03/02/2011
backstage
Avant la fin de chaque semestre, on donne l'occasion aux élèves qui n'ont pas la moyenne de passer des interros supplémentaires pour essayer d'y "remédier". Ils sont pas obligés, c'est chacun selon ses envies. Enfin bref, une élève me prie de l'examiner, elle passe au tableau, je lui donne à traduire une phrase des plus simples, genre "les roses de mon jardin sont superbes", je ne me fais aucun souci, c'est tellement simple que ça devient ridicule. Je la laisse réfléchir, une minute, deux, rien...pas un mot. Je bondis, je me lève un peu agacée et je lui prends le marqueur des mains. A ce moment-là, je sens sa main droite trembler fort...Sans mot dire, j'écris la phrase et je l'invite à regagner sa place, alors que des ressentis et des mots se bousculent dans ma tête "connasse, tu fous la trouille aux élèves maintenant ! ". Je me souviens mes profs de roumain, d'histoire dont on apprehendait l'arrivée, des profs imbus d'eux-mêmes et qui dispensaient leurs cours interminables en dictant d'une voix monotone et sans le moindre souci pour nous, les potaches. Le pire était que l'on devait tout apprendre par coeur et réciter comme des litanies. Des profs isolés, seuls dans leur classe, avec des élèves bien sûr, mais seuls capitaines de la barque, seuls maîtres à bord après Dieu. Ils devaient penser que la classe était le lieu privé où la transmission du savoir relevait d'une sorte de messe pour laquelle un seul officiant suffisait.
Aucun échange, aucune "interactivité" (le mot n'était même pas inventé, je crois...)
Et moi donc ? J'enseigne inlassablement. Je répète à longueur d'année, depuis maintenant plus d'un quart de siècle, presque les mêmes choses. Avec le temps, avec les temps, la passion risque de s'émousser et les réformes successives tendent à niveler par le bas.
Avant, j'enseignais la littérature française. Et même si mes élèves étaient parfois à cent lieus des poèmes dont on devait repérer les synecdoques et les métonymies, même si relever différentes tonalités d'un texte les mettaient sûrement au supplice et qu'ils n'y voyaient aucun intérêt, même pas ludique, je suis persuadée que j'avais, que j'ai eu plus de chances de faire passer aussi quelques préceptes utiles, quelques vérités indispensables (de grands mots, je sais...) et que mon discours frappait leur esprit. Ce qui me paraît de plus en plus improbable à présent, avec des textes sur le chômage, sur les "modèles de base de la société française", sur l'intégration...Ils ne s'en sentent pas concernés et cela les éloigne de moi.
Je les aime pourtant. Je les aimerai. Si longtemps que je partagerai avec eux un peu de cette sensibilité adolescente. Avant que je ne bascule définitivement dans le camp des vieux cons. Car je vieillis, oui, et ils ont toujours le même âge. Leurs mots ne sont plus les miens, leur musique, leurs références culturelles, leur univers donc me semble étrange et étranger.
En outre, l'anglais s'est imposé et le français décline. Aurai-je de nouveau, un jour, un élève qui gagne le Trophée de la Francophonie avec un essai sur les histoires des...pierres ? Quelle qualité de texte, quelle sensibilité, quelle beauté !
Au vu des regards éteints de certains de mes élèves, des regards perdus dans le néant de leur ennui, leur aversion de l'effort, leur difficulté à se concentrer, j'ai de forts doutes.
A quoi bon apprendre, me demanderez-vous ? Pour affronter un monde hostile, violent, qui ne les motive pas, qui ne leur donnera pas à manger...Je pense aussi à tout cela. Mais (une idée qui ne peut sortir que de la tête d'un prof ? ) je ne voudrais pas pour autant qu'ils se privent de certaines chances et qu'ils ratent certaines opportunités qui, peut-être, ne se représenteront plus. J'ai aussi tendance à considérer les études comme une possible voie de salut. C'est peut-être faux, mais il me semble préférable de partir à la conquête de ce monde avec un savoir, même avec quelques diplômes en poche plutôt que les mains vides.
Et ces propos d'Iris Murdoch me réconfortent dans ma conviction :
" Education doesn't make you happy and nor does freedom. We don't become happy just because we are free, if we are, or because we've been educated, if we have, but because education may be the means by which we realise we are happy. It opens our eyes, our ears, tells as where delights are lurking...convinces us that there is only one freedom of any importance whatsoever : that of the mind, and gives us the assurance, the confidence, to walk the path of our mind...our educated mind...offers."
Alors, ils m'arrive de pester, de tempêter pour qu'ils fassent plus d'efforts. Je forme pour eux et avec eux des projets qui, le plus souvent, n'ont d'autre vocation que de maintenir mes neurons à flot...
Je doute donner un jour- même si ça doit être tellement jouissif, valorisant - autant de mon temps, autant d'énergie comme la prof de "Freedom Writers"... mais j'aimerais tant libérer aussi en mes élèves des forces, des talents insoupçonnés et, par mes propos, vibrer de temps en temps à l'unisson avec eux...
En relisant cette note, je me rends compte que je m'étais laissé aller à des mots empreints plutôt de découragement. Mais ce n'était qu'un moment de cafard, de spleen vite oublié. Je sais que je continuerai de faire de mon mieux, en tout cas, et si l'on devait décerner une palme de l'assiduité, je pense que je la mériterais ! Vous remarquerez que mon entêtement n'a d'égal que mon ambition (mon orgueil ? )...Quoi qu'il en soit. Sinon, il vaudrait mieux que je m'en aille planter des choux...
09:30 Publié dans au bahut | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : humeurs, freedom writers, enseignement
Commentaires
Difficile de faire un commentaire sur un sujet qui soulève tant de questions...
Cette crise de la valeur de l'enseignement face aux défis de notre société, et la cassure jeunes-enseignement est la même en France...
Il me semble pour ma part que la défaillance est bien avant...que c'est au niveau du tout début de la scolarité qu'on laisse à tort filer...Comment construire ensuite sur des fondations fissurées ?...
Quant à l'intérêt des programmes...Il y aurait des pages à remplir sur ce sujet désolant donc...
Tout ce que j'ai envie de te dire, c'est que tant que tu te remettras en question comme ça, tu n'as aucune chance de basculer dans le camp des cons, vieux ou jeunes... :)
Écrit par : hélène | 03/02/2011
C'est vrai que tu te remets en cause et je ne crois pas que tous les profs le font au moins une fois dans leur carrière. C'est si facile de dire que les élèves sont nuls et s'arrêter à ce jugement définitif. J'ai entendu un jour une prof crier à sa classe : "vous êtes une classe de merde"... Je n'ai jamais oublié sa voix.
Écrit par : Chriss | 03/02/2011
C'est tous les jours qu'un enseignant se demande s'il fait bien, s'il est utile, s'il sert à quelque chose. Tous les jours, il se dit: à quoi bon? Et puis, vu la reconnaissance et les outils, l'aide etc...
Et puis, parfois, dans la masse informe et difforme des visages apathiques qui sont devant toi, une petite lumière, une toute petite, et tu te dis, oh merci, oui, pour cette petite lumière tu seras capable de continuer cent ans.
Enfin, je sais bien que heureusement il te reste moins de cent ans :-)
Écrit par : Tifenn | 03/02/2011
Terrible constat... A quoi bon? mais tu y crois et tu veux y croire..le feu sacré, malgré tout! Des doutes mais quand même encore des certitudes qui te confortent...
Bon courage Dana.
Écrit par : Pascal | 03/02/2011
faire de son mieux... c'est malheureusement ce que font la plus part des profs maintenant avec ces réformes de l'éducation sans queue ni tête. Je t'admire vraiment de faire et d'aimer ce si beau et noble métier. Pour ma part je n'aurais ni le courage ni la force d'être prof en ces années 2000 et des. Vraiment chapeau bas ! et bon courage pour la suite.
Je te souhaite un agréable WE.
PS pas de problème, je te raconterai des films dans la jungle !!! :D
Écrit par : harfang | 04/02/2011
ah à propos de film, j'avais adoré celui là, d'autant que c'est une histoire vraie !
Écrit par : harfang | 04/02/2011
Rien n'est plat, linéaire (à part les plaines et les champs), dans la vie, il y a des hauts et des bas. Le plus important c'est de "ne pas vouloir qu'ils se privent de certaines chances et qu'ils ratent certaines opportunités". Les élèves ne savent pas encore ce qui les attend "devant eux". Toi tu le sais déjà mais il est difficile pour eux de l'imaginer précisément. C'est du vague encore pour ces adolescents. Tu fais ce que tu peux avec les outils que l'on te donne. Bon courage. Bises.
Écrit par : elisabeth | 04/02/2011
Les histoires vraies au cinéma, je m'en méfie. Je n'ai pas vu ce film, mais tant d'autres qui font croire que prof est un métier où la passion permet de contrer un système trop rigide...
Passionnée, je le suis encore au fond de moi, mais on m'empêche de plus en plus de me servir de cette passion pour améliorer mon enseignement. Chaque jour une loi, une réforme, une circulaire, un commentaire autoritaire d'un inspecteur essayent de formater de plus en plus notre enseignement. Où mettre la passion ?
Assidûe je le suis aussi, même les jours de verglas, bosseuse, sans doute, cherchant des solutions pour aider mes élèves. Mais il n'y a pas que l'école. Pas plus en maternelle ou primaire qu'en lycée. Il y a une société où l'intellect est de plus en plus dévalorisé. Et pour lutter contre ça, je pense ne plus avoir l'énergie.
Écrit par : Ed | 05/02/2011
J'admire toujours autant ton envie, tes désirs, tu nourris des espoirs qui sont beaux et justes. Je n'aimerais pas te voir un jour écrire autrement, et le découragement me semble normal quand on travaille pour les autres au delà de soit. Heureusement qu'il y a encore des personnes comme toi pour nos enfants. Je t'embrasse
Écrit par : Bougrenette | 06/02/2011
Je comprend tes déceptions et tes amertumes en particulier sur les textes mis à ta disposition. J ai lu dans une revue un article intérressant sur le choix des langues dans l enseignement,le français et l allemand sont en perte de vitesse.On ne peut pas y faire grand chose, dans la chimie à Bale, ce n est pas grave si on ne parle pas ces langues, mais l anglais doit étre parfait. Moi méme j ai des problémes parfois avec le computeur car les explications sont en Anglais. Mais ce qui me semble le plus grave, c est le manque d intéréts des éléves devant l enseignement. J étais un de ceux là, et c est seuleument à partir de 25 ans que j ai commencé un peu à lire. J ai eu de la chance, j ai pu passer 32 ans dans une grande entreprise . Mais les jeunes auront ils cette chance? Je suis sure que tu fais l impossible pour enseigner.
Bonne journée Latil
Écrit par : Latil | 07/02/2011
malgré tout as-tu passé un bon WE ? hé devines ! je suis allée au cinéma !!! :D
Écrit par : harfang | 07/02/2011
Barbara suit son petit bonhomme de chemin... et ça l'air de bien fonctionner.
Peut être que tu y es pour quelque chose (sourire)
Je ne sais pas si nous devenons des vieux cons.
Parfois je suis désagréablement surpris par la nouvelle génération.
Mais d'une manière ou d'une autre, c'est la faute des anciens... avons nous accepté l'inacceptable ? sur certaines choses oui.... alors on ne peut que constater certains dégâts chez les plus jeunes.
Je n'ai pas suivi la bonne voie lors de mes études, et je ne suis pas allé bien loin mais lorsque je vois le niveau des jeunes qui rentrent sur le marché du travail parfois j'ai l'impression d'être un génie (j'exagère énormément).
Une petite différence : eux ils ont des diplômes, moi non...
Bonne fin de journée Dana.
C'est toujours un plaisir de te lire....
Bisous
Écrit par : JanSheng | 07/02/2011
hélène > Dans des sociétés malades qui ferment les écoles et les hôpitaux, comment l'enseignement pourrait-il ne pas ressentir cette défaillance des repères, des valeurs, c'est l'époque du "be yourself", mais pas au sens que l'on croirait, mais plutôt fais tout ce qui te passe par la tête. Eduqué ou pas. Dans mon lycée il "règne" encore, en général, une atmosphère propice à l'étude, et puis, comme je ne suis pas trop disciplinée, je me réserve le droit de contourner un peu les programmes. Je sais mieux que notre ministre aterri du Japon ce qui convient aux élèves.
Chriss > Il m'est arrivé de "lever la voix" (euphémisme) au début de ma carrière, depuis j'ai appris à me servir d'autres "armes" plus redoutables. On a une poignée de collègues qui ont des difficultés "relationnelles", on a beau leur dire de réfléchir un peu à leurs méthodes, rien n'y fait. Je ne voudrais pas être dans la peau de leurs élèves, ça finirait mal, hi hi.
Tifenn > Tu sais bien de quoi tu parles, car tu en as aussi "un" chez toi. Mes elèves doivent savoir que je redoute l'obscurité, alors ça brille de partout : ) Sérieusement, j'ai parfois, souvent même des occasions de me réjouir aussi, j'ai d'anciens élèves qui sont devenus mes collègues et qui, souvent, évoquent pour moi des moments assez flatteurs...Vanité, je sais, mais que c'est bon !
Pascal > le "à quoi bon" était plutôt celui des élèves,des parents, ils ne voient pas l'utilité de la plupart des leçons, moi non plus d'ailleurs, ils devraient avoir la possibilité de choisir leur parcours, comme dans certains pays. Mais pour le français je suis têtue, je leur dis que c'est une chance de pouvoir l'apprendre : )
harfang > La barre est très très haute avec une prof comme celle-là, mais je vais quand même lui piquer quelques idées.
Il faut du courage pour être prof, peut-être, mais, franchement, après une semaine de stage passée dans un laboratoire informatique, huit heures par jour, je sortais les yeux rouges, gonflés, j'avais mal partout, alors moi j'admire ceux qui passent leur vie scotchés devant un écran, assis ou , pire, debout. Par rapport à cela, je suis une privilégié. Surtout avec nos vacances, que certains nous envient !!!
Quant au we, j'ai bossé samedi, et j'ai flemmardé dimanche car, à partir d'aujourd'hui, on a repris les cours, jusqu'au mois d'avril : (
Écrit par : Dana | 07/02/2011
elisabeth > Tu as tout résumé. Plus que les règles de grammaire et d'orthographe, je m'applique à leur expliquer à quoi ça sert. Tout le monde n'est pas convaincu, loin de là, mais j'ai neanmoins des fidèles ; )
Pour les outils, quand bien on ne me les donnerait pas, je saurais en inventer , je le préfère d'ailleurs.
Ed > Tu l'aimerais peut-être, quelque pathétique ou tiré par les cheveux qu'il puisse paraître. Quant à ton dévouement, je l'ai lu sur ton blog, tu as failli quand même te casser les pattes !
Les détenteurs de l'autorité oublient l'essentiel, d'une part on n'est pas censés à ne pas juger de la manière dont elle est exercée, d'autre part, cela ne les dispense pas d'avoir aussi des devoirs. Je te recommande une lecture dont on ne sort par indemne, celui du bouquin de Jean Sévillia "Moralement correct. Recherche valeurs désespérément "
Bougrenette > Oh, toi, tu nous à vus à l'oeuvre. Ce n'était pas des plus disciplinés, mais ils chantaient bien, c'est l'essentiel ! Si je sombre, tu viendras me secouer, promis ?
Latil > Chez nous l'allemand c'est la nouvelle tendance ! Je n'ai pas compris pourquoi, je n'ai pas senti chez les allemands un fort amour envers nous. Pour les textes, je suis vraiment amère, même moi je dois parfois feindre l'enthousiasme, tellement ils sont ennuyeux. Mais je sors souvent un autre de ma poche, plus moderne, plus provocateur.
JanSheng > Si c'est le cas, on va lui faire encore de la pub ! "avons nous accepté l'inacceptable ? " Je suis aussi tentée de répondre oui, mais je ne vais pas développer ici, j'ai trouvé dans le bouquin mentionné des éclaircissements rédigés avec une fine ironie, doublée d'une légère amertume et de l'humour aussi.
Quant aux jeunes, tu sais bien que c'est la faute à l'école ; ) Heureusement, tu as le Jim pour débattre et pour t'aider à penser à haute voix. Ca me rappelle la charte de l'île de Speranza dans le livre de Tournier, "Vendredi ou la Vie sauvage"...
Écrit par : Dana | 07/02/2011
J ai changé d adresse: Blogalatil.over-blog.com
Bonne soirée Latil
Écrit par : Latil | 07/02/2011
Latil > O.K. J'ai modifié le lien !
Écrit par : Dana | 08/02/2011
Vaste sujet que le sens de l'enseignement ...
(Juste une petite parenthèse amicale, pour parfaire ta grande maitrise de notre langue ;-), à mon avis, on n'examine pas un élève, on lui fait passer un examen, on l'interroge ou on l'évalue. Par contre le médecin, lui, examine son patient. Enfin, c'est ce qu'il me semble. Quant à moi, si je crois connaitre un peu le sens des mots, mon orthographe n'est par contre en rien une référence ... ;-))).
Donc, pour ce qui est du sens d'enseigner ... Il est vrai qu'il n'y a rien de plus terrible pour nous que le regard bovin qui nous est adressé, mais rien non plus de plus fantastique que l'éclat des yeux de celui ou celle pour qui ça vient de faire tilt ...
A mon niveau, universitaire, il est vrai que l'on est assez peu tolérant avec le regard bovin, surtout dans la préparation de concours. J'applique une pédagogie de l'intelligence, dure et stressante pour ces jeunes gens là. Ils m'en veulent. Je fais incontestablement progresser les autres, ceux qui sont brillants, mais aussi une partie de ceux qui sont entre les deux extrêmes.
Cette année, j'ai eu des soucis avec des jeunes gens demandeurs de bachotage. Pour ramener la paix, j'ai renoncé à ma pédagogie de l'intelligence. Désormais ils m'aiment, mais sur 40, ils ne sont que 5 à progresser sur le chemin du savoir ...
Quand on sélectionne des futurs professionnels pour des métiers mettant en jeu la vie des gens, cela a-t-il du sens d'y trainer à bout de bras ces pauvres jeunes gens au regard bovin ... Personnellement je ne le crois pas.
Cela dit, quand j'examine un dossier scolaire, un trimestre de planté, voir une année de plantée, si cela est expliqué, si le reste du dossier montre autre chose que ce regard bovin, ne me feront pas rejeter ce dossier.
Lourde responsabilité que celle d'évaluer un autre que soit ...
Bon, désolé pour la longueur (en regard de ma rareté, peut-être ... ;-))
Amitiés à toi, Dana :-))
Écrit par : Songoh Khan | 10/02/2011
---
A l'attention des "universitaires" examinateurs de blogueuses "pas Françaises qui doivent parfaire leur grande maitrise de notre langue", quelques définitions du verbe examiner, dont en numéro 3 "examiner un élève" :
(je me permets un copier-coller)
EXAMINER (v. a.)
1. Considérer avec attention et pour se rendre compte.
• Il se juge en autrui, se tâte, s'étudie, Examine en secret sa joie et ses douleurs (CORN. Pomp. III, 1)
• Allons examiner pour ce coup généreux Les moyens les plus prompts et les moins dangereux (CORN. Héracl. I, 5)
• Et sans examiner par quel destin jaloux La grandeur du courage est si mal avec vous (CORN. Nicom. III, 2)
• Sa rigueur importune examine et publie Où manque le devoir d'autrui (CORN. Imit. II, 3)
• Examine leurs yeux, observe leurs discours (RAC. Brit. I, 4)
• Je n'examine point si j'y pourrai survivre (RAC. Bérén. II, 2)
Examiner, se dit des différentes commissions pour le théâtre, le colportage, les autorisations de livres, etc.
• On doute, on examine, et je reviens confus Demander à vos pieds vos ordres absolus (VOLT. Orphel. II, 7)
2. Regarder attentivement. Plus j'examine cette personne, plus je crois la reconnaître.
• On ne la contemplait point, on l'examinait (GENLIS Mlle de Clermont, p. 167, dans POUGENS)
3. Faire subir un examen. Examiner un élève.
4. S'examiner, v. réfl. Examiner sa conscience, ses propres actions.
• Plus je rentre en moi-même et plus je m'examine, Moins j'y puis de mon mal rencontrer l'origine (ROTR. Bélis. v. 1)
• Quand un homme s'examine, quelle satisfaction pour lui de trouver qu'il a le coeur juste ! (MONTESQ. Lett. pers. 83)
Se regarder l'un l'autre. Ils s'examinent quelque temps, et enfin se reconnaissent.
///
Concernant l'orthographe du modeste "correcteur universitaire", je lui mets 18/20, à cause de 2 fautes :
1 : "voire une année de plantée" et non "voir".
2 : "Lourde responsabilité que celle d'évaluer un autre que soit ..." ?? je suppose qu'il faut lire "un autre que soi" ??
Je préfère ne pas noter le style et la syntaxe du "correcteur universitaire", et faire preuve de "tolérance intelligente"... et lui conseille de prendre des cours de langue française auprès de Dana... ;-)
Niveau universitaire, vraiment ?
---
Ahhh... ça fait longtemps que j'avais pas provoqué les gentils blogueurs... mais il faut dire que ça manque un peu d'ambiance sur ces blogs de nanas, depuis la disparition des autruches... boudiou d'boudiou !
---
Écrit par : Le Petit Robert | 11/02/2011
Songoh Khan > T'inquiète, tu n'es pas le premier à me corriger, d'autres lecteurs l'ont déjà fait (ce qui, d'ailleurs m'amuse, car j'ai lu pas mal de notes (mal) écrites par des natifs et personne ne dit rien )...Seulement voilà. Dans ce cas, les dicos te contredisent !
"Une pédagogie de l'intelligence dure et stressante " ? Je comprends que l'époque des docteurs Knock soit révolue, heureusement, mais ne vaudrait-il pas mieux de les amener , tout simplement, à se rendre compte qu'ils se sont peut-être trompés de voie ? J'avoue, je n'aimerais pas être à leur place. Des événements récents m'ont appris à ne plus dramatiser. On aime enseigner, mais, soyons francs, avec ou sans nous "le prodigieux spectacle de la vie continue et chacun peut apporter sa rime".
Oui, chacun. C'est pourquoi j'ai du mal avec l'expression "regard bovin". Ils trouveront la leur un jour aussi, c'est sûr. Je croise souvent d'anciens élèves qui n'étaient pas bosseurs, mais qui sont devenus des personnes admirables, épanouies.
Je te laisse lire ces répliques du scénario du film "Le cercle des poètes disparus" et te souhaite bonne continuation.
"Keating : Pourquoi est ce que je monte là ? Qui peut répondre ?
Charlie : Pour vous grandir !
Keating : Non ! Merci d’avoir joué ! Je monte sur mon bureau pour ne pas oublier qu’on doit s’obliger sans cesse à tout regarder sous un angle différent… Oui le monde est différent vu de mon bureau."
Le Petit Robert > Mon Micro Robert est d'accord avec toi.
"faire subir un examen à, soumettre un candidat à une épreuve" .
Interroger aurait été bien aussi.
Quant à l'ambiance, tu es mal barré, demain c'est la Saint-Valentin ! Mais, pour citer encore une réplique du même film " la poésie... la beauté... l'amour, l'aventure, c'est en fait pour cela qu'on vit."
Écrit par : Dana | 13/02/2011
Ouffffff... quelle note... me sens-je interpellé...? Eh bien oui quand même, un tipeu... jusqu'aux tripes !
Je pense que le découragement, c'est l'écueil sur lequel nous butons sans cesse, nous les profs. On se dit au moins dix fois par semaine "à quoi bon ? " mais on finit toujours par recommencer, remettre un tableau sur le chevalet. Pourquoi ? par obligation, bien sûr, à cause de la roue du quotidien qui tourne sans cesse et nous oblige à aller de l'avant. Mais aussi, et surtout, parce qu'on ne peut pas arrêter.
Pour me remotiver face aux "regards vides", je me suis toujours répété sans cesse, comme un mantra, que dans une classe de 35, même si tu n'as intéressé qu'un seul élève, si ton cours n'a laissé de trace que sur celui-là, ça valait le déplacement et l'effort. C'est d'ailleurs là le seul avantage des classes surchargées ! Ca multiplie les possibilités de marquer durablement quelqu'un, quelques-uns. Un roc auquel on peut s'accrocher.
Je ne connaissais pas cet extrait d'Iris Murdoch. Je le trouve génial. Il est vrai qu'étudier m'a donné les outils pour appréhender, mieux, ma liberté.
Je m'écarte un peu du sujet, mais justement (et paradoxalement) la citation m'a rappelé 'Invictus' :
"I am the master of my fate
I am the captain of my soul."
L'éducation nous permet de devenir nos propres capitaines, en dedans.
Et cela, c'est sans prix.
Écrit par : Lancelot | 20/02/2011
Lancelot> 35 ? TU es bien plus brave que moi. Pendant longtemps j'ai eu le privilège de travailler avec des groupes de 15-20 élèves, tout va changer désormais avec la nouvelle loi de l'enseignement. Notre société n'aurait-elle plus besoin de gens libres de par leur éducation ?
J'ai frémi aussi à la fin de "Invictus", ce sont vraiment des mots à se dire et redire. A ce propos, je me souviens qu'on appelait aussi "Capitaine, mon capitaine" mr. Keating dans "Dead Poet Society''...
Qaunt à Iris Murdoch, j'ai été vraiment bouleversée par son destin...
Tiens bon, chevalier, on a souvent besoin de toutes nos forces car "ça peut venir n'importe quand. On se croit fort, serein dans sa tête et dans son corps, et puis voilà. Un vertige, un malaise sourd, et tout de suite on sent que ça ne passera pas comme ça. Tout devient difficile. "(P.Delerm)
Écrit par : Dana | 24/02/2011
Les commentaires sont fermés.