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29/06/2007

Le cinquième jour

" Le cinquième jour il fit les avions. Si on les prend pas , on peut les regarder passer."

Du départ il n'en reste que la fièvre et ce regard avec quelque chose au fond qui se démène.

Ces gouttes de pluie acide - mince, elle a un goût salé ! - pour effacer dans tes souvenirs le parfum de sa peau, cet espace vide au bout de tes doigts, elle est où cette main qui a effleuré ta main qui a effleuré son âme ?

Et ces mots voyageurs, insouciants, tantôt éthérés, inconsistants, tantôt lourds comme des serments.

Des mots qu'on écrit dans un pays et qu'on lit dans un autre, des mots qui défient le temps et l'espace. Et qui traduisent là- bas l'âme d'ici.

Comme je les envie d'avoir le don de l'ubiquité !

Douloureux, anachroniques mots.

Si seulement vous pouviez combler ces espaces vides !

 

Empty Spaces - FMA MVA

 

27/05/2007

Cu cirese la urechi

Il m'a toujours semblé un peu agressif, un peu méchant, cet été qui n'en fait qu' à sa tête.

Il y a des jours où l'on ne désire qu'une pluie à verse comme du baume sur le coeur , et l'on reçoit cette canicule sèche, énervante, on est las , on ne cherche qu'on petit abri. D'autres fois, par contre, la pluie tombe sans arrêt, monotone,  ni trop romantique ni trop gaie,  paralysant toute initiative et toute envie d'évasion.

Mais on lui pardonne tout pour la  fraîcheur des fruits et  des légumes, pour ces tableaux en rouge et vert qu’elle crée.  Radis, épinards, choux d’amour . Fraises et cerises.

Les cerises surtout me ramènent toujours à l’enfance et me donnent envie d’en faire une éphémère  parure. Je sais, je devrais mûrir. Mais, il paraît que chez certaines gens le thymus, la glande de l’enfance,  met plus de temps à disparaître.  Toute la vie.

Il y reste comme un endroit un peu mou dans la poitrine qui nous sauve de l’anémie de l’ âme et de la cécité sentimentale.

 Afin que l’on puisse s’aventurer encore et encore dans les méandres de l’amour et du rêve.

 

 

10/05/2007

Les acacias

L' autre jour, en entrant en classe, j'ai froncé les sourcils. Toutes les fenêtres étaient larges ouvertes et il y avait un courant d'air terrible. Mais les élèves s'en fichaient.

Je me suis dirigée, d' un pas décidé, vers la fenêtre la plus proche et là, je  me suis figée. Juste devant moi , un acacia fleuri dont j'ignorais l' existence , tendait ses grappes vers moi.

J'ai fermé les yeux - car ce n'est que les yeux clos que l'on peut s'abreuver d'un tel parfum - et j'ai  senti...

Le goût des crêpes étranges préparées par ma mère

La soie  des lèvres qui , une nuit d' été, ont goûté des fleurs d' acacia sur les miennes

Amadouée, je suis revenue à ma place, pour finir , à grand- peine, le cours.

Car j'entendais mon âme qui ne cessait de frissonner, de murmurer cette chanson d'un troubadour moderne roumain :

" Les acacias sont devenus fous

De tant de printemps

Ils se promènent , l'âme au vent

Elle est ivre, elle aussi, la forêt

Et, il se passe, il paraît

Quelque chose avec le monde tout entier

Oui, les acacias sont devenus fous

Et tu veux que je sois sage ? "

 

Pendant tout ce temps, évidemment, les fenêtres de la classe sont restées larges ouvertes.

 

TUDOR GHEORGHE- Salcamii ( Les acacias)

22/04/2007

Les Arbres de l'Amour

 Il y a à Auckland  un petit parc où le conseil local et les parents ont planté un arbre pour chaque enfant né en 2003. Il y en a de toutes les formes et de toutes les tailles et j'aimerais bien réunir ces enfants histoire de voir s'ils ressemblent à leur arbre.

Un jour, en m'y promenant,  j'ai eu l'idée d'imaginer les amours  comme ces arbres uniques de la Nouvelle Zélande.

J'ai vu  des amours délicats, purs comme les petites fleurs blanches du NGAIO. Des amours comme les KAURI, arbre sacré et sage dont le bois est d'une solidité et d'une résistance à l'eau incroyables. Mais, lorsqu'on entaille l'écorce d'un KAURI, la sève s'échappe constamment et la blessure ne cicatrise jamais...

Il y avait  aussi des amours savoureux comme le goût des feuilles du CHOU- PALMISTE et des amours un peu hésitants, trébuchants comme les KOWHAI qui ont besoin de six jusqu'à dix ans pour bien fleurir et s'épanouir ou, au contraire, des amours "inflammables" comme le MIMOSA d'HIVER qui a une croissance rapide mais une durée de vie relativement courte !

Des amours envahissants, dévorateurs comme un RATA qui commence à pousser par une graine déposée au sommet d'un arbre lequel va devenir son support et qui, en faisant descendre, petit à petit , des racines aériennes, finit par étrangler son arbre support !

Mais mes amours favoris sont les POHUTUKAWAS, les "arbres de Nöel " de la Nouvelle Zélande , qui resplendissent en fait presque toute l'année de leur manteau rouge vif, remplis de leurs magnifiques fleurs. Ce sont des amours heureux, sereins, solides dont les racines peuvent longer les rochers tout en prenant des formes très tourmentées. Car ce n'est que pour chercher le meilleur chemin pour soutenir par la suite tout le poids de l'arbre adulte. De l'amour grand, mûr...

Je n'ai pas pu   m'empêcher de penser aux amours stériles, aux amours voués à l'échec dès le début. Aux amours qui restent à distance ou à ceux qui se consomment dans le noir, par écrans interposés. Des amours clandestins...J'ai pensé aux amours effrités , naufragés, artificiels , surfaits. Aux amours irréalisés, qui se sont arrêtés à mi-chemin ou qui, comme disait une  amie, ont été écourtés par une réalité trop brutale.

Des forêts qui auraient pu être... Des forêts qui ne le seront jamais...

06/04/2007

Vacances

  Aujourd'hui j'ai vu dans la cour de récré un gosse qui sautillait comme un moineau  tout  en s'écriant :

" on nous a donné des vacances ! "

Il était  content comme s'il avait reçu  un précieux trésor.

Je me suis contenu  de sautiller comme lui, j'ai juste réalisé que moi aussi je suis en vacances.

A partir de demain.

Plus de copies à corriger, le téléphone qui va arrêter de sonner.

Et moi de profiter pour être avec des êtres chers ( comme j'aimerais avoir le don de l'ubicuité ! ) , pour lire un peu, regarder quelques films , flemmarder, musarder, bref,  perdre mon temps, car il n'y a pas, au bout du compte, plus grand luxe que celui -là : disposer à sa guise des minutes qui passent.

A bientôt.

Et  Joyeuses Pâques. 

JEHRO & PAOLO  NUTINI - Daydream

04:52 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Pâques, vacances, musique

05/04/2007

Du temps au temps

 Je me suis surprise de répéter trop souvent ces derniers jours : "Je n'ai pas le temps".

Noyée  dans le tourbillon des obligations professionnelles, j'ai trop souvent répondu à mes proches : "Désolée, pas le temps" alors qu'ils m'appellaient juste parce que je leur manquais, parce qu'ils voulaient me rappeler qu'ils étaient toujours là.

Et ce soir, comme par hasard, je suis tombée sur ces pensées d'un écrivain roumain et j'ai eu comme un frisson au coeur.

"Nous avons du temps pour tout.

Pour dormir, pour courir à droite et à gauche

pour regretter d'avoir fait une erreur et en faire d'autres

pour juger les autres et nous disculper nous-mêmes

nous avons le temps de lire et d'écrire

de corriger ce que l'on a écrit et regretter d'avoir écrit

nous avons du temps pour faire des projets et pour ne pas les respecter

pour  bâtir des illusions et fouiller dans leurs cendres plus tard

nous avons du temps pour les ambitions et les orgueuils

pour accuser le destin et les détails

nous avons du temps pour chasser les questions et ajourner les réponses

pour fouler aux pieds les rêves et en inventer d'autres

pour nous faire des amis et les perdre par la suite

nous avons du temps pour recevoir des présents qu'on ne comprend pas

Nous avons du temps pour tout.

Mais pas le temps  d'offrir un peu de tendresse "

               ( Octavian Paler - Nous avons du temps )

C'est ainsi.  Je suis ainsi.  Egoïste peut-être, communiquant somme tout assez peu.

Il me faut apprendre à donner du temps au temps.

A répondre, la prochaine fois que quelqu'un me demandera : "ça va? "

Oui, je vais bien. J'ai tout le temps.

                  

COLDPLAY - In my place

10:35 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, journal, musique

21/03/2007

Blanc


podcast

Tudor Gheorghe- Primavara ( Printemps)
 

Il devrait être là... mais alors qu'ici il pleut par giboulées sur ce décor jaune- rose- blanc, j'apprends que la France se pare du blanc de la neige.

Chez nous on l'appelle " la neige des agneaux". Elle ne tient qu'une journée, elle tombe seulement pour nous raviver un peu.

Blanc douceur, bénédiction,

foi, promesse, espoir , purification,

équilibre et paix,

Blanc vitalité et maternité,

pétale, aile, ange, page froissée,

petite perle née d'une blessure cicatrisée

Blanc du jour qui se lève vainqueur de la nuit

qui s'achève

délivrance, naissance, re- naissance

Blanc. Comme le silence.

                             

Le groupe roumain Directia 5 : 

"Obsesia"

19:50 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : printemps, neige, silence, blanc

16/03/2007

Femme... perce-neige

Chaque printemps je te regarde sous une lumière nouvelle : la lumière d'une année qui s'est écoulée.

Car pour moi, l'année commence avec toi. Et la fascination que j'éprouve en te regardant s'affranchit des limites des sentiments humains.

De toutes les "fleurs", tu es la seule qui fait frémir mon âme ! Toi, plus fraîche, plus rayonnante d'un printemps à l'autre, symbole permanent de ce lent retour à la vie de toute la nature.

Comme il fut long cet hiver ! Et l'attente... plus longue encore ! Tu m'as manquée, je t'ai cherchée dans chaque trace de mes pas , j'ai arpenté la terre pour te retrouver et toi, tu es apparue quand je ne t'attendais plus. J'ai laissé la fenêtre ouverte pour toi et les vitres commençaient à givrer de tant d'hivers d'attentes.

Et tu t'es montrée enfin, plus vivante, plus belle que jamais, symphonie de non-dits, mélodie des ailes et sourire.

Ne brise pas la douceur qui m'enveloppe en te regardant, laisse-moi te chérir, t'admirer, te respirer , laisse-moi lire chacun de tes pétales qui s'ouvre à peine, ne me dis pas que tu veux me laisser seul jusqu'au prochain printemps !

Je suis si bien avec toi ! Même si j'ai parfois du mal à t'appréhender, c'est une douce souffrance et je revis de t'avoir retrouvée. Je ne m'appartiens plus, je suis immatériel et je t'offre mon âme.

Un pétale... deux pétales... Me voilà fleur à tes côtés.

Qui remercier pour ce miracle ? Le soleil ? Le vent ? Le printemps ? Le perce-neige ?

                                                                                
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14/03/2007

Un printemps avec moi

Depuis presque deux années, mes saisons étaient mélangées  et j'avais un peu de mal à les vivre .

Je ne m'y retrouvais plus. Je les voyais venir , mais c'était comme si j'étais absente.

C'est pourquoi , cette promesse d'un printemps si proche que la nature me fait, me donne de l'élan et fait frissonner mon âme.

Il montre le bout de son nez au coeur d'un hiver qui n'en est pas un. Les jours s'étirent imperceptiblement  et la lumière s'égaie. Les fenêtres s'ouvrent  pour accueillir le vent parfumé et le soleil.

Je vais bientôt pouvoir flâner sur les collines, m'enivrer des odeurs de la terre et des arbres.

Les mimosas se couvrent de grappes jaunes... Les jacinthes sur mon bureau exhalent de délicats parfums.

Bientôt les premières jonquilles, bientôt l'odeur des lilas  et la neige des peupliers au- dessus de la ville.

Le soleil brille dehors même s'il fait encore frais. Il brille  dans mon coeur  aussi car il est quoi en fait , le printemps, sinon un état d'esprit ?

Voilà autant de raisons de se réjouir. Quoi qu'il arrive.

 

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podcast
Massive Attack - Silent Spring

13/02/2007

Ouverture...

Je voulais un blog... donc il fallait forcément choisir d'abord un titre.

Un titre qui ne soit ni trop long, ni trop prétentieux, ni trop gnangnan ou eau de rose.

Ce titre a jailli un matin, lorsque j'ai posé le regard sur ces deux figurines enlacées que l'on m'a offertes à Noël.

D'habitude on y met le sel et le poivre, mais moi je les garde précieusement sur mon bureau.

Leur image a fait ressurgir mon conte préféré du temps où je souriais sans rides.

                                                                        

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C'est l'histoire d'un roi dont la fille cadette lui déclare un jour : "Je t'aime comme le sel dans les plats." Il est très vexé et il la relègue à la cuisine où elle commence à lui préparer des plats sans sel...

Essayez d'imaginer... pourriez-vous en manger ? Des plats fades, maladifs, qui ne font pas briller nos yeux, qui ne donnent aucune envie d'y goûter, qui laissent indifférents nos sens.

Si un jour on nous interdisait le sel, on ouvrirait fébrilement le placard pour épicer un peu notre vie, pour lui rendre le goût, la saveur.

Avec un peu de poivre, par exemple !