Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/05/2009

"elles sont où les larmes ?"

Je ne sais pas écrire de lettres de rupture. Suis trop maladroite ou trop pathétique ou trop acide. En outre, les 2-3 que j'ai déjà écrites ont eu l'effet contraire. Mais je sais très bien me taire. Je sors d'une histoire éreintée sans un mot. Même si l'on peut penser que j'ai un comportement idiot, stupide d'ado attardée. J'assume. Car je crois, au contraire, que larguer quelqu'un qu'on aime demande beaucoup de courage. Un courage qu'un écrivain comparait à une opération sans anesthésie avec un Opinel rouillé. Et dans ma naïveté j'imagine l'autre soulagé de ne pas avoir à dire les mots annonciateurs de la fin, alors qu'il se sent prisonnier dans la routine d'une relation où l'amour s'est émoussé et dont la flamme vacille.Structure creuse où l'on passe de la passion, par la tendresse, à l'amabilité. Même pire, à la pitié ou au ressentiment.

"Ne te retourne pas !" disait Hermès à l'inconsolable Orphée.

"Ne te retourne pas !" disaient les anges à Lot et à sa femme transformée en statue de sel pour désobéissance.

"Ne te retourne pas ! " disaient les filles du roi dans  le conte roumain Jeunesse sans vieillesse et vie sans mort, tu mourras dès ton arrivée dans ton pays.

" Ne te retourne pas, ne dis pas Adieu, ne ramasse pas tes affaires !"  Je n'ai pas obéi non plus. J'ai cédé aux promesses, aux leurres, aux larmes. Sans comprendre que ce n'est pas par amour qu'on essayait de m'amadouer. Mais parce que je suis un très bonne auditrice, un spectateur enthousiaste de la vie de "l'autre".

Il me fallait du temps pour m'en rendre compte, bien que la petite voix insidieuse n'eût de cesse de me répéter: " Il ne t'aime pas". Et je me taisais de nouveau. J'inondais les mondes de mes larmes, je déclarais le deuil, je me mettais à genoux et implorait Dieu de m'aider à l'oublier en espérant chaque matin le réveil libérateur où il ne compte plus.

Mais, dernièrement, j'ai perdu mes larmes. Plus une ne dégouline, bien que je sois plus belle après avoir pleuré ! Me serais-je abrutie ?

L'amour, quand il s'en va ne tue pas, non. Il s'enferme. Il s'efface doucement en nous. Le ciel ne tremble pas dans son indifférence. Les océans ne se démontent pas.  Mais, à y réfléchir, peut-on appeler "amour" cet état de fixation obsessionnelle à une dépendance malsaine qui nous écarte de la paix et nous ravit l'élan et la joie de vivre ? Doit-on signaler son départ par des mots qui perforeraient, qui calcineraient, qui grifferaient, qui s'installeraient dans la mémoire ? Tout ce fatras verbal ne serait-il pas venu à bout du sentiment ?

Il faut être atteint de cécité sentimentale pour ne pas comprendre la douleur renfermée dans un noeud de silence.

Heureusement, pour cet amour frais, printanier qui frappe à la porte de mon âme j'ai trois ans pour en créer le charme, la tiédeur et la rupture.

Trois ans.

" Et on sera fixés. " (merci FB)

en écho à ma M., à laquelle  je dédie ces élucubrations...

SILK

Commentaires

on est tous un peu pareil alors... on découvre... on vit... et on souffre... avant de partir... ailleurs..
bon courage Dana..!

Écrit par : charl' | 04/05/2009

Vraiment superbe cette article... comme ton blog d ailleurs...


LORENT et ses 2900 tailles-crayon

Écrit par : le fou du taille crayon... | 04/05/2009

charl'> Mais le courage serait d'y rester! De toute façon, la réussite royale c'est la rançon de l'exigeance. Avec l'âge, on n'a plus le temps de s'essayer à l'amour, on place la barre plus haut et on s'ingénie à utiliser les meilleures matières premières.
le fou de taille crayon...> Bienvenue, tu es au bon endroit, le vent de la folie y souffle souvent! Je me demandais qui a le courage de dépoussiérer les pièces de ta collection, j'ai aussi de petites cloches et parfois je manque de courage pour le faire. Merci pour tes appréciations.

Écrit par : Dana | 04/05/2009

C'est beau et courageux de vivre ça
je comprends , pas de temps à perdre , pas de temps pour souffrir davantage
Tu mérites le bel amour , l'authentique , trois ans , c'est long et c'est court
Tu mérites le bonheur , je te le souhaite
Des larmes qui couleront de bonheur ...
Bises ma Dana

Écrit par : Jeanne | 04/05/2009

je comprends tes mots comme toi je suis une grande amoureuse, je n'ai jamis eu à rompre, on l'a toujours fait pour moi. Mais cela ne m'empêche pas de revenir à la source, encore et encore....

Écrit par : Bérangère | 05/05/2009

je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis... c'est souvent moi qui rompt même quand j'aime encore... je ne supporte pas quand on en est presque à se forcer... C'est pas simple les histoires de coeur ! depuis la dernière je suis comme qui dirais en jachère. Ce que je prefere dans ce que tu dis c'est quand tu précise qu'on en meurs pas... c'est con mais j'ai mis du temps à le réaliser c'est peut être ça le plus effrayant... même avec beaucoup d'amour et de tristesse ou de douleur quand c'est fini on en meurs pas! (m'a fallut du temps pour le comprendre... ;-)

Écrit par : immuable | 06/05/2009

J'aime bien ce billet. Il me parle, fait écho. Comme pour beaucoup je suppose.

J'aime surtout les questions que tu poses qui sont, me semble-t-il, assez justes. Notamment cette question rhétorique là, elle interpelle je trouve :
"Mais, à y réfléchir, peut-on appeler "amour" cet état de fixation obsessionnelle à une dépendance malsaine qui nous écarte de la paix et nous ravit l'élan et la joie de vivre ?"

Merci Dana. :-)

Écrit par : Simon | 06/05/2009

bonsoir Dana... les séprations font toujours mal...mais tu raisonnes sainement... on en meurt pas, tu as raison... il faut penser ainsi... maintenant tu vas renaître...et à toi la vie.... bises et bonne nuit

Écrit par : loula | 09/05/2009

Tout est très beau, comme d'habitude, tu laisses planer une tendresse dans la tristesse, on aime aimer, sans rien n'est jamais pareil, et l'on s'invente encore et encore pour se sentir vivant autrement. Je t'embrasse fort

Écrit par : Bougrenette | 12/05/2009

Je passe en vitesse douce pour vous déposer des bisous doux, chère Dana. Il fait beaucoup moins chaud et pas beau du tout en Provence, et en France. C'est la faute à Voltaire. ;)

Écrit par : Blog_trotter | 14/05/2009

Ces quelques mots me touchent beaucoup....

Écrit par : MamanCélib | 14/05/2009

Désolée d'avoir tant tardé à vous répondre. Le temps me nargue. Mais j'ai tout lu,j'ai souri, j'ai réfléchi.
Jeanne> Il paraît que mon instinct de survie est encore bien développé : ) Je ne sais pas si le bonheur se mérite ou bien s'il est la conséquence de notre effort.
Bérangère> Oui, une grande amoureuse, éternellement dans mon corps une flamme brûle et brûlera, ravie d'avoir cela en commun avec toi !
immuable> Avec le temps tu vas réaliser aussi qu'il existe un autre sentiment humain, plus fort que l'amour : la dignité.
Simon > Et moi j'aime cette capacité à toi de "diséquer" les textes que tu lis, j'aurais aimé être si sage à ton âge. Le suis-je, au moins, à mon âge ?
loula>Non, on en meurt pas. Juste une partie de nous. Mais avec ce qui reste on tatônne vers ce regain de vie et de lumière qui nous parvient par tous les pores.
Bougrenette> La vie comme elle devient ma très chère, perpetuelle invitation au songe, au désir, à l'aventure, à l'amour. Je t'embrasse aussi tendre.
BT> La douceur m'a élue comme territoire, la lenteur aussi. J'ai adoré le livre de Kundera dédié à ce sujet. Pauvre Voltaire, c'est toujours lui le coupable ; )
MamanCélib> On est quittes alors, je sors toujours émue de ton espace.

Écrit par : Dana | 14/05/2009

Comment est-ce possible que l'on ait aimé et que l'on n'aime plus ? Pas facile de le dire, d'expliquer, en fait on n'y arrive pas... on laisse les choses pourrir pendant un certain temps, on n'a pas le courage. Là je ne parle pas de moi, je n'ai pas vécu cette expérience de vivre avec quelqu'un et de le quitter ensuite. Bon week end.

Écrit par : elisabeth | 16/05/2009

elisabeth> Comment est-ce possible ? Je pourrais m'ingénier à trouver des réponses, mais je préfère raisonner comme mon ami : ce n'était pas un amour assez fort.

Écrit par : Dana | 18/05/2009

Tout ceci me laisse très songeur ... Il est des choses qui me paraissent devoir être d'éternité.

Si les circonstances de la vie peuvent, dans tous les aspects envisageables, conduire sur des trajectoires divergente, sauf à s'être menti à soi-même un temps, les fils d'or qui relient les êtres sont incassables.

La question que je me poserais, c'est n'a-t-on pas confondu le fil d'or avec un fil de bronze ...

Enfin, c'est ma vision, et ma perception ... :-))

Écrit par : Halryck | 19/05/2009

Flute, j'ai oublié de changer mon pseudo. :-))

Halryck est mon pseudo de joueur dans Égyptis ... ;-)

Écrit par : Quidam LAMBDA | 19/05/2009

Quidam Lambda alias Halryck : ) > C'est ce que l'on croit au départ, enfin, on espère, que cette fois-ci c'est la dernière des Matrioska. Pour le reste, je ne sais plus quoi dire, j'ai trop parlé, en tout cas, le pire, oui, c'est d'être l'esclave d'une illusion.

Écrit par : Dana | 20/05/2009

Bigre ! l'esclave d'une illusion ... Voilà peut etre bien où j'en suis. Jolie expression. Je ne trouve pas mes mots pour répondre à ton texte mais je suis très troublée ce matin. Je vais y réfléchir. J'ai l'impression d'être sur la tranche d'une feuille, hésitant entre le recto et le verso. En équilibre. Je ne sais pas de quel côté je veux tomber, je vais tomber. Je hais ces instants d'incertude et en même temps j'aime quand mon coeur éprouve mais là c'est plutôt mon ventre qui se tord et mes yeux qui se voilent. Quelle est cette alchimie ? Sont ce tes mots qui m'ont ainsi troublée ? Je ne sais plus...

Écrit par : Chriss | 21/05/2009

Chriss>Ravie de ton passage. Il y a quelque temps je t'aurais dit "fonce", "sois folle", aujourd'hui je me demande " et si tu restais en équilibre ? " Mais quand le coeur éprouve...Bises à toi.

Écrit par : Dana | 24/05/2009

Les commentaires sont fermés.