05/04/2007
Du temps au temps
Je me suis surprise de répéter trop souvent ces derniers jours : "Je n'ai pas le temps".
Noyée dans le tourbillon des obligations professionnelles, j'ai trop souvent répondu à mes proches : "Désolée, pas le temps" alors qu'ils m'appellaient juste parce que je leur manquais, parce qu'ils voulaient me rappeler qu'ils étaient toujours là.
Et ce soir, comme par hasard, je suis tombée sur ces pensées d'un écrivain roumain et j'ai eu comme un frisson au coeur.
"Nous avons du temps pour tout.
Pour dormir, pour courir à droite et à gauche
pour regretter d'avoir fait une erreur et en faire d'autres
pour juger les autres et nous disculper nous-mêmes
nous avons le temps de lire et d'écrire
de corriger ce que l'on a écrit et regretter d'avoir écrit
nous avons du temps pour faire des projets et pour ne pas les respecter
pour bâtir des illusions et fouiller dans leurs cendres plus tard
nous avons du temps pour les ambitions et les orgueuils
pour accuser le destin et les détails
nous avons du temps pour chasser les questions et ajourner les réponses
pour fouler aux pieds les rêves et en inventer d'autres
pour nous faire des amis et les perdre par la suite
nous avons du temps pour recevoir des présents qu'on ne comprend pas
Nous avons du temps pour tout.
Mais pas le temps d'offrir un peu de tendresse "
( Octavian Paler - Nous avons du temps )
C'est ainsi. Je suis ainsi. Egoïste peut-être, communiquant somme tout assez peu.
Il me faut apprendre à donner du temps au temps.
A répondre, la prochaine fois que quelqu'un me demandera : "ça va? "
Oui, je vais bien. J'ai tout le temps.
COLDPLAY - In my place
10:35 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, journal, musique
07/03/2007
Le Baiser
C'était en 1907.
Brancusi avait passé la trentaine et il travaillait dans l'atelier de Rodin qui lui demanda de faire une copie du "Baiser". C'est alors qu'il sentit qu'il était grand-temps de quitter l'atelier du maître.
Ce qu'il fit d'ailleurs, en lui disant :
"Rien ne pousse à l'ombre des grands arbres."
Il rêvait de créer son propre Baiser.
"Je devrai sculpter un couple, sans détruire l'impression de solide que donne la pierre. C'est pourquoi les deux visages ne seront qu'esquissés. Ca pourrait ressembler à une sculpture primitive ou à une sculpture grecque, mais elle ne leur ressemblera pas. Elle ne va correspondre à aucune époque. Elle appartiendra à l'Eternité. Ca va me prendre beaucoup de temps pour parvenir à une telle simplicité."
Le Baiser de Brancusi, c'est la fusion, l'écrasement des deux physionomies, le presque désespoir de l'étreinte suggéré par le prolongement des bras entourant la nuque.
On ne parvient pas à l'union et à l'harmonie par le charnel. C'est une illusion.
Ce que Brancusi nous transmet là, c'est, en fait, la conception des paysans roumains et de tous les peuples monogames d'ailleurs, leur vison sur l'amour et le mariage, indisollubles.
Le Baiser réapparaît sur la "Porte du Baiser".
Ici, la simplicité est opérée jusqu'au motif de l'oeuf qui se répète dans plusieurs médaillons. L'oeuf est coupé exactement en deux : Homme et Femme, symbole de la fécondité universelle.
Le Baiser de BRANCUSI
La porte de BRANCUSI
18:50 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Art, sculpture, amour, le baiser, art roumain, ecriture
13/02/2007
Ouverture...
Je voulais un blog... donc il fallait forcément choisir d'abord un titre.
Un titre qui ne soit ni trop long, ni trop prétentieux, ni trop gnangnan ou eau de rose.
Ce titre a jailli un matin, lorsque j'ai posé le regard sur ces deux figurines enlacées que l'on m'a offertes à Noël.
D'habitude on y met le sel et le poivre, mais moi je les garde précieusement sur mon bureau.
Leur image a fait ressurgir mon conte préféré du temps où je souriais sans rides.
C'est l'histoire d'un roi dont la fille cadette lui déclare un jour : "Je t'aime comme le sel dans les plats." Il est très vexé et il la relègue à la cuisine où elle commence à lui préparer des plats sans sel...
Essayez d'imaginer... pourriez-vous en manger ? Des plats fades, maladifs, qui ne font pas briller nos yeux, qui ne donnent aucune envie d'y goûter, qui laissent indifférents nos sens.
Si un jour on nous interdisait le sel, on ouvrirait fébrilement le placard pour épicer un peu notre vie, pour lui rendre le goût, la saveur.
Avec un peu de poivre, par exemple !
18:00 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : femmes, écriture, humeurs, journal intime, journal personnel