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29/01/2009

je t'aime bien

Avec mes élèves on a toujours eu du mal à traduire cette expression: "aimer bien". "Beaucoup" nous laissait insatisfaits, car on sentait que c'était la qualité et non pas la "quantité" du sentiment qu'on devait rendre. Et puis, il y a quelques jours, lorsque j'étais en train de relire Simone de Beauvoir, j'ai compris ce vers quoi elle me faisait, (in)consciemment tendre:" Je lui faisais si totalement confiance qu'il me garantissait, comme autrefois mes parents, comme Dieu, une définitive sécurité. Au moment où je me jetai dans la liberté, je retrouvai au-dessus de ma tête un ciel sans faille; j'échappais à toutes les contraintes, et cependant chacun de mes instants possédait une sorte de nécessité. Tous mes voeux les plus lointains, les plus profonds étaient comblés; il ne me restait rien à souhaiter, sinon que cette triomphante béatitude ne fléchît jamais."

Je n'ai pas été capable d'inspirer un tel sentiment. Ou pas capable d'offrir un amour à l'épreuve du tout. Même si je dois avouer que j'ai reçu, comme toute femme, des mots d'amour, des mots ensorcellants, des promesses fallacieuses. J'espère, au moins, dans leur sincérité de l'instant. On m'a aimée d'amour "fou", d'amour "toujours même au-delà", d'amour "je rendrai tout beau pour toi", d'amour "tu es irremplaçable" (si!), d'amour "je t'aime plus que moi-même" (si si!). Avec le recul, je me dis qu'aucun des hommes (très peu d'ailleurs) qui ont compté dans mon destin de femme ne m'a jamais bien aimée. Au point de vouloir réorganiser sa vie autour de moi. Car, avec le temps, y en a marre d'être un abri, un réfuge, un oasis, un havre, un... on veut être une essentielle. J'espérais un homme qui ne me fasse pas ployer sous le poids de son passé. Un homme qui rassure mes incertitudes et accroche des sourires à mes tempes. Un homme qui ne m'adore pas la nuit pour m'oublier à l'aube. Je sais qu'il y a des hommes comme ça. Je l'ai lu sur des blogs, je l'ai vu autour de moi. Mais, pour une raison ou une autre, les "hommesdemavie" , des êtres exceptionnels d'ailleurs, se sont réservés de me donner le meilleur d'eux-mêmes.

On nous apprend comment être heureux, comment réussir notre vie, comment être sexy. Comment le toucher. Comment le regarder. Comment s'habiller, se maquiller pour le séduire. Enjôler. Suborner. Mais j'aimerais tant apprendre comment l'aimer. Apprendre à me servir de tous les moyens pour y parvenir. Des clous à crochets pour escalader les montagnes de l'indifférence. D'une pelle pour combler les distances, d'un marteau pour démolir les murs des silences. Armée d'une bonté inconditionnelle et d'une patience sans limites frapper aux portes de l'amour avec les coups de mon coeur un peu fatigué d'attendre.

Ainsi, le jour où il surgirait dans ma vie, je saurais ne pas râter cette rencontre qui ne m'apporterait ni hésitations, ni leurres, ni chagrins, ni reculades. Je connaîtrais par coeur le chemin menant vers le bonheur à perpétuité. Cet homme verrait ma lumière et ferait pétiller mes yeux de cette assurance que donne le sentiment d'être aimé.

Sa bienaimée.