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21/11/2010

facebook me !

Il y a trois jours  j'ai failli m'énerver lors d'un cours avec la terminale (si quelqu'un connaît un euphémisme ou un synonyme châtié, je suis preneuse, mois de la gentillesse oblige ! ) contre une élève qui était, une fois de plus , à la charette.

"- Mais que fais-tu de tes soirées ?"

"- Je traîne sur FB, madame, j'ai une ferme et je lui consacre beaucoup du mon  temps libre. Hier soir j'y ai passé deux heures ! C'est très divertissant, vous pouvez essayer."

Je ne vais pas créer une ferme, non, un restaurant peut-être, histoire de m'inventer des menus gourmands et nature friendly. Mais cela m'a donné une envie pressante de voir "The Social Network", le plus récent film de David Fincher. Il y évoque, d'une manière assez convaincante, les circonstances et les gens  qui ont contribué à la création du réseau.

500 millions de gens interconnectés. 207 pays. 25 milliards de dollars. Le plus jeune milliardaire du monde. Qui avoisinne des personnages emblématiques , glorifiés pour la plupart par un public avide de s'évader d'une certaine routine : le "rebelle sans cause", Bonnie et Clyde, les motards hippies de "Easy Rider" .

"Drogues, sexe et rock'n roll" !

Sans oublier, évidemment, la violence, de "Fight Club", un autre film de Fincher. "It will be allright", pendant que tout autour le monde s'écroule. On en a besoin pour que la société ne fasse implosion et que l'on combatte le malaise existentiel ?

Il paraît que ce monde-là soit révolu. Tout n'est plus noir ou blanc. Les gens ne sont plus classés en "méchants" et "gentils" (ouf ! ) .

Les héros, géniaux, bouffent désormais des pizzas et s'abreuvent à la bière. Mark Zuckerberg, l'icône d'une génération qu'il a munie d'un redoutable instrument de socialisation ne s'habille pas en Prada. Il est misogyne et atteint d'un léger autisme. Complètement aphone dans les relations sociales, dépourvu de toute empathie, il a, paradoxalement, créé le réseau qui facilite l'interaction ET l'aliénation sociale, en générant aussi un phénomène de masse qui vire parfois en exhibitionisme. Qui peut s'avérer dangereux. Mais qui, qu'on l'accepte ou pas, a radicalement changé l'espace virtuel, de même que les blogs, d'ailleurs.

D'après Romain Gary "la technologie était le trou du cul de la science" ! Mais elle a fait apparaître de nouvelles façons de composer avec les autres, où qu'ils soient. C'est vrai qu'on peut y prendre des visages multiples et , par là même, cacher sa véritable identité. J'admets aussi qu'elle puisse engendrer une certaine instabilité, voire une légère perte de sens.

Ca sert à  se cacher, à se révéler, à se connecter ou bien à éviter. En fin de compte, elle ne fait que ce que l'on veut en faire.

Pour revenir au film, il est loin d'aborder seulement l'histoire du fameux réseau social. Mais aussi ou,  dirais-je, plutôt, l'histoire d'un personnage abscons, étrange, froid, distant, susceptible, bourreau et victime en même temps. Le nouveau "citizen Kane".

L' histoire d'une nouvelle approche de l'Internet. Mais aussi de la manière que l'on peut  choisir pour garder le contact avec les amis, les connaissances, la famille.

Je ne suis pas trop "active" sur FB. D'ailleurs, de temps en temps le site me le rappelle par e-mail  et j'y sens comme un léger réproche : )

 Mais je me range définitivement dans la catégorie de ceux qui pensent que l'Internet est la huitième merveille du monde.

Dans une vision édulcorée peut-être, mais que j'épouse vivement, ma journaliste préférée le compare au "Moulin de Călifar" qui, dans une nouvelle d'un écrivain roumain, représente le symbole des rêves des gens parfois mécontents de leur vie "réelle" et auxquels il offre une sorte de compensation, une évasion. Auprès des eaux empoisonnées du moulin, on pouvait vivre des histoires dont la vie a été radine, des rêves que la vie nous a épargnés. Tout y est possible. Le tout et son contraire. L'internet est aussi une lame au double tranchant et il arrive parfois qu'au réveil on se sente esseulé, deçu, fourbu...Pour reprendre une réplique du film The Social Network, " les mythes ont besoin d'un diable ".

Peu importe, quelque part, dans un recoin de notre mémoire, se tissera toujours un fil de conte où l'on était riche comme Crésus, heureux comme Ulysse, aimé à en mourir et beau comme un dimanche sans fin.

 Alors ? Facebook or Not ?