02/05/2009
Merci l'Allemagne, merci la France !
Hier soir, lors d'un débat télévisé, on a demandé à un piètre respectable homme politique s'il y avait au moins un secteur en Roumanie qui résistait à la crise.
-Oui, la Logan !
Et cela, grâce aux Allemands et aux Français qui, par certains programmes, sont encouragés à acheter notre voiture nationale, l'ancienne Dacia relookée.
Vous me connaissez déjà, un rien me suffit pour me plonger des années en arrière. Ces années de disette où, avec S., écolos à notre insu, on vendait les pots et les bouteilles en verre vides pour nous acheter des livres. Où, faute de télé, on passait le temps avec les amis ou dans le balcon à regarder les "fenêtres de Dieu" (j'aime cette expression de Kundera pour désigner le ciel ). Où, les soirs d'hiver, comme il y avait très peu de chauffage et que l'on coupait aussi l'électricité on était obligés de se blottir l'un contre l'autre, de s'égarer l'un dans l'autre. Que d'enfants ont été conçus par ces temps de crise, par ces temps d'amour! On avait droit à une seule voiture par famille, pire, à un seul permis de conduire par famille. Et quand bien même on possédait une voiture, l'essence manquait.
Lorsque je conduisais une vieille voiture automatique sur des routes presque désertes à Auckland, je me laissais en proie au tourbillon des pensées, au souvenir des compromissions et aux ambitions vaniteuses. Et puis, du parking au boulot, mes pas paresseux longeant les rues m'inscrivaient dans ma routine quotidienne. Quelle ville sorcière que celle de A. ! Elle me donnait toujours l'illusion de l'ubiquité, surtout cette rue piétonne, ma préférée, parsemée de petits cafés et de crêperies dont les noms m'attiraient comme un aimant. "Café Bonjour", " Le Petit Bouchon"... j'avais envie de me déchausser et de piétiner ces pierres, ces distances qui me séparaient de l'homme que j'aimais. Parfois, dans un embouteillage, je faisais même mon petit cinéma: la femme rompue qui écoute de la musique planante, la tête appuyée contre le volant.
Aujourd'hui, je regarde par la fenêtre cette belle Mégane récupérée chez mon père et que j'ose pas conduire. J'ai perdu mes réflexes. Le lévier de vitesse m'effraie, le frein n'en fait qu'à sa tête, l'embrayage est mon pire ennemi. Impossible de rouler la main posée sur le genou de l'autre, impossible de lui caresser la nuque pendant ! Seul avantage: l'esprit qui n'a plus le temps de vagabonder, piégé comme il est par le traffic.
Vivement que je me trouve un moniteur doué et , surtout, très patient. Sinon, par la crise qui coure, il ne me reste que l'amour.
Bob Sinclair- Love Generation
08:21 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : crise, amour, roumanie, vidéo, love generation
Commentaires
Merci à toi pour ta note, elle est vraiment parlante sur le passé. (Je suis allée en tchécoslovaquie en 1979, ce n'était pas mieux).
Je pense que tu vas avoir envie de conduire avec cette nouvelle voiture.... pas seulement pour le moniteur (ah ah !!). Bonne fin de week end.
Écrit par : elisabeth | 03/05/2009
"Impossible de rouler la main posée sur le genou de l'autre, impossible de lui caresser la nuque pendant ! "
je ne pensais pas que la voiture pouvait être une telle gêne aussi.... ;)
Écrit par : charl' | 04/05/2009
elisabeth> Pourtant leur totalitarisme étais plus "doux" que le nôtre. Ah, le moniteur, je vais pas le choisir trop beau sinon ma voiture restera encore sur le parking !
charl'>Ben, c'est parce que tu ne roules pas en automatique sur des routes désertes, l'esprit s'égare, les mains aussi parfois...
Écrit par : Dana | 04/05/2009
J'en connais un d'excellent moniteur (celui qui m'a appris à conduire). Mais il faut venir en France pour cela ! :)
Écrit par : Milady B | 17/05/2009
C'est bon, Milady B, j'ai mon moniteur personnel : ) La France, bientôt, mais pas pour la conduite!
Écrit par : Dana | 18/05/2009
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