite chez Didier la répulsion mais, en même temps, le sentiment que le renoncement à une sexualité normale et l'érotisation du corps tout entier et de toutes ses fonctions sont la voie extrêmement périlleuse mais royale qui mène à la réalisation de toutes les possibilités inscrites dans l'être humain.

Didier se laisse donc envelopper  par le feu artificiellement allumé par Franz et il va se brûler les ailes.

Le lecteur risque de courir le même danger  et il peut céder à la tentation de prendre pour vraies les considérations de Franz sur la vie de couple, incité comme il est peut-être par la tendance générale de notre époque vers un "désordre amoureux" perçu et célébré souvent comme émancipation, comme délivrance du carcan des préjugés mutilants.

Aveuglé par "l'évidence" des propos de Franz, aveuglé aussi par les insatisfactions de sa propre vie, un tel lecteur ne verra plus que la voie empruntée par Didier mène à une impasse qui, au lieu de le conduire au pays des promesses où coulent des rivières de miel, l'abandonneront dans un immense désert, empoisonné de fiel.

                                                  

11/03/2007

Hamlet

 

Un philosophe roumain contemporain semble avoir trouvé le responsable pour tout ce qui ne va pas bien dans notre pays.

Vous ne le devinerez jamais : c'est Hamlet !

Lui, qui est incapable d'accepter un état de choses qui contrarie la morale et le bon sens. Il ne comprend pas que le monde a besoin de calme, d'un nouvel ordre, d'une normalité ne fut-ce qu'apparente. Alors que les hommes de cour ferment les yeux et valident le mensonge et le crime, lui, il ne veut pas le faire. Il est le seul à avoir l'âme en peine, à se tourmenter et tourmenter aussi ceux qui sont dispos à ne pas se poser des questions et que le secret du sang versé ne trouble absolument pas.

Lui, avec ses questions, avec ses angoisses, sa tristesse et son deuil  irrite, agace, indispose. On a beau lui proposer d’oublier, de se réjouir, d’étudier. De rester dans son espacé privilégié, entouré de ses livres, cet espace exempt du danger de la réalite.

Cet étudiant têtu qui empêche la vie de suivre son cours et vient troubler les eaux  ne sait pas qu’à partir du moment où il commence à poser des questions il entre sur le terrain de la politique, cet espace dominé par le mensonge, la haine et le crime.

Il est dangereux, Hamlet. Et tellement naïf  ! Il s’imagine pouvoir changer le monde. Il faut donc qu’il disparaisse. Par n’importe quel moyen. Au fait,  par les moyens de toutes les époques  utilisés contre les intellectuels gênants : conseils malveillants des faux-amis, des scénarios ourdis soigneusement, dénigrement, provocation.  

Hamlet est donc le grand coupable. Ce n’est pas le roi, ce n’est pas l’inertie imbécile des hommes de cour non plus ou leur participation active au scénario du mensonge.

C’est Hamlet ! Celui qui refuse de fermer les yeux  et veut, de surcroît, ouvrir ceux des autres sur la vérité. Il veut rendre publique cette verité, la dévoiler, la mettre en scène.

Cette publicité de la vérité, ce bouleversement des consciences, tout cela c’est la faute à Hamlet.

Comment une "démocratie fragile" comme la nôtre pourrait-elle supporter un tel personnage ?

(traduction/ adaptation du texte de Gabriel Liiceanu)

                                 

08/03/2007

Définition

 

Au cas où vous ne le sauriez pas...

"gagner le tiercé cela signifie

que quelqu'un t'aime très fort..."

(réplique du film "Je vous trouve très beau")

Moi remercier toi pour ce merveilleux film.

                        

Bob Lenox : "In my Way" ... chanté dans le film.


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12:20 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (2)

07/03/2007

Le Baiser

C'était en 1907.

Brancusi avait passé la trentaine et il travaillait dans l'atelier de Rodin qui lui demanda de faire une copie du  "Baiser". C'est alors qu'il sentit qu'il était grand-temps de quitter l'atelier du maître.

Ce qu'il fit d'ailleurs, en lui disant :

"Rien ne pousse à l'ombre des grands arbres."

Il rêvait de créer son propre Baiser.

"Je devrai sculpter un couple, sans détruire l'impression de solide que donne la pierre. C'est pourquoi les deux visages ne seront qu'esquissés. Ca pourrait ressembler à une sculpture primitive ou à une sculpture grecque, mais elle ne leur ressemblera pas. Elle ne va correspondre à aucune époque. Elle appartiendra à l'Eternité. Ca va me prendre beaucoup de temps pour parvenir à une telle simplicité."

Le Baiser de Brancusi, c'est la fusion, l'écrasement des deux physionomies, le presque désespoir de l'étreinte suggéré par le prolongement des bras entourant la nuque.

On ne parvient pas à l'union et à l'harmonie par le charnel. C'est une illusion.

Ce que Brancusi nous transmet là, c'est, en fait, la conception des paysans roumains et de tous les peuples monogames d'ailleurs, leur vison sur l'amour et le mariage, indisollubles.

Le Baiser réapparaît sur la "Porte du Baiser".

Ici, la simplicité est opérée jusqu'au motif de l'oeuf qui se répète dans plusieurs médaillons. L'oeuf est coupé exactement en deux : Homme et Femme, symbole de la fécondité universelle.

                                                     

Le Baiser de BRANCUSI

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   La porte de BRANCUSI

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23/02/2007

Littérature et Nombres...

Je viens de lire ce roman :  "Oncle Pedros et la conjecture de Goldbach" que vous connaissez peut-être.

"Tout nombre pair supérieur à 2 est la somme de deux nombres primes."

Les maths se révèlent dans ce roman comme un personnage surprenant pour ceux qui les aiment, mais aussi pour ceux qui les détestent, les nombres étant porteurs d’une indescriptible poésie. Une histoire avec des hommes fragiles (impairs) et des nombres forts (pairs). Une histoire qui relie le destin d’un enfant curieux à celui d’un oncle très discret.

Et bien que l’éditeur anglais du livre ait offert une récompense de 1.000.000 de dollars, personne n’a encore réussi à démontrer la vérité de cette observation pourtant si facile à vérifier par des essais successifs.

Comme quoi, les choses simples, vraies et importantes de la vie n’ont pas besoin de preuves...

14/02/2007

"St Valentin" ou "Dragobete"...

Certains soutiennent que l'on devrait respecter nos traditions. Il y en a aussi, des jeunes surtout, qui trouvent la fête "américaine" plus cool. D'autres enfin, plus conciliants, affirment que toute occasion est bonne pour célébrer l'amour, quelle qu'en soit l'origine.

On devrait connaître plus à fond les significations, le symbolisme de chaque fête pour se rendre compte que la Saint Valentin n'est pas qu'un simple échange de cadeaux plus ou moins coûteux, de babioles plus ou moins kitsch, et que le Dragobete n'est pas qu'une fête campagnarde désuète.

On ne peut pas affirmer avec précision qui a été Valentin. La variante la plus répandue le consacre comme un prêtre qui aurait vécu au temps de Claudius, au III-ème siècle après J. C., et qui a désobei à l'ordre de l'Empereur interdisant les mariages, car les hommes refusaient de rentrer dans ses régiments. Secrètement, Valentin a officié quelques mariages, ce pourquoi il a été jeté en prison. Là, il est tombé amoureux de la fille du gardien qui lui envoyait chaque jour des lettres d'amour. D'où la tradition de s'envoyer des cartes de voeux le jour de la Saint-Valentin. Le prêtre a été exécuté le 14 février , fête religieuse à partir du V-ème siècle.

Quant au Dragobete, appelé aussi "Début de Printemps" ou "Le Fiancé des Oiseaux", on le célèbre le 24 février, date à laquelle on pense que la nature se réveille du long sommeil hivernal.

Dragobete est un dieu ancien, appartenant au panthéon balkanique, un dieu de la fertilité, de la fécondité, de la sensualité, de l'amour. Il est celui qui officiait dans le ciel les noces des oiseaux. Le 24 février c'est le jour où tout renaît, les plantes sont pourvues d'une double force, matérielle et spirituelle, nourriture et remède, panacées et talismans qu'on porte en son sein. Les gens s'approchent les uns des autres, les femmes mariées doivent toucher des hommes étrangers, les jeunes filles doivent se rendre au bois accompagnées par des garçons, cueillir les premiers perce-neige, boire l'eau des neiges qui commencent à fondre, et surtout rire ensemble.

C'est le jour où il faut absolument quitter la maison, courir les champs, cueillir des fleurs, respirer le printemps, l'appeler sur la terre, danser, crier sa joie... Etre avec l'être aimé. C'est peut-être la force de ces dieux païens des portes de l'Orient, une force due à cette convulsion balkanique, une fête plus "charnelle" louvée entre les Carpates fières et le Danube emportant des envies , des frissons et des mystères...

Un dieu peut-être violent, un "représentant" typique, de cette culture dionisiaque, plus volupteux, plus fougueux que le délicat Valentin.

Alors… laquelle choisir ? Les deux, bien sûr, pour avoir deux dîners en amoureux, deux déclarations romantiques, deux cadeaux, deux tenues de gala, deux occasions d' être aimé(e). Et dix jours d'amour...

                                                      

"Te voi lubi"

podcast                                                                                     

Parfum(s) de vie

 
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Etes-vous sensibles aux odeurs ? Je suis quelqu'un qui fonctionne au nez. C'est toujours par mes narines que je fais connaissance avec les lieux que je ne connaissais pas. L'examen visuel vient après, d'abord je renifle, je hume, je sens. Et je me fais immédiatement une impression, bonne ou mauvaise, rien qu'avec des odeurs. Il est vrai qu'avec la rhinite, "ma" rhinite comme aurait dit Cioran -souvenir d'un mois passé à Caen- c'est plus difficile de sentir, surtout le printemps.
                                                                   
Un écrivain roumain comparait les livres avec les gens. En paraphrasant, je dirais que les gens sont comme les parfums.
Il y en a que l'on rencontre à chaque pas et que l'on oublie tout de suite ; cela ne nous fait aucune impression. D'autres que l'on a aimés à un moment donné, mais qui ne nous disent plus rien. Et puis, il y a les parfums qui passent sur nous comme une brise, sans impregner l'atmosphère mais qui nous donnent envie de suivre leur trace... A chaque fois qu'on les sent, cela a l'effet de la petite madeleine de Proust.
                                                          
J'en achète toujours en petits flacons et je les utilise selon le moment et mes humeurs.
Parfum de fourrure ou de cuir, parfum de marron à la vanille, parfum d'hiver ou de printemps, parfum de soir ou de nuit, parfum des réveils dans ses bras, parfum de sa peau, parfum de ses lèvres...
Parfum de joie ou de chagrin...
Parfum d'homme...
Parfum de femme...
Parfum de vie.
                                  

19:55 Publié dans parfums | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : parfum, odeurs, vie, Cioran

13/02/2007

Thé...

Je prends souvent mon "dîner" dans une petite cafétéria, nouvellement réaménagée. Je sors pour m'éloigner un peu de mes pensées et pour me réchauffer un peu le coeur, car tout ce décor avec des chaises en cuir vert et aux bras en fer forgé, des hamacs accrochés aux arbres et le gazon vert (en été), une musique douce, agréable convient à mon état d'esprit.

                                                                  

Moi je prends toujours du thé ; je choisis à chaque fois un autre, accompagné d'un petit pot de miel  et de trois petits gâteaux délicats. Mon dernier thé, le "55", était un mélange de thé vert, avec de la peau d'orange, des clous de girofle, du gingembre et de l'ananas.

D'abord, je le respire et les parfums de l'Orient me rappellent les poèmes de Baudelaire :
"des arbres singuliers et des fruits savoureux..."
                                             
Puis je prends une gorgée en laissant voguer mes pensées, et je lis :
"Le thé symbolise la liqueur des gens qui accomplissent un rituel et, pareil aux pluies à verse amenées par la mousson, apporte le calme et encourage la conversation et la détente. Idées et traditions se mélangent délicatement dans la transparence raffinée et légèrement vaporeuse du thé." ( Pascal Bruckner)
                                                            
Je bois une deuxième gorgée, je pense à toi et je lis :
"L'homme est incapable de comprendre la vérité et la beauté avant d'avoir siroté un peu de thé." (proverbe japonais)
                                               
Une troisième gorgée, je pense à toi et je lis :
"L'extase, c'est une tasse de thé et un morceau de sucre tenu à la bouche" (Aleksandr Pushkin) et je me dis que j'aimerais être un de ces morceaux de sucre qui ne se dissout pas facilement dans ta bouche...
                                                                               
Les vertus du thé se répandent en moi  et je me sens revigorée  et je souris en lisant ces mots de Nancy Reagan :
"Les femmes sont comme les sachets de thé. Elles ne doutent de leur force jusqu'à ce qu'elles se réveillent dans de l'eau bouillie."
                                                       
Et je finis la première tasse, je la remplis de nouveau et je me tais ou bien je note toutes ces réflexions qui me traversent l'esprit. Mon amie n'est pas bavarde et l'endroit est presque désert à cette heure-là.
                                                  
Les souvenirs sont là et ce décor tamisé en nourrit le flot, mêlant de la douceur à une amertume jamais douloureuse...
Epices indéchiffrables.
Arômes, saveurs, rêveries...
                                                    

Ouverture...

Je voulais un blog... donc il fallait forcément choisir d'abord un titre.

Un titre qui ne soit ni trop long, ni trop prétentieux, ni trop gnangnan ou eau de rose.

Ce titre a jailli un matin, lorsque j'ai posé le regard sur ces deux figurines enlacées que l'on m'a offertes à Noël.

D'habitude on y met le sel et le poivre, mais moi je les garde précieusement sur mon bureau.

Leur image a fait ressurgir mon conte préféré du temps où je souriais sans rides.

                                                                        

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C'est l'histoire d'un roi dont la fille cadette lui déclare un jour : "Je t'aime comme le sel dans les plats." Il est très vexé et il la relègue à la cuisine où elle commence à lui préparer des plats sans sel...

Essayez d'imaginer... pourriez-vous en manger ? Des plats fades, maladifs, qui ne font pas briller nos yeux, qui ne donnent aucune envie d'y goûter, qui laissent indifférents nos sens.

Si un jour on nous interdisait le sel, on ouvrirait fébrilement le placard pour épicer un peu notre vie, pour lui rendre le goût, la saveur.

Avec un peu de poivre, par exemple !