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13/03/2010

lu lis liras

Je réponds enfin au tag de Léna de la petite crevette. C'est long, car lorsque j'aime je prends mon temps. Mais vous avez le droit de zaper ; )

 

J'ai commencé à lire à l'âge de 4-5 ans. Par procuration, bien évidemment. Ce fut la voix de ma mère qui, la première, me fit découvrir les contes et éveilla ainsi ma curiosité et ma capacité à l'émerveillement. A force de les entendre répéter, je les connaissais par coeur et je la reprenais à chaque fois qu'elle essayait de sauter les lignes. Je n'hésitais pas à la bousculer lorsque, de fatigue, le livre lui tombait des mains.

Plus tard, lorsque l'on allait "en ville", je choisissais toujours un bouquin, alors que mon frère jettait son dévolu sur des soldats et des voitures qu'il cassait le lendemain.

On trouvait difficilement de bons livres pendant le communisme, mais ma mère avait du piston auprès du libraire et en achetait par piles. Je brûlais de rentrer pour me réfugier dans ma chambre avec les nouvelles acquisitions. Et là, vautrée dans mon lit, j'en prenais un, j'effleurais la première de couverture, l'approchais pour en respirer l'odeur d'encre, l'ouvrais enfin pour m'y plonger pour des heures et des heures, jusqu'à ce que mon père se pointe et me couche de force.

A l'âge des premiers émois, cette évidence s'imposa donc à moi: j'avais trouvé mon amant idoine.

J'ai dévoré ainsi, trop tôt peut-être pour les comprendre, Zola, Maupassant, Balzac, Dostoïevski, Tourgheniev, Tolstoï, les auteurs de la "bibliographie obligatoire", les poètes, mais aussi les polars d'une écrivaine roumaine qui avait donné naissance à Mlle Mélanie, une adorable criminelle en série, aux joues rosies et au col de dentelle et qui feignait la pudeur. Amusée par sa façon d'agir, j'avais envie de dire à l'enquêteur : "Voilà ce que l'on peut faire avec des mots. Ce petit bout de femme vous mène par le bout du nez et vous ne voyez rien".

Je me rendais compte de l'étonnante puissance de la littérature, au charme de laquelle j'ai succombé irrémédiablement.

Au lycée, on n'avait  la permission de sortir que le samedi. Un ciné, un gâteau, un bouquet de fleurs et un livre, voilà la destination de mon argent de poche.

Peu à peu, arriva le temps des auteurs au style plus précieux, ampoulé, de la littérature fantastique de Eliade ou de cet auteur difficile, misanthrope, renfrogné qui a toujours fui l'éclat des projecteurs, le bruit des trompettes, je parle de Cioran. Mais quel esprit, quelle profondeur, quelle précision de la pensée, des textes d'une densité telle qu'on ne saurait envisager d'en retirer un mot sans le trahir.

Vint le temps des dicos et des lectures en français, histoire de me rendre compte par moi-même si les traducteurs les ont bien servis.

Vint le temps des auteurs à la mode en France et ailleurs et dont mon éternel ami, JL, m'envoyait les livres, assortis de ses commentaires qui me laissaient admirative de son intelligence et de son esprit critique. Des histoires d'où émane un parfum de jadis, rassurant comme l'odeur des armoires à linge de nos grand-mères, cette odeur de lavande et de moisissure, de propreté et de blancheur, et que je lis tantôt souriante, tantôt les yeux embués et le ventre noué.

Des souvenirs d'enfance et d'adolescence font souvent surface lors de la lecture, véritable catalogue de petites nostalgies.

Lecture sans prétention et qui risque fort de tomber dans l'oubli. D'ailleurs, il y en a que je ne relirai jamais. J'ai même pensée à les offir à mes potaches, car mon combat actuel, la mission que je me suis moi-même assignée et de FAIRE LIRE, mais je crains que si je les présente comme de menues récompenses, ils ne me rient au nez. Quoi ! De la lecture ! Quelle idée saugrenue ! Elle ne pouvait sortir que de la tête d'un prof !

Comment je lis donc. C'était, en fait, la question et il me semble que ces digressions (vous en avez l'habitude), m'ont éloignée de ce dont j'avais commencé à vous entretenir.

Toujours dans l'intimité, en silence ou avec une musique en sourdine.

Presque toujours dans mon lit.

Allongée sur le côté ou adossée contre l'oreiller. D'ailleurs, il ne sert qu'à ça, car pour dormir, je préfère le creux d'épaule de mon amant.

Jeune, j'avais une aptitude obstinée à la lenteur, j'étais déjà douée pour l'attente.

A présent, je ressens  comme une sorte de fièvre qui me parcourt à l'idée de ne plus avoir le temps de tout lire, ces écrivains que je croise sur vos blogs ou dans des extraits à l'usage des élèves. C'est frustrant , et c'est pourquoi il m'arrive de lire 2-3 livres en même temps.

Et bien que la lecture n'apporte pas toujours réponse à  mes questionnements, elle permet à mon esprit de vagabonder, comme disait un cher ami.

"Dieu préserve ceux qu'il aime des lectures inutiles" pensait Baudelaire.

Alors que Jacques Perry, dans "L'île de l'autre" nous livre une analyse très pertinente sur la façon d'appréhender une personne en étudiant sa bibliothèque (je serais un piètre exemple).

"La vie n'est pas dans les livres", disait un ami de jeunesse.

Il n'avait que partiellement raison, car le livre offre souvent le récit d'une vie, vécue ou rêvée.

Parfois, dans le silence de la nuit, j'entends une voix surgir du lointain et je sens une main se promener dans mes cheveux et mélanger les lignes sur la page... Je m'évade et je m'endors sereine...

Voilà. La suite sur la façon d'écrire bientôt...

A ceux qui ont eu le courage de me suivre jusqu'ici, je souhaite une bonne lecture, en attendant la prochaine livraison comme on disait des feuilletons publiés dans les journaux au XIXème siècle.

Je vous embrasse.

 

Et je tague Ed, l'homme au bois dormant, Bérangère, Chriss, arachnée, Lancelot et ksénia.

 

J'attends impatiente le plaisir de vous lire : )

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Ouffff.... ça va être difficile.... comment je lis / ai lu / lirai....? Ca me paraît terriblement intime, à raconter, ça !

Mais d'un autre côté, tu tombes bien, car voilà assez longtemps que je n'avais plus été tagué, et j'en avais envie.

Maintenant, il s'agit de relever le défi... Ca gamberge, ça gamberge, à Camaalot ! Laissez moi quelques jours pour me recueillir, Dame Dana... En attendant, je vous baise le bout des doigts. ;-)

Écrit par : Lancelot | 14/03/2010

Vu la qualité de tes écrits cela va être difficile... je vais y réfléchir..
bonne journée Dana

Écrit par : Arachnée | 14/03/2010

Quelle belle histoire d'amour avec les livres...
Bon Dimanche Dana

Écrit par : hélène | 14/03/2010

Pour toi je vais essayer de me rappeler du temps où j'étais accro à la lecture !

Écrit par : Ed | 14/03/2010

Merci d'avoir pensé à moi. C'est vrai que je suis une lectrice acharnée qui dévore plusieurs livres par semaine. En ce qui concerne ce "tag", je me suis déjà pliée de bonne grâce à cet exercice, il y a un ou deux mois. Je vais te rechercher le lien dans mes archives.

Tu sais que j'aime toujours autant ta façon de coucher les mots ? Un régal de te lire à chaque fois !

Bises pleines de soleil :-)

Écrit par : ksenia | 14/03/2010

j'ai lu tout ton texte Dana... tu es une fille épatante... très cultivée... et cela ne m'étonne pas que tu te sois nourrie de tant de livres durant ton enfance... et puis après, et encore... et tu en fais bénéficier tes élèves... j'aimerais bien revenir en arrière... maintenant je sais.... mais j'ai beaucoup de retard, et je n'arriverai jamais dans ma vie à acquérir beaucoup plus de connaissances...
Bises Dana... je suis contente de te connaître

Écrit par : loula | 14/03/2010

Baudelaire oui, Cioran...Moins ! Maupassant, à la folie....3une vie" je l'ai lu cinq fois !

je t'envoie mon adresse

Bonne semaine ma belle

Écrit par : Bérangère | 14/03/2010

Je suis toujours épatée par ce gout démesuré des mots
Lire , écrire , dans plusieurs langues ....

Tu m'as redonné l'envie de lire , differement
Tu as répondu à ce tag PASSIONNEMENT !!!!

bises ma Dana , j'aime tes mots , je ne m'en lasse pas

Écrit par : Jeanne | 14/03/2010

J ai vibré en te lisant: Tout d abord j ai souris lorsque tu as dis qu il n y avait pas grand chose dans les librairies sous les communistes! J ai pu constater, il y avait des livres a la gloire de chaosescu(?) du parti communiste, tout de l autosatisfaction. Combien de fois n ais je pas acheté des livres pour les Roumaines a l université, et je suis sure qu ils sont passés dans beaucoup de mains. Je me rappelle aussi avoir rencontré des gens trés cultivés qui avaient énormément lu, et leur conversation était pour moi une source d admiration, surtout quand c était des Femmes.
J achéte plutot des livres d occasion, car j ai de telles lacunes dans ma culture littéraire, que finalement, cela n a pas d importance si je lis Germinal ou le Pere Goriot.
Bonne soirée Latil

Écrit par : Latil | 14/03/2010

Les livres permettent de grands moments d'évasion, ou l'on peut ressentir d'intenses moments de joie ou de peine.
Je n'ai jamais spécialement lu des romans de grands auteurs style Balzac, Dumas etc...probablement à tort et pourquoi ne pas rattraper ce retard....
Il existe tant de grandes histoires, d'ouvrages à lire qu'une vie est bien peu...

Deux romans de Kazuo Ishiguro qui m'ont particulièrement marqué et que je cite toujours :Les Vestiges du jour et Quand nous étions orphelins...
Mais il y a aussi un auteur qui écrit des nouvelles ou plutôt des articles que j'aime bien lire....
Qui ?
Heuuu, Dana je crois qu'elle se nome
Bisous et bonne nuit...

Écrit par : JanSheng | 14/03/2010

C'est vrai que c'est un régal de te lire et qu'on voudrait que cela ne s'arrête pas ! Je comprends mieux ton amour des mots en lisant tes premières lectures, ta façon de lire et tout et tout. On a envie de se laisser prendre par la main et de parcourir ton univers à ton pas.
Coquine qui m'a taguée à mon tour ! Je sais pas pourquoi mais j'étais sûre que j'allais être dans la liste... Tite curieuse va !
Là je débarque sur mon île après dix jours à Paris, séjour fait de petits bonheurs et de grandes tristesses aussi. Comme la vie. Je vais essayer de répondre à ton tag, dès que j'ai un bon moment...
Demain je retourne au boulot, la vie continue.
Je t'embrasse douce Dana
Chriss

Écrit par : Chriss | 15/03/2010

Lancelot > Allez, chevalier, le blog est déjà plus ou moins intime, selon la volonté , l'envie de chacun. Et je retiens que tu aimes les tags, je ne manquerai pas de t'en refiler la prochaine fois. Le bout de mes doigts sourit. Bisous.

Arachnée > On n'est pas en compétition, c'est juste pour le plaisir de se découvrir autrement. N'oublie pas, tu as éveillé l'envie de lire certains bouquins qui sont déjà sur ma liste . Bises.

hélène > Une de celles où, sans peur aucune, on peut mettre toute sa confiance. Bonne journée.

Ed > Merci, et surtout ne laisse pas l'EN l'emporter sur les loisirs ; )

ksénia > C'est pas grave, je te "garderai" pour la suite, sur la façon d'écrire. Merci pour tes mots, ton blog est pour moi un ballon d'oxygène.
J'ai reçu les rayons de soleil : )

l'homme au bois dormant > J'ai lu, merci de vous être plié au jeu.

Écrit par : Dana | 15/03/2010

loula > Merci pour la patience, je suis parfois trop prolixe, je le sais. C'est vrai, une de mes joies c'est lorsque, à la fin du cours, un élève vient vers moi et me demande si je peux lui prêter le livre. Je n'aurai pas parlé en vain... Tes voyages en images sont magiques et ramènent aussi vers un monde d'insouciance. Gros bisous.

Bérangère > Cioran, encore moins depuis que plusieurs jeunes roumains se sont suicidés après avoir lu ses bouquins. Maupassant, comme toi, et j'ai souvent pensé à la réplique finale "Vous savez, Madame, la vie n'est jamais ni si heureuse, ni si malheureuse que l'on croit. "

Belle semaine ensoleillée à toi aussi, je prépare l'enveloppe ; ) Bisous.

Jeanne > On a au moins un livre en commun, toi et moi...malgré mon apparence sage, je bouillone, souvent, de passions, c'est vrai ; )
Et j'aurais aimé, comme toi, avoir aussi des mains d'argent, si habiles.

Belle journée, ma Jeanne, je t'envoie des bisous et des pensées ensoleillées.

Latil > Je me doutais de ce que tu avais connu la fièvre des Roumains pour se procurer tel ou tel bouquin, je me souviens les "listes d'attente" pour " Le Magicien" et "Le Shôgun".
Pour avoir écrit "Femmes" avec majuscule, je t'embrasse sur les deux joues.
Amitiés.

JanSheng > Pour Dumas, je crois que c'est un peu tard, c'est plutôt une lecture d'adolescence, par contre, Balzac, ne cessera de nous envoûter.

Mes deux incontournables de Kazuo Ishiguro sont " Never let me go" et " The Remains of the Day" (je ne sais pas quelle est la traduction française, Les Vestiges du jour, je crois ) , j'ai aussi aimé le film avec A. Hopkins et E. Thompson, deux personnalités incernables et discrètes, protégeant leur intimité . Merci pour le sourire, bisous et bonne journée.

Chriss > Merci, fleur de l'îlet, te voilà revenue. J'ai hâte que tu me racontes tes joies et tristesses. Très souvent mes mots sont inspirés par vos humeurs, vos coups de coeur, qui donnent des envolées à mon imagination tel le meilleur des bouquin.
Je te serre fort, bisous.

Écrit par : Dana | 15/03/2010

Je t'ai lu d'une traite ! J'ai bu des mots comme du petit lait...Oh Merci Dana d'avoir répondu à ce tag...superbe !

Écrit par : léna | 15/03/2010

D'un bout à l'autre, te lire et toujours avec plaisir : -) court ou long n'y change rien. bises ma belle roumaine

Écrit par : Bougrenette | 15/03/2010

Moi aussi j'ai répondu à ce tag, il circule beaucoup en ce moment

Écrit par : papillote | 15/03/2010

"Jeune, j'avais une aptitude obstinée à la lenteur, j'étais déjà douée pour l'attente"...
Tout comme :)
Mon père m'a donné l'envie de lire mais c'est surtout une femme professeur de Français et d'Anglais qui m'a fait aimer, aimer les livres, je t'imagine comme elle, donner l'envie....
Le courage d'aller jusqu'au bout, tu me fait rire !!!!!
Je t'embrasse et je continue à lire... Mais aujourd'hui, des blogs , rien que des blogs....

Écrit par : Virginie | 16/03/2010

Ca y est Dana. J'ai donc beaucoup pensé à toi ce matin.

Écrit par : Ed | 17/03/2010

léna > Merci à toi plutôt de m'avoir tagué et donné ainsi l'occasion de parler d'un de mes plaisirs indélébiles.

Bougrenette > Tu le sais bien, on a beau essayer de changer le naturel prends le dessus ; ) Je t'embrasse.

Virginie > Oui, je suis une tortue aussi... je marche doucement et je valse lentement jusqu'à ce que... Donner envie... c'est vrai que cela ne me réussit pas à tous les coups, mais de temps en temps je lis dans les yeux de certains élèves comme une sorte de connivence, cela me rassure.
Que des blogs ? J'ai du mal à le croire quand même.

Bisous et pensées.

Ed > I read. Je t'ai imaginée petite avec tous ces bouquins et ces héros qui me sont, hélas, inconnus.

Écrit par : Dana | 18/03/2010

quel plaisir de lire tous tes mots, toujours si pesés et précis, multiples et précieux. waouhhh.... Dana tu es notre plus digne Académicienne française. merciiiii et bises.

Écrit par : charles | 19/03/2010

charles > Calme down, mon égo va devenir flamboyant ! Mais ce n'est pas un secret, j'aime le français et j'essaie de le porter avec panache, sans togue ni tapis rouge : ) T'es rentré ? Bises.

Écrit par : Dana | 20/03/2010

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