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11/03/2007

Hamlet

 

Un philosophe roumain contemporain semble avoir trouvé le responsable pour tout ce qui ne va pas bien dans notre pays.

Vous ne le devinerez jamais : c'est Hamlet !

Lui, qui est incapable d'accepter un état de choses qui contrarie la morale et le bon sens. Il ne comprend pas que le monde a besoin de calme, d'un nouvel ordre, d'une normalité ne fut-ce qu'apparente. Alors que les hommes de cour ferment les yeux et valident le mensonge et le crime, lui, il ne veut pas le faire. Il est le seul à avoir l'âme en peine, à se tourmenter et tourmenter aussi ceux qui sont dispos à ne pas se poser des questions et que le secret du sang versé ne trouble absolument pas.

Lui, avec ses questions, avec ses angoisses, sa tristesse et son deuil  irrite, agace, indispose. On a beau lui proposer d’oublier, de se réjouir, d’étudier. De rester dans son espacé privilégié, entouré de ses livres, cet espace exempt du danger de la réalite.

Cet étudiant têtu qui empêche la vie de suivre son cours et vient troubler les eaux  ne sait pas qu’à partir du moment où il commence à poser des questions il entre sur le terrain de la politique, cet espace dominé par le mensonge, la haine et le crime.

Il est dangereux, Hamlet. Et tellement naïf  ! Il s’imagine pouvoir changer le monde. Il faut donc qu’il disparaisse. Par n’importe quel moyen. Au fait,  par les moyens de toutes les époques  utilisés contre les intellectuels gênants : conseils malveillants des faux-amis, des scénarios ourdis soigneusement, dénigrement, provocation.  

Hamlet est donc le grand coupable. Ce n’est pas le roi, ce n’est pas l’inertie imbécile des hommes de cour non plus ou leur participation active au scénario du mensonge.

C’est Hamlet ! Celui qui refuse de fermer les yeux  et veut, de surcroît, ouvrir ceux des autres sur la vérité. Il veut rendre publique cette verité, la dévoiler, la mettre en scène.

Cette publicité de la vérité, ce bouleversement des consciences, tout cela c’est la faute à Hamlet.

Comment une "démocratie fragile" comme la nôtre pourrait-elle supporter un tel personnage ?

(traduction/ adaptation du texte de Gabriel Liiceanu)