16/10/2011
mes sources
Récemment, Tifenn parlait de ses sources, de ce qui la nourrit et la comble.
http://laviequonaime.blogspot.com/2011/10/les-sources.html
Elle s'interrogeait sur les nôtres, j'ai voulu répondre, mais j'allais dire comme tout le monde. Et c'est vrai. Elle, lui, les miens, les livres, la musique, la Breizh. L'amour, l'amitié, car je ne connais qu'une seule alchimie qui donne de l'éclat à une vie : les sentiments. Même si parfois ils sont nos couronnes d'épines...
Et aujourd'hui, en corrigeant des copies, j'ai réalisé que eux aussi. Les élèves. Quelque dissipés, quelque chiants qu'ils soient parfois, ils me ressourcent, surtout lorsqu'ils dévoilent une sensibilité guère meurtrie par ce monde de plus en plus endurci et violent. Un monde qui a plutôt tendance à cataloguer comme mièvres des sentiments purs qui s'expriment sans fioritures, un peu comme les manières ancestrales, immuables, dont le but est très clair.
Ils devaient donc écrire une lettre. Raconter. Imaginer une rencontre de jour J. Une de celles qui s'imposent comme une évidence et qui met fin aux quêtes, aux errances.
Parfois des pépites. Des lucioles brillaient entre mes mains. Ils effeuillaient des rêves...
"Chère amie,
ma première pensée est de t'écrire et de te raconter le jour J., mon extraordinaire rencontre avec ce jeune immigré polonais...
C'était en février 1942 et j'avais à cette époque-là vingt-quatre-ans et j'étais belle comme une fleur, mais à quoi bon tout ça...
Je me promenais avec Simon et, à quelques mètres de nous, un Monsieur, avec son béret et son écharpe nous regardait en silence...j'ai eu le sentiment de l'avoir déjà vu, de l'avoir attendu, de l'avoir aidé. C'était un homme de 1,78 mètres de haut et son allure générale de monsieur Tout le Monde dévoyé, me donnait une forte impression de protection, de douceur, de courage, de sincérité.
Ce fut comme un miracle...
Ce fut comme un bonheur...
Comme un rayon de soleil qui éclairait et qui transmettait de la force et de la félicité...je sentais que la gaieté me revenait, que la solitude allait disparaître d'un seul coup...
C'était bien vrai. A partir de ce moment-là, nous sommes devenus tous les deux un tout capable de tout.
Peu importe à quel dieu l'on croit : c'est la foi, ce n'est pas le Dieu qui fait les miracles.
Et de ma part, reçois tout ce qu'il y a de tendre, d'affectueux et sache que je suis et serai toujours ton amie dévouée. "
"Mais qui a eu cette idée folle d'inventer un jour l'école ? "
Merci Charlemagne !
P.S. - Vous voyez, Mister Ruquier, 85% des Roumains n'apprennent pas le français pour faire la manche. Mais pour nous émerveiller avec leurs petits mots générateurs d'ondes qui percutent notre esprit, qui sauront s'insinuer dans notre mémoire poétique. Alors que les vôtres, éthérés, inconsistants, ne font frissonner que de dégoût, ne sont que de petits cailloux glissés dans les sandales, gênants, sûrement, mais qui n'empêchent pas d'avancer pour autant.
J'ose ? Oui, j'ose relayer la question de Tifenn :
" et les vôtres ? "
16:07 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : tifenn, breizh, richard morgiève, "un petit homme de dos", lectures
17/09/2011
moments in time
L'autre jour, en sortant de mon immeuble, un collègue qui habite au rez-de-chaussée m'a proposé de m'y déposer. Il m'a ouvert la portière, a mis de la musique et m'a priée de l'attendre un peu.
Quelques minutes pendant lesquelles, à la faveur de la douceur de l'air matinal qui cette année n'a de l'automne que le nom, à la faveur de ces accords qui se déversaient droit dans mes cages à miel, j'ai adoré l'univers qui sait, malgré tout, ménager de temps en temps des moments chasse-chagrin. Je souriais bêtement en me rappelant les mots de "mon" F.Dard, " c'est quoi le bonheur terrestre sinon du soleil sur une érection ? " , mais aussi la terrible séquence de "Scent Of A Woman", ce tango qui porte les deux protagonistes dans un pas de deux sensuel, étrange, le même rythme, le même souffle, une tempe contre l'autre dans la plus pure approche charnelle...Qui n'a pas rêvé de rencontrer un jour le partenaire de danse idéal, celui avec lequel on puisse vivre cette utopie douce et tranquille de l'amour réciproque ? D'écrire son histoire avec les pieds, avec les mains, le corps entier, tout en rajoutant de la passion, un grain de folie lorsque le désir de vivre des sensations magiques s'intensifierait...?
Je n'ai rien dit à mon collègue, mais je l'ai remercié silencieusement d'écouter Itzhak Perlman, dans ce monde où, de plus en plus souvent, on n'entend que le bruit des armes et des algarades...
Plus tard, au bahut, je m'ingéniais à expliquer à des mômes de 11-12 ans la carte de France. Ils ont mélangé des voisins, les montagnes et les océans, mais, à ma grande surprise, la plupart ont su égréner des noms de villes : Paris, Bordeaux, Lille, Reims, Marseille, Nancy...
Eberluée, j'ai mis un peu de temps avant de comprendre qu'il s'agissait de noms d'équipes de foot.
-Puisque vous regardez des matchs ?
- Non, Madame, on joue en ligne à FIFA ! Au fait, Madame, pourquoi presque tous les joueurs de l'équipe de France sont noirs ? Il n'y a que Ribéry, Benzema et Samir Nasri qui sont blancs.
Prise au dépourvu, totalement ignorante des noms des joueurs, j'ai essayé de leur parler colonies, mais un petit aux yeux de jais m'a de nouveau interrompue :
- Ils auraient dû nous coloniser nous, on est blancs et beaux !
Sacré môme ! A son âge je jouais encore à cache-cache et à la marelle.
Plongée dans mes bouquins, je ne me posais guère de questions sur le monde comme il devient.
Je ne pense pas qu'on puisse les accuser de racisme. Ils sont peut-être naïfs, mais leurs yeux sont ouverts déjà vers certaines réalités.
J'espère de tout mon coeur que, quoi qu'il arrive, ils sauront labourer cette terre ingrate et froide et y semer de l'espoir...They made my day !
23:24 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : itzhak perlman, foot, histoires de mômes, amour(s)
03/02/2011
backstage
Avant la fin de chaque semestre, on donne l'occasion aux élèves qui n'ont pas la moyenne de passer des interros supplémentaires pour essayer d'y "remédier". Ils sont pas obligés, c'est chacun selon ses envies. Enfin bref, une élève me prie de l'examiner, elle passe au tableau, je lui donne à traduire une phrase des plus simples, genre "les roses de mon jardin sont superbes", je ne me fais aucun souci, c'est tellement simple que ça devient ridicule. Je la laisse réfléchir, une minute, deux, rien...pas un mot. Je bondis, je me lève un peu agacée et je lui prends le marqueur des mains. A ce moment-là, je sens sa main droite trembler fort...Sans mot dire, j'écris la phrase et je l'invite à regagner sa place, alors que des ressentis et des mots se bousculent dans ma tête "connasse, tu fous la trouille aux élèves maintenant ! ". Je me souviens mes profs de roumain, d'histoire dont on apprehendait l'arrivée, des profs imbus d'eux-mêmes et qui dispensaient leurs cours interminables en dictant d'une voix monotone et sans le moindre souci pour nous, les potaches. Le pire était que l'on devait tout apprendre par coeur et réciter comme des litanies. Des profs isolés, seuls dans leur classe, avec des élèves bien sûr, mais seuls capitaines de la barque, seuls maîtres à bord après Dieu. Ils devaient penser que la classe était le lieu privé où la transmission du savoir relevait d'une sorte de messe pour laquelle un seul officiant suffisait.
Aucun échange, aucune "interactivité" (le mot n'était même pas inventé, je crois...)
Et moi donc ? J'enseigne inlassablement. Je répète à longueur d'année, depuis maintenant plus d'un quart de siècle, presque les mêmes choses. Avec le temps, avec les temps, la passion risque de s'émousser et les réformes successives tendent à niveler par le bas.
Avant, j'enseignais la littérature française. Et même si mes élèves étaient parfois à cent lieus des poèmes dont on devait repérer les synecdoques et les métonymies, même si relever différentes tonalités d'un texte les mettaient sûrement au supplice et qu'ils n'y voyaient aucun intérêt, même pas ludique, je suis persuadée que j'avais, que j'ai eu plus de chances de faire passer aussi quelques préceptes utiles, quelques vérités indispensables (de grands mots, je sais...) et que mon discours frappait leur esprit. Ce qui me paraît de plus en plus improbable à présent, avec des textes sur le chômage, sur les "modèles de base de la société française", sur l'intégration...Ils ne s'en sentent pas concernés et cela les éloigne de moi.
Je les aime pourtant. Je les aimerai. Si longtemps que je partagerai avec eux un peu de cette sensibilité adolescente. Avant que je ne bascule définitivement dans le camp des vieux cons. Car je vieillis, oui, et ils ont toujours le même âge. Leurs mots ne sont plus les miens, leur musique, leurs références culturelles, leur univers donc me semble étrange et étranger.
En outre, l'anglais s'est imposé et le français décline. Aurai-je de nouveau, un jour, un élève qui gagne le Trophée de la Francophonie avec un essai sur les histoires des...pierres ? Quelle qualité de texte, quelle sensibilité, quelle beauté !
Au vu des regards éteints de certains de mes élèves, des regards perdus dans le néant de leur ennui, leur aversion de l'effort, leur difficulté à se concentrer, j'ai de forts doutes.
A quoi bon apprendre, me demanderez-vous ? Pour affronter un monde hostile, violent, qui ne les motive pas, qui ne leur donnera pas à manger...Je pense aussi à tout cela. Mais (une idée qui ne peut sortir que de la tête d'un prof ? ) je ne voudrais pas pour autant qu'ils se privent de certaines chances et qu'ils ratent certaines opportunités qui, peut-être, ne se représenteront plus. J'ai aussi tendance à considérer les études comme une possible voie de salut. C'est peut-être faux, mais il me semble préférable de partir à la conquête de ce monde avec un savoir, même avec quelques diplômes en poche plutôt que les mains vides.
Et ces propos d'Iris Murdoch me réconfortent dans ma conviction :
" Education doesn't make you happy and nor does freedom. We don't become happy just because we are free, if we are, or because we've been educated, if we have, but because education may be the means by which we realise we are happy. It opens our eyes, our ears, tells as where delights are lurking...convinces us that there is only one freedom of any importance whatsoever : that of the mind, and gives us the assurance, the confidence, to walk the path of our mind...our educated mind...offers."
Alors, ils m'arrive de pester, de tempêter pour qu'ils fassent plus d'efforts. Je forme pour eux et avec eux des projets qui, le plus souvent, n'ont d'autre vocation que de maintenir mes neurons à flot...
Je doute donner un jour- même si ça doit être tellement jouissif, valorisant - autant de mon temps, autant d'énergie comme la prof de "Freedom Writers"... mais j'aimerais tant libérer aussi en mes élèves des forces, des talents insoupçonnés et, par mes propos, vibrer de temps en temps à l'unisson avec eux...
En relisant cette note, je me rends compte que je m'étais laissé aller à des mots empreints plutôt de découragement. Mais ce n'était qu'un moment de cafard, de spleen vite oublié. Je sais que je continuerai de faire de mon mieux, en tout cas, et si l'on devait décerner une palme de l'assiduité, je pense que je la mériterais ! Vous remarquerez que mon entêtement n'a d'égal que mon ambition (mon orgueil ? )...Quoi qu'il en soit. Sinon, il vaudrait mieux que je m'en aille planter des choux...
09:30 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : humeurs, freedom writers, enseignement
25/01/2011
et hop, une cerise sur le cadeau !
22:05 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : u2
17/05/2010
Mlle Laurencin c'est moi : )
Mais en moins jeune et ,probablement, en moins blonde !
C'est sûr que si une Mme. Jargonos fait irruption dans ma classe et qu'elle voie notre "mur des sentiments" , je serais vite mutée en Sècherie, l'endroit où l'on prodigue des cures de soins pédagogiques aux profs rebelles et enthousiastes. Comme si la cure d'austérité que nous inflige notre gouvernement ne suffisait pas !
C'est la lecture d'une note chez Tifenn qui m'a ramenée vers ce bouquin d'Orsénna découvert récemment. On l'avait déjà potassé en classe et, apparemment, certains de mes chères têtes blondes sont sur la voie de la reconciliation avec la grammaire, et, d'une manière plus générale, avec le français.
Mes visiteurs qui travaillent dans l'EN vont comprendre... Les autres comprendront aussi, évidemment. L'enseignement, s'il s'en tient à la rigueur imposée par les "curricula" est comme la mer sans sel, comme le bulot sans la mayonnaise ou le muguet sans clochettes.
Quoi qu'il en soit, les Jargonos et compagnie, ne feront pas ,de sitôt, éteindre mon regard et évaporer ma passion. La vie m'envoie encore plein de signes, de détails que l'écrivain de pacotille que je suis saura convertir en histoires. Et que la femme que je suis saura envelopper dans une félicité tranquille et en débusquer tout le charme et toute la saveur. Sous mes dehors futiles, chuis très tenace ; )
"Le personnage qui, ce matin-là de mars,entra dans notre classe aux côtés de Monsieur Besançon, le principal, n'avait que la peau sur les os. Homme ou femme ? Impossible à savoir, tant la sécheresse l'emportait sur tout autre caractère.
-Bonjour, dit le principal. Madame Jargonos se trouve aujourd'hui dans nos murs pour effectuer la vérification pédagogique réglementaire.
- Ne perdons pas de temps !
D'un premier geste, la visiteuse renvoya Monsieur Besançon (lui d'ordinaire si sévère, je ne l'avais jamais vu ainsi : tout miel et courbettes). D'un second, elle fit signe à notre chère Laurencin.
-Reprenez. Où vous en étiez. Et surtout: faites comme si je n'étais pas là!
Pauvre mademoiselle! Comment parler normalement devant un tel squelette ? Laurencin se tordit les mains, inspira fort et, vaillante, se lança :
- Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure;
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure.
Un agneau... L'agneau est associé, vous le savez, à la douceur, à l'innocence. Ne dit-on pas doux comme un agneau, innocent comme l'agneau qui vient de naître ? D'emblée, on imagine un paysage calme, tranquille... Et l'imparfait confirme cette stabilité. Vous vous souvenez ? Je vous l'ai expliqué en grammaire: l'imparfait est le temps de la durée qui s'étire, l'imparfait, c'est du temps qui prend son temps... Vous et moi, nous aurions écrit : Un agneau buvait. La Fontaine a préféré Un agneau se désaltérait... Cinq syllabes, toujours l'effet de longueur, on a tout son temps, la nature est paisible... Voilà un bel exemple de la «magie des mots». Oui. Les mots sont de vrais magiciens.Ils ont le pouvoir de faire surgir à nos yeux des choses que nous ne voyons pas. Nous sommes en classe, et par cette magie merveilleuse, nous nous retrouvons à la campagne, contemplant un petit agneau blanc qui...
Jargonos s'énervait. Ses ongles vernissés de violet griffaient la table de plus en plus fort.
-Je vous en prie, mademoiselle, nous n'avons que faire de vos enthousiasmes !
Laurencin jeta un bref regard par la fenêtre,comme pour appeler à l'aide, et reprit :
- La Fontaine joue comme personne avec les verbes. Un loup «survient» : c'est un présent. On aurait plutôt attendu le passé simple : un loup « survint». Qu'apporte ce présent ? Un sentiment accru de menace. C'est maintenant, c'est tout de suite. Le calme de la première phrase est rompu net. Le danger s'est installé. Il survient. On a peur.
-Je vois, je vois... De l'imprécis, de l'à-peu-près... De la paraphrase alors qu'on vous demande de sensibiliser les élèves à la construction narrative : qu'est-ce qui assure la continuité textuelle? À quel type de progression thématique a-t-on ici affaire ? Quelles sont les composantes de la situation d'énonciation ? A-t-on affaire à du récit ou à du discours ? Voilà ce qu'il est fondamental d'enseigner !
Le squelette Jargonos se leva.
- ...Pas la peine d'en entendre plus. Mademoiselle, vous ne savez pas enseigner. Vous ne respectez aucune des consignes du ministère. Aucune rigueur, aucune scientificité, aucune distinction entre le narratif, le descriptif et l'argumentatif.Inutile de dire que, pour nous, cette Jargonos parlait chinois. Telle semblait d'ailleurs l'opinion de Laurencin.
- Mais, madame, ces notions ne sont-elles pas trop compliquées ? Mes élèves n'ont pas douze ans et ils sont en sixième !
- Et alors ? Les petits Français n'ont pas droit à de la science exacte ?
La sonnerie interrompit leur dispute.
La femme-squelette s'était assise au bureau et remplissait un papier qu'elle tendit à notre chère mademoiselle en larmes.
-Ma chère, vous avez besoin au plus vite d'une bonne remise à jour. Vous tombez bien: un stage commence après-demain. Vous trouverez, sur ce formulaire, l'adresse de l'institut qui va s'occuper de vous. Allez, ne pleurnichez pas, une petite semaine de soins pédagogiques et vous saurez comment procéder dorénavant.
Elle grimaça un «au revoir».
Nous ne lui avons pas répondu."
08:04 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : orsenna, paul evans, lectures, "la grammaire est une chose douce"
06/05/2010
C'est pas drôle ! Ou si ?
L'autre jour, plusieurs élèves de la terminale entraient en salle un large sourire limite niais affiché sur la frimousse. A mon grand étonnemment, j'avoue, car, quelque adorable que je sois : ), à 8 heures du mat' ils ont souvent la tête de quelqu'un qu'on a avec effort arraché aux bras de Morphée et je dois redoubler d'efforts et afficher un enthousiasme à moitié feint (ben oui, j'ai aussi sommeil à cette heure-là ! ). Mais ce matin, on dirait que quelqu'un leur avait fait avaler une potion magique, car ce n'était ni vendredi, ni jours de cours abrégés pour des raisons d'exams.
Après dix minutes j'ai cédé à ma curiosité et j'ai demandé quelle était la cause de cet état de béatitude.
"Il y a dans la cour un petit hasky qui a les mêmes yeux que vous !"
Ah bon ! Je me suis rapprochée de la fenêtre comme si de rien n'était . Plusieurs potaches s'affairaient autour du petit chiot, et depuis cette hauteur je n'ai donc rien aperçu. J'ai dû attendre la récré, où j'ai appris qu'il venait d'être adopté par une élève dont la mère était venue le chercher. De retour à la maison, j'ai googleïsé car cette histoire d'yeux me taraudait . Le voilà donc, le fameux husky :
C'est un chien alerte, qui cherche à plaire et qui s'adapte facilement. Les huskies sont des chiens extrêmement intelligents et indépendants. Ils peuvent être très têtus, étant donnée leur fonction initiale, et ils s'ennuient facilement. Ce caractère indépendant et entêté peut parfois mettre votre imagination à l'épreuve".
Quoi qu'il en soit, j'ai été ravie d'apprendre que le "nôtre" ne va pas finir errant sur les trottoirs, comme tant d'autres abandonnés pendant le communisme, à cause des multiples démolitions.
Je me rends compte, en écrivant, que c'est l'excuse que je balance à des amis lointains qui s'étonnent de les voir et entendre ( sourire) surtout la nuit. Mais vingt ans sont passés depuis et on n'a rien fait pour eux, à part quelques campagnes de "sensibilisation" et quelques chansons et pubs débiles.
A cette époque où tout part en vrille chez nous, on parle de plus en plus d'euthanasie. Solution rejetée par la majorité des Roumains. Mais leurs voix seraient-elles assez fortes face à l'entêtement des autorités ? Qui doivent aussi respecter le point de vue de ceux qui ont été mordus, agressés, ceux qui ont peur de laisser les enfants jouer dehors dans certains quartiers...
Dur de choisir, de trancher...
Pour dédramatiser, vous pouvez faire un tour chez Fiso, elle a failli laisser ses mollets aux griffes des chiens :
http://2yeux2oreilles.hautetfort.com/archive/2010/04/20/o...
Et moi donc, husky ou pas ?
P.S.- Merci pour la photo : )
14:18 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : hasky, n'importe quoi, tom waits, vidéo
21/03/2010
help : )
Vous vous souvenez du "Petit Nicolas" ? Il y a dans ce film Agnan, le chochou de la maîtresse, celui qui se roule par terre de peur de voir le docteur et qui ne se tait avant qu'elle ne lui promette de l'interroger en maths , " les fractions ? " demande-t-il frétillant d'avance. J'ai souri à l'époque, il me rappelait -toutes proportions gardées- un conte de fées roumain où le Beau-Vaillant refuse de naître jusqu'à ce que ses parents lui promettent "jeunesse sans vieillesse et vie sans mort".
Mais depuis quelque temps, un avatar d'Agnan rôde dans mon cours.
Toujours en premier rang, juste devant la chaire, toujours sérieux, les yeux rivés sur moi.
" Qui veut lire? " . Il lève la main.
"Qui veut passer au tableau ?" Il lève la main.
Lorsqu'une fille minaude pendant la lecture, il s'impatiente "allez, on perd notre temps".
N'oublions pas ses questions. "Pourquoi écrit-on qui ont mais qu'ont ? " , "Pourquoi ne fait-on pas la liaison entre mais et est ? " , " C'est quoi la voix factitive ? " " Et l'imminence contrecarrée ?"
J'ai beau lui dire que l'imparfait du subjonctif n'est guère utilisé dans la langue parlée, il veut maîtriser toutes les règles de la concordance.
Avec mon sourire habituel, je lui explique patiemment, au grand désespoir des autres, les matheux qui, tout en aimant le français ( ; ) , ne sont pas curieux de toutes ses subtilités.
L'autre jour, après avoir expliqué la formation des adverbes de manière (règle, exception, exception de l'exception !!! ) , j'eus à peine le temps de me retourner triomphante vers eux que la voix de mon M. retentit encore une fois : " C'est tout ? Y en a pas d'autres exceptions ? "
Alors, de grâce, filez-moi quelques idées, quelques astuces, quelques questions, n'importe, pour assouvir la soif de mon élève et lui donner du fil à retordre et qui m'assurent un peu de répit le temps qu'il rumine.
Bon, en attendant demain, le jour où j'affronterai à nouveau mon cher M., n'oublions pas qu'IL est enfin là- 22 degrés aujourd'hui chez moi ! - et qu'il incite à un esprit falbala.
Allez, c'est reparti pour des musiques qui boostent, le vertige du glamour, les ondes sensuelles qui forcent les portes et quelques rouleaux zen de printemps pour couronner le hype.
11:49 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : les chères têtes blondes, français, vidéo
30/01/2010
ce n'est pas que pour les zenfants !
Hier pendant que je galérais pour enseigner les mois de l'année en musique, à un moment donné, tout est parti en vrille !
15:03 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : vacances, bahut, plus futile tu meurs, amour, barbara beghin
24/09/2009
la puce machin truc
Pendant nos cours, on est censés éduquer les élèves roumains à "l'identité nationale et au sentiment européen" (!), à l'histoire de l'immigration en France, au monde du travail, à la dégradation de l'environnement, à l'amour et à l'amitié : )
Pour faire passer le message d'une manière plus agréable, je leur fait parfois visionner des films en rapport avec les thèmes respectifs, des films qu'ils ne regarderaient guère ailleurs, dans cette "langue belle à qui sait la défendre/elle offre des trésors de richesses infinies/Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre". Je fais confiance à leur capacité de réception, je les ai déjà vu s'attendrir, s'esclaffer de rire ou écraser une larme selon les circonstances.
Je pensais donc les délecter demain avec "Entre les Murs", Palme d'Or 2008, ça devait le faire !
Mais en le revoyant ce soir, j'ai commencé à avoir des doutes. C'est vrai qu'il y a des répliques qui peuvent susciter des débats intéressants, même si on n'a pas d'immigration chez nous, de discrimination non plus ( j'espère que vous me faites confiance à moi et pas à Madona ) peut-être les vivront-ils par procuration en entendant des répliques genre " Sale Antillais de merde", " Sale pédé" , "Espèce de raciste" , " Je le calcule pas ce Marochien" ... ( tiens, si l'on voulait s'en servir pour apprendre les registres de langue, le verlan, l'argot, les sabirs variés, le jargon c'est l'outil idéal ! ). Ou bien " Je suis Française, mais pas fière de l'être".
Néanmoins, je vous le demande, devrais-je troquer les " fack you, men" qui pullullent dans les séries préférées de mes chères têtes blondes contre les "ferme ta gueule, espèce d'enculé" ?
P.S.- Je suis d'accord avec Khoumba, le prof il charrie trop ; )
22:03 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : l'imparfait du subjonctif c'est pour les snobs
16/09/2009
rire (4)
Aujourd'hui, pendant que l'on était obligés de censés relever les verbes au subjonctif présent d'une chanson de Zazie ( je vous l'accorde, ce n'est peut-être pas le gôut des jeunes ados roumains ) , ça papotait dans un coin de la classe.
- Alex !
- Désolé, Madame, mais c'était en rapport avec le français.
- ? ? ?
- Je vous assure. J'avais demandé si c'était Olympique Marseille ou AC Milan qui a gagné.
Après avoir montré sur la carte " Marseille" et épelé "Karim Benzema " ( c'est le premier qui m'est venu à l'esprit), il s'est calmé et on a pu revenir à nos...chansons.
Mais il ne sait pas ce que je lui concocte pour la prochaine fois ; )
Axel Bauer & Zazie- A Ma Place
envoyée par Altugmusic
19:24 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : on se marre bien avec les têtes blondes