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Je sais, on est en mai (fais ce qu'il te plaît ?) . Même si, par un lapsus bien révélateur, j'ai affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours, que l'on était en mars. En fait, le temps nous malmène quelque part, en bordure des saisons, au gré des vents, des pluies et de quelques pâles rayons.
Alors je boude ce printemps capricieux et je courtise l'automne.
Pour qu'il autorise le soleil à cajoler mon corps affamé de chaleur et de lumière dorée
Pour qu'il laisse de nouveau les jours scintiller de mille délices
Pour que la vie redevienne rire et éclats
Pour que les acacias embaument de nouveau ma chambre du haut de la colline
Je ne suis pas victime du TAS, non. Au contraire .
Mais, franchement, vous trouvez normal pareil accoutrement pour un 19 mai ? Il paraît que seule la grenouille, penaude, sur mon lit, s'en fiche. Mais elle, on la comprend, c'est plusieurs fois pas jour sa fête !
Aujourd'hui j'ai fait écrire à mes élèves des déclarations d'amour. Avec lesquelles on a, par la suite, édifié un mur des sentiments. Incomplet encore, il y a toujours des retardataires... Vous devez nous trouver bien naïfs, enfin, plutôt moi...Mais on se protège comme l'on peut! A part cela, j'ai toujours eu un réel attachement à des choses futiles.
J'ai bien conscience que ma vie est assez facile, tandis que d'autres, ici et là, tout près ou tout loin de moi, sont en butte à mille dificultés.
La Roumanie est morose, bien que les températures soient douces, anormalement élevées pour la saison. Oui, il paraît que le temps reste le seul à faire des efforts et le vase est sur le point de déborder. Une journée de grève des budgetaires est passée inaperçue. On ne peut pas, comme les cheminots, paralyser les routes. Les enseignants ne produisent que de la matière grise. Une denrée de peu de prix!
On nous menace de l'augmentation de la T.V.A. Les rues, les boulevards sont éventrés par des travaux interminables et les tilleuls ont perdu leurs feuilles d'un coup, ce jaune si doux que j'adore.
La monnaie nationale décline vaincue par un euro de plus en plus fort.
On assiste, avec effarement, au dévelloppement des nouvelles formes d'incivisme et des comportements affligeants. On pourrait en faire des thèmes de débat avec les élèves...Maigre consolation.
La campagne électorale, soporifique, pour les présidentielles l'emporte sur les problèmes des gens. Une foule de candidats, un désert d'idées...Nous sortons d'un quinquennat agité et le prochain s'annonce encore plus mouvementé.
Deux ministres de l'Education en huit mois et chacun éprouve le besoin de laisser son empreinte. Je réforme, donc je suis. Mais, à chaque mouture, les changements sont loin d'être révolutionnaires. On fait glisser des thèmes, on allège un peu, on saupoudre par ci, par là et le tour est joué. Des programmes de plus en plus rébarbatifs pour les élèves.
Le sentiment d'être ballotés par des événements qui nous dépassent, nous emportent sans que nous maîtrisions quoi que ce soit. Vous imaginez que, dans ces circonstances, le Prix Nobel de la littérature passe inaperçu. Dommage de rater une grande occasion de ramener les jeunes vers la lecture.
Voilà de quoi devenir bougon, soupe-au-lait. D'ailleurs, "Urania" a prédit pour les Verseaux de gros coups de gueule pour cette semaine. Alors je boude. La télé. L'actualité. Je me contente de lire, de rêvasser, d'écrire un peu. D'écouter de la musique dans la maison silencieuse. Et le vacarme des souvenirs "lentement s'élever/Au bruit des carillons qui chantent dans la brume". Quoiqu'aucun feu ne crépite dans ma cheminée et que je sois assise en tailleur devant mon portable, quoique non plus aucun carillon ne résonne, d'une manière générale ma vie est belle, oui. J'ai de la chance. Malgré ces propos effleurés par le découragement, mes moments de cafard sont passagers et le spleen vite oublié.
D'ailleurs, je vais me replonger dans la préparation des cours.
Demain je vais ressentir sur mes joues la fraîcheur matinale, recroiser sur mon chemin des élèves qui vont me dire: "Bonjour, Madame" et le plaisir de leur répondre un mot gentil, de leur sourire, d'aborder une nouvelle journée avec l'assurance d'en faire une belle journée...