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27/01/2015

et surtout ne jamais l'oublier...

" Notre premier geste d'hommes libres fut de nous jeter sur le ravitaillement. On ne pensait qu'à cela. Ni à la vengeance, ni aux parents. Rien qu'au pain. 
Et même lorsqu'on n'eut plus faim, il n'y eut personne pour penser à la vengeance. Le lendemain, quelques jours gens coururent à Weimar ramasser des pommes de terre et des habits-et coucher avec des filles. Mais de vengeance, pas trace. [...]
Un jour je pus me lever, après avoir rassemblé toutes mes forces. Je voulais me voir dans le miroir qui était suspendu au mur d'en face. Je ne m'étais pas vu depuis le ghetto. 
Du fond du miroir, un cadavre me contemplait.
Son regard dans mes yeux ne me quitte plus." (Elie Wiesel- La nuit)

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18/01/2015

work in progress (2)

 

Il était assis au bout du canapé et était en train de contempler Sarah assise à l’autre bout. Il écoutait d’un air distrait Sarah parler de leurs collègues,  il était occupé à admirer, sous la lumière tamisée, les mimiques de son visage si agréables, si douces, les mouvements de ses mains osseuses,  ses genoux cachant ses jambes repliées sous son torse recourbé dans le canapé. Il contemplait dans un état d’hypnose ce panorama mouvant qui ondulait devant ses yeux et l’attirait vers lui avec une force irrésistible comme la lumière absorbée  par un trou noir ; il avança le torse vers Sarah, mit sa main sur  son avant-bras et dit : - Sarah ?

 

Sarah continua de prononcer encore quelques mots tout en le regardant. Son visage s’enquit : que veut-il dire ?

 

-Sarah ? Il le redit sur un ton nonchalant. Sarah arrêta de discourir, son visage arqué en un point d’interrogation. Ils se regardèrent. Un instant s’écoula, un siècle passa. Ils s’approchèrent l’un de l’autre. Leurs lèvres se touchèrent, s’unirent, se mordillèrent. Keyvan sentit le parfum de Sarah, il la prit fort dans ses bras et sentit ses osselets, son corps si fragile contrastant avec le caractère dur de cette fille. Il toucha ses omoplates et il glissa ses doigts dans les cheveux de Sarah, il les tira détestablement. Ce baiser interminable, cette alliance colorée de tous les sens : le toucher, l’odorat, le goûter figea le temps: les instants s’envolèrent, les siècles passèrent. Ils se touchaient, ils se découvraient de nouveau, autrement, les mouvements des caresses suivaient une parfaite harmonie non exercée, venant d’un instinct existant ou créé chez eux. Les instants, les décennies passaient…

 

…Ils  perdirent haleine, de ce baiser sempiternel, de cette union infinie et en même temps éphémère. Ils se regardèrent un instant. Ce regard gêna Keyvan ; l’heure n’était pas à la besogne des yeux mais à celle des membres  et de la peau, du toucher, de l’ouïe et de l’odorat…  Il posases lèvres sur le manubrium osseux de Sarah. Elle caressa les joues de Keyvan ; il posa sa tête sur sa poitrine et ferma les yeux. Sarah commença à  lui cajoler la tête et la serra contre elle. Elle avançait ses doigts dans ses cheveux et fouillait d’une dynamique calme et régulière. Keyvan entendait les battements de son cœur, il était juste sous son oreille.  Il n’y avait qu’un parapet, un os fragile et mince, qui le séparait de l’extérieur. Cette pensée attendrit davantage Keyvan. Il glissa ses bras autour de son torse et la serra. Elle s’allongea sur le canapé. Ils prirent une position plus confortable et restèrent comme cela, dans le silence, enveloppés dans la lumière tamisée du salon, coupés du monde : pas le moindre bruit de l’extérieur, pas le moindre mouvement, donc pas de temps, pas de dimension. Rien, néant, que lui et elle…

 

Sarah bougea, une minuscule impulsion. Keyvan mit sa main sur sa poitrine, il n’avait envie de rien d’autre, il n’avait pas envie de Sarah. Son sentiment pour Sarah était beaucoup plus important, de telle sorte que tout autre chose pâlissait. Il ne voulait pas aller plus loin. Ce fut tout, ce fut le néant et l’être : l’éternité. Rien d’autre.

 

 

 

 

12/01/2015

work in progress

C'est l'histoire d'un amour à l'épreuve de tout, à travers la rencontre d'une jeune israélite et d'un jeune homme iranien qui font fi de tout un système d'arrière-pensées et de préjugés dans un monde de plus en plus endurci et violent. Cette rencontre ponctué de sauts d'humeurs, d'hésitations et un brin d'humour, engendrera un amour unique, vainqueur des interdits et des dogmes de tout ordre et destiné à perdurer. 

"-Sarah, arrête de me torturer. J’ai envie de vivre avec toi, si tu savais combien de fois j’ai imaginé et que cette imagination m’emmenait dans un état de transe, que je vis avec toi, que je t’attends quand tu rentres à la maison, ou c’est toi qui m’attends,  qu’on est assis ensemble sur le canapé et qu’on regarde la télé, qu’on mange ensemble, que tu mets la table et que moi je lave la vaisselle, que toi,tu fais le café,  que tu es allée faire pipi aux toilettes  et moi, mort d’envie d’entendre le bruit de ton pipi, je mets mon oreille sur la porte des toilettes, que tu dors et moi, je te regarde respirer, je te caresse des yeux , que je  vois les regards des collègues quand on est ensemble, quand on entre ensemble au bureau et moi je suis fier que tu m’appartiens, que je sens tes vêtements quand tu n’es pas là, que j’embrasse tes chaussures qui ont gardé la poussière et l’odeur de ton pied  et que je regarde avec admiration et un sentiment que je peux pas expliquer  l’assiette dans laquelle tu as mangé, que j’entends le bruit de ton nez quand tu te mouches, le bruit de l’eau quand tu es sous la douche, que je te  regarde quand tu sèches tes cheveux , quand tu fais des courses, quand tu coupes tes ongles, tu te rends pas compte combien de fois j’ai imaginé tout ça dans mes nuits de solitude, dans les nuits où tu me manquais, tu me poursuivais jusqu’au fond de mes rêves, je passais des nuits blanches et tout cela…

Il vit un sourire confus s’asseoir sur les lèvres de Sarah. Il soupira.

-et ce n’est pas tout, j’adore quand tu es vexée, quand tu es fatiguée, quand tu es contente, quand tu es sérieuse, quand tu parles, quand tu te tais, quand tu te prélasses, quand tu marches, quand tu travailles devant ton ordi quand… tout,  tout chez toi ; j’aime tout chez toi ;  tu es un univers dans lequel je suis facétieusement perdu, un univers immense et incommensurable comme l’univers sans limites…

- Arrête, arrête ton baratin, sourit Sarah.

-C’est pas du baratin, je t’assure, je te jure, et puis ce n’est pas tout, j’ai envie de toi. J’aime ta sensualité envoûtante, tu me troubles, tu me fascines, j’aime te faire l’amour longtemps, délicatement ou avec fougue, et mes émotions sont indescriptibles, j’aime sentir le grain de ta peau, ton corps, tes doigts et tes pieds fins qui m’enserrent, ça va bien au-delà de l’attraction physique, c’est, je dirais, peut-être un acte spirituel.

Il y eut un silence. Keyvan était ému et tremblant, il guettait Sarah du coin de l’œil, suspendu à ses lèvres, mais elle fixait un point lointain sans le regarder. Il l’arracha à ses songes :

- Si ce n’est pas l’amour, tu me diras c’est quoi ?

Sarah ne broncha pas, toujours enfermée dans son mutisme.

- Je voulais être sûr, je voulais m’éloigner malgré moi pour réfléchir, pour regarder en face mes sentiments, pour comprendre si vraiment tu es …si je t’aimais vraiment. Je suis désolé. J’aurais coupé court si ce n’était pas le cas. Mais non, ton souvenir était tenace, il me hantait… j’ai compris que je t’avais à tel point dans ma peau que c’était inutile de me débattre davantage, je t’aime, je t’aime, Sarah, d’un amour irréductible, absolu. Je ne savais pas ce qu’est l’amour. Maintenant je sais, je le sais. 

Sarah demeura pensive et silencieuse, préoccupée même.

- et puis, continua-t-il,  il y avait  ces conneries comme tu dis ; ta famille, ma famille, cette distance culturelle, l’histoire des Juifs, des musulmans, l’Iran, l’Israël….. Mais je m’en fous  de tout ça,  c’est pas mon problème,  au diable la guerre, au diable l’extrémisme, au diable,  au diable …

- Arrête, ne recommence pas, ça me plaît pas, lui coupa Sarah.

-OK, OK, comme tu veux, mais Sarah,  tu  peux  pas savoir à quel point tu m’as manqué.

Sarah fut complètement attendrie, elle abandonna son attitude guindée et le regarda pour la première fois depuis qu’ils s’étaient assis.

Elle lui tendit la main, il s’en empara, la porta à sa tête, en inspira l’odeur et embrassa le creux de sa paume. Elle ferma les yeux.  " 

 

 

 

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08/01/2015

the pen is mightier than the sword

liberté