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16/03/2007

Femme... perce-neige

Chaque printemps je te regarde sous une lumière nouvelle : la lumière d'une année qui s'est écoulée.

Car pour moi, l'année commence avec toi. Et la fascination que j'éprouve en te regardant s'affranchit des limites des sentiments humains.

De toutes les "fleurs", tu es la seule qui fait frémir mon âme ! Toi, plus fraîche, plus rayonnante d'un printemps à l'autre, symbole permanent de ce lent retour à la vie de toute la nature.

Comme il fut long cet hiver ! Et l'attente... plus longue encore ! Tu m'as manquée, je t'ai cherchée dans chaque trace de mes pas , j'ai arpenté la terre pour te retrouver et toi, tu es apparue quand je ne t'attendais plus. J'ai laissé la fenêtre ouverte pour toi et les vitres commençaient à givrer de tant d'hivers d'attentes.

Et tu t'es montrée enfin, plus vivante, plus belle que jamais, symphonie de non-dits, mélodie des ailes et sourire.

Ne brise pas la douceur qui m'enveloppe en te regardant, laisse-moi te chérir, t'admirer, te respirer , laisse-moi lire chacun de tes pétales qui s'ouvre à peine, ne me dis pas que tu veux me laisser seul jusqu'au prochain printemps !

Je suis si bien avec toi ! Même si j'ai parfois du mal à t'appréhender, c'est une douce souffrance et je revis de t'avoir retrouvée. Je ne m'appartiens plus, je suis immatériel et je t'offre mon âme.

Un pétale... deux pétales... Me voilà fleur à tes côtés.

Qui remercier pour ce miracle ? Le soleil ? Le vent ? Le printemps ? Le perce-neige ?

                                                                                
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13/03/2007

Mois de fiel

" Veille à ce que tu ne te fondes pas dans la personnalité d'autrui, homme ou femme" ( Scott Fitzgerald).

C'est le motto de ce roman de Pascal Bruckner, un livre avec une personnalité forte et dangereuse à la fois et où l'on risque de se perdre, pareillement à Didier, le personnage-victime qui se laisse ensorceler par les histoires créées pour lui par Franz, son bourreau.

Malgré qu'il dise à Didier : " Je ne te demande pas grand-chose : seulement d'être un auditoire attentif. Je ne m'adresse donc qu'à tes oreilles, toi, tu ne risques rien. " On constate qu'au fur et à mesure les choses prennent une autre tournure, que ce que Franz raconte sur sa relation avec Rebecca - dont on ne sera jamais si elle est ou non "vraie " - éveille en lui des échos, suscite des pensées et des ressentis que, normalement, il n'aurait pas eus et qui finissent pas l'anéantir.

Telle une araignée, cet infirme impitoyable tisse sa toile de mots empoisonnés.

Fatigué, tout comme Béatrice par la vie "vaine" et "profane" de la vielle Europe, par la monotonie de sa profession et de sa vie de couple  et convaincu que la vraie vie est ailleurs, dans les Indes par exemple, Didier s'était embarqué sur ce bateau fou qui échouera dans une prison d'Instanbul.

C'est cet état d'esprit que Franz exploite. A mesure qu'il fréquente la cabine de celui-ci, véritable "atelier de détraquement sentimental", les sentiments pour Béatrice se rouillent et s'éteignent. Loin d'être un catalyseur, les propos de Franz s'avèrent producteurs d'une errance définitive.

Il ne voit plus qu'une seule voie d'accès à la Vérité : Rebecca. Une Rebecca racontée, une Rebecca des mots, habillement confectionnée et qui inspire à la fois, une horreur et une attirance illimitées.

" Il me fait goûter à sa femme par ses mots", avoue Didier.

Ei il goûte, inlassablement, à ce corps qui induit en lui les fantasmes de la délivrance de son existence sordide, de sa médiocrité bourgeoise. Les fabuleux accouplements que Franz raconte (invente?), la description détaillée des intimités du corps de Rebecca, les scènes d'ondinisme relatées avec une horreur sacrée, tout cela suscite chez Didier la répulsion mais, en même temps, le sentiment que le renoncement à une sexualité normale et l'érotisation du corps tout entier et de toutes ses fonctions sont la voie extrêmement périlleuse mais royale qui mène à la réalisation de toutes les possibilités inscrites dans l'être humain.

Didier se laisse donc envelopper  par le feu artificiellement allumé par Franz et il va se brûler les ailes.

Le lecteur risque de courir le même danger  et il peut céder à la tentation de prendre pour vraies les considérations de Franz sur la vie de couple, incité comme il est peut-être par la tendance générale de notre époque vers un "désordre amoureux" perçu et célébré souvent comme émancipation, comme délivrance du carcan des préjugés mutilants.

Aveuglé par "l'évidence" des propos de Franz, aveuglé aussi par les insatisfactions de sa propre vie, un tel lecteur ne verra plus que la voie empruntée par Didier mène à une impasse qui, au lieu de le conduire au pays des promesses où coulent des rivières de miel, l'abandonneront dans un immense désert, empoisonné de fiel.

                                                  

07/03/2007

Le Baiser

C'était en 1907.

Brancusi avait passé la trentaine et il travaillait dans l'atelier de Rodin qui lui demanda de faire une copie du  "Baiser". C'est alors qu'il sentit qu'il était grand-temps de quitter l'atelier du maître.

Ce qu'il fit d'ailleurs, en lui disant :

"Rien ne pousse à l'ombre des grands arbres."

Il rêvait de créer son propre Baiser.

"Je devrai sculpter un couple, sans détruire l'impression de solide que donne la pierre. C'est pourquoi les deux visages ne seront qu'esquissés. Ca pourrait ressembler à une sculpture primitive ou à une sculpture grecque, mais elle ne leur ressemblera pas. Elle ne va correspondre à aucune époque. Elle appartiendra à l'Eternité. Ca va me prendre beaucoup de temps pour parvenir à une telle simplicité."

Le Baiser de Brancusi, c'est la fusion, l'écrasement des deux physionomies, le presque désespoir de l'étreinte suggéré par le prolongement des bras entourant la nuque.

On ne parvient pas à l'union et à l'harmonie par le charnel. C'est une illusion.

Ce que Brancusi nous transmet là, c'est, en fait, la conception des paysans roumains et de tous les peuples monogames d'ailleurs, leur vison sur l'amour et le mariage, indisollubles.

Le Baiser réapparaît sur la "Porte du Baiser".

Ici, la simplicité est opérée jusqu'au motif de l'oeuf qui se répète dans plusieurs médaillons. L'oeuf est coupé exactement en deux : Homme et Femme, symbole de la fécondité universelle.

                                                     

Le Baiser de BRANCUSI

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   La porte de BRANCUSI

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