25/11/2012
princess or not princess ?
Je viens de regarder "Rebelle" (tu parles, un titre si alléchant ! ). Avec des lunettes 3 D en plus. Et en proie à deux questions existentielles : suis-je une princesse ? suis-je une bonne mère ?
J'ai compris d'emblée, en écoutant les injonctions de la reine Elinor, que je n'étais décidément pas une princesse, malgré mes beaux yeux bleus. C'est vrai, je suis compatissante et patiente. Je ne manque pas à mes devoirs et à mes responsabilités. Je mange proprement et je ne traîne pas au lit (sauf lorsque...)
Mais...il m'arrive de lever la voix, de donner de la voix plutôt, car, comme Merida, je me rebelle contre tout ce qui entrave ma liberté d'esprit et d'action, contre une vie planifiée pas par pas, moment par moment, je préfère la laisser me surprendre et m'envoûter. Je fais des gribouillages, je ne rate aucune occasion de m'esclaffer, de me tordre de rire, et je croque les pommes à pleines dents. Je porte même des armes, si l'on compte mon petit Opinel et mon bouclier en matière fine, transparente, que j'enfile désormais à chaque sortie, hystoire de me protéger contre l'hypocrisie, les cachotteries, les coups fourrés. Je trimballe même des mots dans mon sac, des mots utiles si une mise au point s'impose. Léo Ferré ne nous a-t-il pas appris que "les armes et les mots c'est pareil, ça tue pareil" ?
Car, "princess or not princess, the important thing is to learn to fight" et la vie ne se prive guère de nous provoquer à des combats. On lutte pour. On lutte contre. On lutte avec. On s'épuise. On vacille. On grandit. On comprend. On renonce même, hélas, quand on se sent trop faible pour persévérer.
Bon, si on comprend vite qu'on n'est pas des princes et des princesses, je crois que la plupart des adultes présents se demandaient durant les 90 minutes de film s'ils étaient au moins de bons parents.
Parfois on a cette tendance de tout superviser, chaque minute, chaque seconde de la vie de notre enfant. De lui imposer des règles, d'être très stricts, têtus, hyperprotecteurs. Par amour on dit, et "pour son bien". Parfois , au contraire, on laisse l'enfant n'en faire qu'à sa tête, on est trop permissifs et des dérapages peuvent surgir. Ou bien on est tout simplement absents, en laissant l'autre, l'école, l'internet et l'entourage jouer le rôle de formateurs.
Cool ou uncool ?
Quelles erreurs éviter afin de ne pas être, un jour, tenus pour responsables des échecs de nos enfants ? Afin de ne pas nous retrouver confrontés à des regrets aussi tardifs qu'inopérants : "j'aurais dû..." , "j'aurais pu..." ? Afin d'éviter une fracture irrémédiable dans notre relation et qui les pousse à la rebellion, voire à l'éloignement et au silence ?
On les oblige à finir leur assiette, ensuite on les emmène chez le nutritionniste. On leur coupe la parole et les ailes, on les domine, on les castre pour, par la suite, les inciter à ne plus être si timides, si en retrait. On les frappe et on crie sur eux, et on s'étonne innocemment s'ils deviennent des adultes violents. On dépense sur n'importe quoi et on leur reproche de laisser l'argent leur filer entre les doigts. On ment à son partenaire, on papillonne et on reprend son gosse pour le moindre mensonge.
J'ai connu, par mon métier, des milliers de parents. Parfois, au bout des forces et des moyens, ils s'en remettent aux profs principaux et aux psychologues. Evidemment ceux qui ne prennent pas les profs pour des incompétents, des cons, ceux qui ne raisonnent par par l'enfant roi à qui tout et permis et qui n'est jamais dans son tort.
J'ai accompagné aussi, un bout de chemin, des jeunes imperméables à tout : pleurs, menaces, punitions, conseils, soutien. Des jeunes qui, comme la princesse Merida, comblaient leurs parents de reproches :
" Vous n'êtes jamais là pour moi. Vous passez votre temps à me dire ce que je dois faire, ce que je ne dois pas faire en essayant de me transformer en ce que vous êtes. "
Il n'y a pas de meilleure joie "professionnelle" que celle ressentie lorsque, des années plus tard, je les recroise, épanouis, bien dans leur peau et dans leur tête. Parents à leur tour, ils ont compris la responsabilité et la galère que cela leur incombe.
Et moi dans tout cela ? Mère très jeune, j'ai été un peu prise au dépourvu par ce cadeau de la vie. Alors j'ai mélangé force et sagesse, vérité et désir, dévouement et égoïsme, respect et orgueil, tolérance et autorité.
Trop d'autorité peut-être parfois. Mais j'étais sous un mauvais sort !
P.S.- Puisque vous êtes mes amis, je vous livre aussi la formule magique qui, apparemment, a la vertu de refaire les liens brisés :
"Fate can be changed
Look inside
Mend the bond
Torn by pride"
12:37 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : brave, rebelle, movie, the proclaimers
18/11/2012
de fil en aiguille
Chers vous tous,
Il y a si longtemps !
Par paresse, par lâcheté, par renoncement, par lassitude, par manque d'envie ?
Pourquoi ? Je ne le sais pas très bien moi-même; ou si, mais je préfère le taire.
Car, comme disait mon cher F.Dard, "depuis le temps que l'on se pratique, on a fini par bien se connaître,
l'univers on se l'est enfin mis au point, et on a une façon bien à nous, maintenant, de se parler et de se comprendre".
Mais ce qui est le plus important, c'est la constance avec laquelle certains de vous m'écriviez, me faisiez signe pour me dire que vous étiez plus forts que mes sileces, que mon éloignement de cet espace n'affectait pas la tendresse que vous gardez pour moi, que vous ne vous résigniez pas à m'oublier, certes, FB a facilité aussi une autre forme de contact, moins élaboré, mais pas moins vrai pour autant.
Admirables amis ! Par cette force, par cette patiente obstination, cette inépuisable indulgence qui presque toujours me fait défaut. J'ai l'air d'une égoïste par rapport à toutes ces marques où j'ai puisé un grand réconfort, engourdie comme je l'étais dans une douce torpeur. Moi qui redoute l'isolement, l'incommunication ! J'ai la trouille de sombrer dans l'abîme de mes propres pensées au point de ne plus ressentir le besoin de les partager.
Il est vrai que les blogs déclinent. Du moins, c'est mon ressenti. Certains de vous ont changé de maison, de ville, de vie. Ont abandonné leur blog pour ressurgir ailleurs. Quand un blogueur se tait, je préfère l'imaginer heureux, épanoui. J'avoue, dans cet espace dit virtuel, c'est, paradoxalement, l'assiduité qui m'effraie, pas le silence. Surtout si je le devine comblé.
Moi-même, quand j'aurai fini cette note, je n'aurai rien dit ou si peu. Il n'importe. Les mots, de nouveau, auront des ailes de "mon écorce à votre coeur".
14:23 Publié dans Blog, Rencontres, silences | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : blog, pink floyd, frédéric dard