10/05/2007
Les acacias
L' autre jour, en entrant en classe, j'ai froncé les sourcils. Toutes les fenêtres étaient larges ouvertes et il y avait un courant d'air terrible. Mais les élèves s'en fichaient.
Je me suis dirigée, d' un pas décidé, vers la fenêtre la plus proche et là, je me suis figée. Juste devant moi , un acacia fleuri dont j'ignorais l' existence , tendait ses grappes vers moi.
J'ai fermé les yeux - car ce n'est que les yeux clos que l'on peut s'abreuver d'un tel parfum - et j'ai senti...
Le goût des crêpes étranges préparées par ma mère
La soie des lèvres qui , une nuit d' été, ont goûté des fleurs d' acacia sur les miennes
Amadouée, je suis revenue à ma place, pour finir , à grand- peine, le cours.
Car j'entendais mon âme qui ne cessait de frissonner, de murmurer cette chanson d'un troubadour moderne roumain :
" Les acacias sont devenus fous
De tant de printemps
Ils se promènent , l'âme au vent
Elle est ivre, elle aussi, la forêt
Et, il se passe, il paraît
Quelque chose avec le monde tout entier
Oui, les acacias sont devenus fous
Et tu veux que je sois sage ? "
Pendant tout ce temps, évidemment, les fenêtres de la classe sont restées larges ouvertes.
TUDOR GHEORGHE- Salcamii ( Les acacias)
12:33 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, blog, Tudor Gheorghe