31/10/2010
oeuf dur ou café ?
C'est encore une histoire lue chez hélène qui m'a donné le titre ( mais ne cherchez pas trop à comprendre le cheminement sinueux qui m'y a amenée : ) ) ...
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Depuis mon retour de Bulgarie, chaque week-end (vendredi soir et samedi matin plus précisément) on nous inflige des séances de "développement personnel". Une autre trouvaille de l'EN, subventionnée par l'argent européen, pour, je suppose, nous faire passer plus facilement la pilule de la cure d'austérité. Les Roumains, originaux comme d'habitude, ont adapté à leur façon les mots du Sarko, alors on travaille plus pour gagner moins.
Réunis en cercle, dans une ambiance feutrée, on est censés répondre sincèrement aux questions cliché de la formatrice qui arbore le plus souvent un sourire d'une grande affabilité auquel j'oppose le mien, plutôt goguenard. J'avais déjà du mal à digérer ce que ces théories ressassent, alors je tressaillis quand on nous demande " quel est le rôle qui vous réussit le mieux ?" , " à qui êtes-vous reconnaissant ? ", " quel fleur vous êtes ? à qui l'offrirez-vous ? " , " que faites-vous quand vous êtes tristes ou gais ? "
Je ne suis pas en mesure de me prononcer sur l'efficacité des ces "activités", mais, au vu des visages de mes collègues, des yeux qui s'embuent , du sourcil qui se fronce, je pense que l'on en sort plutôt frustré et chamboulé dans l'estime de soi. Enfin, c'est mon avis, le temps nous le dira... mais en ce moment c'est le rôle d'humain qui me réussit le moins, car je me sens tiède, lâche, en train de faire de la thérapie de groupe alors que des collègues des autres villes sont en grève de la faim, que la réforme qu'on prépare va donner un coup mortel à l'enseignement et que des Roumains sont assassinés chaque semaine en Italie sous le regard indifférent des passants. Mais on doit contourner tout sujet "sensible", on est là pour doper son moral...Seulement voilà, j'ai du mal à me mettre au diapason de cette émotion qui inonde la salle par à coups et à assimiler cette complicité fructueuse et tendue, les nerfs à vif, je martèle mon sarcasme et m'occupe à tailler des fleurs qui imitent celles de mon sac. Pas mal, non ?
" Quel a été le sentiment dominant de cette semaine ?" " Le dépit" lui dis-je avant de filer à une autre séance plus requinquante : la Zumba ! Ben oui, dans ce monde qui part en vrille, la dictature du physique pèse sur nos pauvres épaules au point de se rendre malades pour quelques kilos superflus. On a beau se dire qu'on est au-delà de cette folie, on rêve tous d'un corps d'apollon, d'un ventre plat, des jambes galbées et d'une silhouette qui ait du chien ; ) Comme une bagnole, il faut avoir le châssis impéccable et les pistons huilés, alors autant onduler du fessier, surtout que ça coûte moins !
De plus, je préfère, pour une fois, hein, la compagnie des "filles qui frappent de la bottine" comme les appelle ma journaliste "people" préférée. Ca arrive au gym en bagnole BMW ou Audi (un must) et parées de bijoux Bulgari , ça jase, ça papote, ça te marche sur les pieds, ça se rue sur les steppers ou les tapis, des nanas outrecuidantes aux rires stridulants et la boîte à idées plutôt vide, auxquelles j'aurais parfois envie de donner un de ces coups de poings imaginaires dans leur museau pour leur interrompre le couple.
Mais non, rassurez-vous, malgré mon humeur du moment, j'ai des restes de bon comportement, et c'est seulement en imagination, pendant que je saute, je twiste, , "shake your body, shake your body", je zouke que j'accroche leurs bagnoles comme la bonne femme dans un de mes films préférés, car, comme elle, " I'm older and I have more insurance ". Ce serait, en outre, une bonne occasion de mettre à profit ma maladresse au volant !
Fin de la séance, j'en sors pas trop libérée des pensées maussades, mais l'automne, oui, encore lui, me fait vibrer à ses sons. La fringale me fait presser le pas vers la maison, mais je passe d'abord au studio pour louer un film. Je choisis "Ondine". Parce que fantastique. Parce que l'Irlande. Parce que Colin Farrell. Parce que Sigur Ros... L'offre a de la gueule, le film beaucoup moins, car j'ai encore failli sortir de mes gonds lorsque l'on découvre que la "créature de rêve "est une "dealer" Roumaine renversée...enfin, je vous laisse voir, encore un cliché qui me dépite. De plus, on a eu la mauvaise idée de l'appeler comme ma fille.
Heureusement, j'ai des rillettes de thon délicieuses envoyées par ma chère Jeanne et du chocolat de chez elle, fuck the diet , je goûte du tout et je repense à cette soirée de juillet, moi aussi, aux rencontres précieuses qu'on a faites et que j'espère solides, fortes, bonnifées avec le temps comme le vin de bon cru...
Et ce matin ? Tout baigne ! Les persiennes filtrent les rayons du soleil d'un jour où j'ai gagné une heure de farniente, et je viens de revoir "Le Concert"... Me voilà rassurée. Bien qu'en ce moment je sois plutôt encline au pessimisme et à la révolte , à mon grand bonheur, vers la fin l'âme slave m'a gagnée et j'ai senti des larmes couler qui m'ont fait chavirer le coeur en douce... Je ne suis pas complètement aigrie donc et ce magnifique automne joue en ma faveur : )
12:38 Publié dans humeurs | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : n'importe quoi, vidéo, amitiés, ondine, sigur ros