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05/04/2009

J'y crois. Encore et Toujours

Je suis superstitieuse. Pas au point de faire demi-tour lorsque je croise un chat noir, mais je lui envoie pourtant une pensée négative. J'évite de partir en voyage le mardi, bien que j'aie pris l'avion un mardi 13. Pour conjurer le sort peut-être, pour me prouver que c'est juste des croyances d'un passé révolu. Chez nous, à la campagne surtout, on ne lave pas le linge le samedi, on enduit les portes d'ail la nuit de la Saint-Andreï pour que les vampires ne puissent pas entrer, on ne travaille pas le dimanche en disant que "même l'herbe ne pousse pas. "

Mais d'ici jusqu'à nous envisager comme des gens du Moyen Age vivant dans l'ignorance c'est une grave erreur et un manque de respect affligeant. De quel droit nous appelle-t-on des "pigs-croyants", "des grenouilles de bénitier faisant des génuflexions devant les autels"? C'est de l'humour? Désolée, plutôt du sarcasme. Il y a une limite à tout. Et cette limite est imposée par l'humanité qu'on devrait porter en soi et par le respect pour autrui.

Je prends la liberté de me taire lorsqu'on m'accuse moi, injustement. Surtout si l'adversaire ne mérite pas que je sorte l'épée. Mais cela me hérisse qu'on se moque de mon peuple tellement éprouvé dans son histoire et, plus récemment, par la peste rouge. Où étaient-ils, tous ces donneurs de leçons lorsque, pendant le communisme on nous interdisait le sapin de Noël et les oeufs de Pâques, on démolissait nos églises, on emprisonnait les intellectuels de marque de mon pays pour la faute d'avoir lu Cioran et pour le crime de croire en Dieu? Ah bon, il n'y avait pas Internet à l'époque! C'est tellement facile de se rebeller confortablement assis dans son fauteuil.

Comment peut-on prôner la tolérance et prendre en dérision les gens pour leur foi? Je ne me permettrais jamais de le faire. Lorsque j'habitais en Nouvelle Zélande, je cotôyais des gens de toutes les religions. Ils respectaient mon jeûne, je respectais leur ramadan ou leurs "fasting days". Ils préparaient même des plats pour moi pendant le Carême. J'ai rarement reçu autant d'humanité que parmi ces gens exilés dans un pays pas trop accueillant, malgré les sourires affichés à chaque pas.

On peut, bien sûr, avoir son opinion et l'exprimer d'une manière décente. Sans arrogance et sans mépris. Mais qu'on se mette systématiquement à se moquer, c'est decevant. Cela me rappelle les fidèles au parti communiste qui obligeaient les profs à donner des cours "d'éducation athéiste".

Dans son "Journal du bonheur", Nicolae Steinhardt identifie trois solutions pour  s'évader d'un univers concentrionnaire: celle de Soljenitine (la mort consentie, assumée, anticipée, provoquée), celle de Zinoviev (le buffon du roi Lear, le loup de la Fontaine, l'enfant candide du conte d'Andersen), et enfin, celle de Churchill ( le courage doublé d'une euphorie sans limites ). Le secret de ceux qui n'acceptent pas le vide totalitaire c'est qu'ils aiment la vie au détriment de la mort. Et la mort ce n'est que Lui qui l'a vaincue. Voilà donc, une quatrième solution, mystique, celle de la foi.

 Je ne vous parlerai pas de ma foi. C'est trop intime. Je vous dirai seulement que je suis foncièrement et discrètement croyante. De même que mes collègues, un florilège de femmes superbes, intelligentes et émancipées. Et si jamais vous me rendez visite, je vous emmènerai voir des monastères parsemés autour de ma petite ville. Les Roumains, placés au carrefour des chemins de la géographie et de l'histoire, n'ont pas eu la vocation des cathédrales. C'est l'une des raisons, je crois, pour laquelle on n'est pas pris de vertige devant leurs murailles comme devant les tours gothiques. A défaut d'ériger des colosses qui caressent les nues, ils s'en sont remis aux sommets des montagnes.

C'est dans cette foi et dans cet environnement béni que je puise mon équilibre, ma douceur et mon harmonie.

Je me suis interrogé à plusieurs reprises sur l'utilité de ce blog apparu par caprice, par mimétisme.  Je ne suis pas Française, je n'ai pas le don de l'écriture, on m'a même reproché de n'avoir aucun sens de l'humour. J'ai aujourd'hui trouvé la réponse.

J'écris parce que vous avez besoin de moi. Je suis votre différence.